Pas de sortie de crise du G7 sans réévaluation du yuan

Alors que les effets sur la conjoncture de la création monétaire et des soutiens budgétaires s'épuisent, les pays du G7 ont un besoin aigu de relancer leurs exportations. Barack Obama, qui veut doubler les exportations américaines en cinq ans, va tout faire pour obtenir une franche réévaluation du yuan. Il est capital que le Royaume-Uni, le Japon et la zone euro soutiennent Washington dans son bras de fer avec Pékin.

Les pays du G7 sont entrés dans une récession majeure en juillet 2008 pour en sortir autour de juillet 2009. Mais la crise du G7, elle, avait éclaté dès juin 2007. Et elle n'est toujours pas surmontée.

La sortie de la récession a reposé sur deux artifices majeurs, l'un monétaire et l'autre budgétaire. Le premier, c'est la création monétaire par l'Etat britannique puis l'Etat américain (1.725 milliards de dollars entre mars 2009 et mars 2010). Le deuxième, ce sont des déficits budgétaires massifs, en 2010 comme en 2009 (13% du PIB au Royaume-Uni, 10% aux Etats-Unis, 8% en France...). Or, ni l'un ni l'autre ne peuvent être reconduits.

Premier artifice. Lorsque, en mars 2009, l'Etat américain commença à créer massivement de la monnaie, la Chine réagit, en lançant une campagne très virulente contre la politique américaine. Résultat : le 3 décembre 2009, l'euro valait 1,51 dollar contre 1,26 le 9 mars ; l'once d'or grimpa à 1.207 dollars contre 922 dollars ; et le baril flamba à 76,5 dollars contre 49,6 dollars au début mars. Les Etats-Unis reculèrent, en confirmant en décembre l'abandon de la création monétaire massive à compter de mars 2010. L'Etat britannique suivit.

Second artifice. Les sagas récentes de la Grèce et du Portugal viennent signifier à l'Espagne et à l'Italie mais aussi au Royaume-Uni, à la France et même à l'Allemagne, au Japon comme aux Etats-Unis que la limite pour leur dette publique (nette de leurs réserves de change) n'est pas 220% du PIB comme on le pensait à tort mais bien plutôt 130% du PIB. Cela va les obliger à résorber très vite leurs déficits budgétaires colossaux.

Déjà très décevante au regard des moyens mobilisés, la reprise du G7 devient maintenant très vulnérable alors que les deux tuyaux par lesquels arrivait l'oxygène vont être coupés. Dès lors, pour éviter une rechute, l'administration Obama a décidé de relancer un moteur qui avait beaucoup ralenti : doubler les exportations des Etats-Unis en cinq ans. C'est effectivement le seul moyen véritable par lequel les Etats-Unis, mais aussi l'Europe, peuvent sortir durablement de leur récession sans s'exposer à une crise de leurs finances publiques. En clair, les pays du G7 doivent enfin s'attaquer à la cause profonde de la crise de 2007 : leur déficit extérieur colossal et récurrent à l'égard de la Chine.

La crise du G7 couve en effet depuis la fin 2001, quand la Chine entra à l'OMC avec un régime de change et une parité de change extrêmement avantageux pour elle. Ce régime lui permet de s'emparer très vite de segments entiers du marché mondial : habillement, chaussures, jouets, électroménager, ameublement, ordinateurs, appareils électroniques, pièces automobiles.

En toute logique, la désindustrialisation brutale du G7 aurait dû se traduire par une récession dès 2004. Or, ce ne fut pas le cas. Un faux magicien, M. Greenspan, réussit à convaincre les Etats-Unis et le G7 qu'ils pouvaient compenser un yuan trop bon marché par des taux d'intérêt maintenus historiquement bas. Et compenser leur désindustrialisation par une expansion prolongée de leur production immobilière. La seule chose dont la Chine ne peut s'emparer, ce sont nos terrains à bâtir. Chacun s'engouffra dans un boom de la construction immobilière : logements, bureaux, centres commerciaux, hôtels, stations balnéaires...

Entre 2002 et 2007, la recette semble fonctionner. Même si dès 2006, il faut aller chercher des ménages non solvables pour alimenter le marché américain du logement. En juin 2007, la crise éclate, désavouant M. Greenspan : dans le G7, les ventes puis la production et les prix de l'immobilier se retournent brutalement tandis que la production manufacturière reste délabrée. Ce sera la récession franche entre mi-2008 et mi-2009.

Pour atteindre son objectif d'exportations, M. Obama doit urgemment obtenir une réévaluation considérable du yuan. La parité de pouvoir d'achat calculée par la Banque mondiale se situe à 3,40 yuans pour 1 dollar quand la Chine impose 6,83. En clair, il faudrait une dévaluation non réversible de 50% du dollar contre yuan. Ce qui entraînerait une dépréciation tout aussi définitive de l'euro, du sterling et du yen contre yuan. Alors que les Etats-Unis semblent enfin vouloir engager le fer avec la Chine pour obtenir la réévaluation du yuan et le rééquilibrage de leur commerce, espérons que, le moment venu, ni le Royaume-Uni ni le Japon ni la zone euro ne marchanderont leur soutien aux initiatives américaines.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 08/04/2010 à 11:07
Signaler
Ratana, aucun de tes arguments n'est crédible. Quand on achète de textile en chine, on achète des CNY pour le payer et ceci aurait du faire monter le CNY progressivment depuis vingt ans. Pour l'éviter le pouvoir en place vends ses yuans et achète des...

à écrit le 30/03/2010 à 21:10
Signaler
Comme au mi-XIXè siècle, la Chine fait l'objet de pression d'ouverture de la part de: les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l'Allemagne et la France (=la zone euro) . Cette fois-ci, les Etats-Unis mènent le jeu. Ce n'est plus l'opium mais la pari...

à écrit le 30/03/2010 à 4:34
Signaler
La Chine est le premier créditeur des USA. Obama n'a aucune marge de manoeuvre. Cette réévaluation du RMB est impossible.

à écrit le 29/03/2010 à 16:49
Signaler
1/Compenser des usines par de l'immobilier est tellement absurde que c'en est incroyable de courte vue. 2/ Une taxe "dumping social" pour imposer aux chinois d' augmenter la part de prestations santé et retraite dans les salaires de nos camarades tr...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.