Avec Google, le nouveau Web passe par l'individu

Par Xavier Paulik, PDG de Tiki'labs.
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Le premier virage effectué par Google n'a pas touché directement les personnes mais tout l'écosystème du Web. Pour la première fois, Google a modifié profondément ses algorithmes de recherche, avec une nouvelle version du moteur de recherche : Panda. Le résultat a été spectaculaire : certains sites aux Etats-Unis ont perdu 90% de leur trafic du jour au lendemain.

Pourquoi ce mouvement risqué ? Google, sous la pression de Facebook, a intégré la dimension "sociale" du Web et tenté d'introduire une dimension plus qualitative à son moteur de recherche. Devant la prolifération d'informations, Google a dû tenir compte de ce tri "naturel" sous peine de perdre en pertinence et, par conséquent, sa place de premier agent de renseignements universel, déjà convoitée par Facebook. Exit donc les sites qui se contentaient de resservir des articles piochés ailleurs sur le Web, Google veut donner la primeur à la source de l'information... avec plus ou moins de succès, car il arrive que la copie de l'article soit plus diffusée que l'original ! Avec Panda, cette dimension à la fois temporelle et personnelle de l'information, que Google avait commencé à introduire avec Twitter, fait désormais partie intégrante de son service. Google+ est le deuxième volet de la riposte de Google à Facebook.

La puissance de Google et la connaissance qu'il a déjà emmagasinée sur nous (via nos contacts gmail, notre navigation Web ou encore l'utilisation de smartphones Android) lui permettent d'afficher une croissance vertigineuse et donnent à chacun la possibilité de reconstituer en très peu de temps son réseau professionnel ou personnel dans le "super-répertoire Google+". La question étant : dans quel but ? Les premiers utilisateurs déçus indiquent qu'ils ne font aujourd'hui que répliquer Facebook et partager leurs informations sur deux médias au lieu d'un. En fait, ce que veut Google aujourd'hui, c'est reconstituer la base de données des personnes ! On peut déjà d'un clic éviter de ressaisir ses données de profils sur de nombreux sites via Facebook Connect ou Google. Demain, un compte Google+ pourrait permettre de passer ou recevoir des appels, faire des paiements, gérer ses comptes, etc., autant d'activités lucratives pour Google, surtout si elles transitent par un mobile... Android !

Cependant, le virage de Google est plus fondamental. En effet, nous accédons à de plus en plus d'informations véhiculées par les personnes : au travers de recommandations via les réseaux sociaux, en suivant les avis sur les produits que nous achetons, etc. De plus en plus souvent, une rencontre physique est précédée par une "prise de contact virtuelle". La connaissance de l'identité de l'internaute et son "e-réputation" sont donc de plus en plus essentielles. Or, il existe peu d'informations "authentifiées" sur nous. Il suffit, par exemple, de taper son propre nom dans Google pour s'apercevoir que les moteurs de recherche comme les réseaux sociaux ne sont pas capables, seuls, de trier la bonne information ni d'en authentifier la source. La tentative de Google est stratégique : se positionner comme le tiers qui authentifie la personne et à qui nous confions nos "vraies" données, qu'il peut ensuite exploiter à sa guise. Au-delà de Google+, il est clair que le "nouveau" Web passera par les individus ! Aujourd'hui, la nouvelle génération de plates-formes ".me" qui émerge permet désormais à chacun d'entre nous d'être son propre producteur et diffuseur de contenu, sous sa propre identité, et de reprendre ainsi la main sur son look numérique en triant et mettant en scène les informations qu'il veut montrer de lui.

Les mouvements de Google depuis cet été dépassent donc la simple riposte à Facebook. Un nouveau moteur de recherche, un réseau social qui tient plus de l'annuaire, la mainmise sur la division mobile et les brevets de Motorola qui pourraient accentuer la domination d'Android... Sous la double pression des réseaux sociaux et du mobile, ne serait-on pas en train d'assister à l'émergence d'une nouvelle génération de l'Internet centrée sur l'individu ? Exit la génération ".com", bienvenue à la génération ".me" !

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