La (mauvaise) réputation de Servier

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
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C'est entendu. Les laboratoires Servier sont une entreprise à ce point atypique qu'on ne voit pas comment l'affaire du Mediator, le scandale de ce médicament dangereux, pourrait durablement les déstabiliser. Non cotés, ils ne redoutent pas la sanction de la Bourse. Logés dans un holding néerlandais, ils ne craignent ni une division de leurs actionnaires, ni l'OPA hostile d'un concurrent profitant de leur affaiblissement temporaire. Fabriquant des médicaments, parfois indispensables, ils se savent difficiles à boycotter.

Demain, pourtant, les molécules des laboratoires Servier seront moins aisées à autoriser que d'autres ; les visiteurs médicaux auront plus de mal à les promouvoir ; les médecins, plus de réticences - même informulées - à les prescrire. Déjà, Jacques Servier, le fondateur du laboratoire, a dû suspendre sa participation au Leem, le lobby des entreprises du médicament, et céder la présidence du club des grands laboratoires français.

Pour une entreprise, on sait qu'il est un danger aussi mortel que le risque financier : le risque de réputation. Un risque que le Comité de Bâle, le superviseur des banques, définit comme résultant d'une perception négative des clients, des contreparties, des actionnaires, des investisseurs, des régulateurs. Un risque qui affecte à ce point l'image d'une entreprise (image dont les spécialistes estiment couramment qu'elle représente 60% à 70% de la valeur de la société) qu'il menace ses chances de survie. Le scandale de la pédale défectueuse a fragilisé Toyota, l'affaire du benzène a coûté son indépendance à Perrier, la fraude d'Enron a fait disparaître Arthur Andersen. Pour le Mediator et Servier, le temps nous donnera la réponse. 

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