L'industrie, c'est notre destin  !

Par Bernard Carayon, député UMP du Tarn, membre du conseil d'orientation du Fonds stratégique d'investissement.

L'appel récent de cinquante dirigeants économiques à la Commission européenne en faveur d'une politique industrielle rejoint la volonté du président de la République, à travers les états généraux de l'industrie, de nous "redonner une ambition industrielle nationale".

Jamais l'industrie n'a mobilisé autant de talents ni connu une telle crise : recul de l'emploi, recul de nos entreprises en Europe, faiblesse de l'investissement, de l'innovation, des exportations, grande sensibilité à la question des parités monétaires, incapacité à conquérir "en meute" les marchés mondiaux et à peser dans les instances internationales de normalisation. Pourtant l'industrie est notre destin : elle est le sens de la recherche, la vitalité de nos territoires, la meilleure chance d'emploi pour les salariés sous-qualifiés, parfois la matrice de nos indépendances straté- giques.

L'appel de ces dirigeants est un appel au secours, parce que la Commission européenne, en tournant le dos à toute politique industrielle, a tétanisé l'action des États et fait de notre territoire économique le seul au monde qui soit aussi ouvert et offert.

L'effondrement du bloc soviétique avait unifié le marché mondial par la libre circulation des hommes, des idées, des capitaux et des technologies. Mais, tandis que toutes les grandes nations s'efforçaient de protéger leurs entreprises, de les accompagner sur les marchés, de créer à leur profit des réseaux d'influence dans les organisations internationales, la Commission européenne ne s'est attachée qu'à libéraliser notre marché sans instaurer de garde-fous.

La crise financière a eu raison de ceux qui, comme l'ultralibéral Pascal Salin, prédisaient que "la mondialisation, si elle contribuait effectivement à la destruction des États nations, serait un bienfait pour l'humanité". Le commerce international n'est pas animé par les bons sentiments et le respect des principes énoncés par les pères et les enfants du libéralisme...

Il ne reste plus que l'Etat quand le marché ne marche plus ! C'est à lui qu'il revient de donner du sens quand les économistes perdent le sens commun ; c'est à lui de garantir la cohésion sociale quand le marché entretient des rentes inacceptables ; à lui encore de définir nos intérêts stratégiques, de conjuguer nos talents et de transformer des avenirs individuels en destin collectif.

La mondialisation marque le retour des Etats, des nations, du volontarisme politique et de l'industrie. La crise financière a réveillé les consciences européennes. C'est d'Europe, grâce au président Sarkozy, qu'est née la réaction envers un collapsus financier annoncé. C'est en Angleterre que l'ex-commissaire européen Mandelson s'est déclaré favorable aux aides d'Etat au bénéfice des technologies à haute valeur ajoutée et du secteur des énergies renouvelables.

La crise financière a mis en lumière l'absence d'idées et la paralysie de la technocratie bruxelloise. Les rapports de force, longtemps favorables à celle-ci, se sont inversés : aux hommes politiques d'Europe de reprendre la main.

Nicolas Sarkozy nous a habitués en France à briser les tabous : celui de la concurrence à la bruxelloise doit être le prochain. C'est d'Europe que doit prévaloir la notion de réciprocité qui nous permettra de lutter à armes égales avec nos concurrents déloyaux, opaques et agressifs. Ce sont nos nations industrielles européennes, qui doivent identifier les activités stratégiques à défendre et promouvoir bec et ongles dans la guerre économique mondiale.

Si l'on veut donner un nouvel essor à l'Europe, si nous voulons humaniser la mondialisation, c'est bien en développant un modèle industriel commun, respectueux de l'environnement, de l'éthique et de nos indépendances stratégiques. L'industrie, c'est notre destin.

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Commentaire 1
à écrit le 17/02/2010 à 8:49
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" La crise financière a eu raison de ceux qui, comme l'ultralibéral Pascal Salin, prédisaient que "la mondialisation, si elle contribuait effectivement à la destruction des États nations, serait un bienfait pour l'humanité". " Outch =/ quel rapport...

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