Obama "remercie" Goldman Sachs

Par Eric Benhamou, rédacteur en chef adjoint à La Tribune.

Goldman Sachs était déjà la banque que l'on aimait détester. La firme ne cesse d'être sur la sellette depuis le début de la crise avec ses résultats arrogants, ses bonus faramineux, sa communication calamiteuse. Le dernier scandale en date risque pourtant d'être beaucoup plus lourd de conséquences. Pour Goldman Sachs et pour Wall Street.

La plainte pour fraude déposée par la SEC s'attaque en effet au fondement même du métier, à savoir la relation entre la banque et son client. Goldman Sachs est suspectée d'avoir vendu à ses clients des produits synthétiques dont elle ne pouvait ignorer le sort funeste, et ce au plus grand profit d'autres clients. Bref, lorsque la banque proclame s'adresser à des "clients sophistiqués", elle omet de préciser qu'elle considère certains clients comme plus sophistiqués que d'autres.

Chacun s'attend désormais à de nouvelles révélations frappant d'autres établissements. De quoi confirmer l'assertion tenace selon laquelle le "conflit d'intérêts" est permanent à Wall Street et élargir encore un peu plus le fossé qui s'est creusé entre le pays et son système financier. Pour Barack Obama, longtemps soupçonné de coupable indulgence à l'égard de Goldman Sachs, l'affaire tombe à pic.

À six mois des élections de mi-mandat, elle légitime avec force sa réforme financière qui s'enlise depuis des mois dans les méandres du Congrès (au passage, le puissant lobby bancaire a vu ses efforts de persuasion auprès des législateurs anéantis en quelques heures). Elle remet même au goût du jour les fameuses règles "Volcker", promises jusqu'ici à un enterrement de première classe.

Le trading pour compte propre, les relations jugées incestueuses entre les banques et les hedge funds et une plus grande séparation des métiers seront à nouveau sur la table. Le scandale constitue enfin un allié de poids pour tous ceux qui dénoncent l'opacité de la finance et souhaitent réglementer plus sévèrement les produits dérivés. Cela tombe bien, un débat capital sur le sujet est attendu dans les prochains jours au Congrès. Barack Obama peut dire merci à Goldman Sachs !

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