Au Gabon, toujours le suspense autour des résultats de l'élection présidentielle

Le suspense se prolonge et le mystère reste entier. Quatre jours après la fermeture des bureaux de vote, les Gabonais ne savent toujours pas, ce mercredi matin,  qui sera leur prochain président de la république. La proclamation des résultats, dans un premier temps annoncée pour ce mardi 30 août au soir,  n'a pas eu lieu à l'heure prévue (19H, GMT+1).
Ici dans un bureau de vote de Libreville, le président sortant Ali Bongo Ondimba s'est porté candidat à sa propre succession.

La Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap), chargée de la collecte et de la centralisation des votes avait reçu, les procès-verbaux des opérations de dépouillement, acheminés sous escorte militaire vers son siège situé à Libreville. Il devait s'en suivre une séance plénière entre les membres de cette commission avant que les résultats finaux ne soient remis au ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya, qui doit les lire au siège de la Cenap à Libreville.

Seulement, plus de dix tours d'horloge après une plénière débutée tard dans la nuit, les membres de la Cenap, en conclave, n'ont toujours pas rendu, ce mercredi 31 août à 8 h 30 (GMT+1), le verdict des urnes, sans communiquer pour indiquer les raisons de ce retard. Pourtant, un peu plus tôt, elle avait reporté l'heure de début de la plénière, initialement prévue à 17 H, à 19H, par voie de communiqué de presse.

La guerre psychologique s'est poursuivie entre les deux candidats qui se disent tous deux confiants. Si Jean Ping, qui s'est autoproclamé "élu" et appelle ses partisans à défendre sa victoire supposée mais sans manifestation, le président sortant Ali Bongo Ondimba s'est dit "légaliste" et indique attendre les résultats de la Cenap.

 Des ingérences étrangères pointées

 Dans une déclaration à la presse au siège de la télévision gabonaise, mardi dans l'après-midi, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement gabonais, Alain-Claude Billie By Nzé, a pointé du doigt des ingérences étrangères multiples et une tentative de manipulation du processus électoral de son pays.

Dans le viseur du ministre gabonais, les avocats Me Eric Moutet et William Bourdon, accusés de vouloir déstabiliser le pays en publiant de faux procès-verbaux, avant même la publication des résultats. Les avocats français rejoignent sur le banc des accusés, Mamadi Diané, accusé d'apporter depuis l'étranger, son soutien à l'opposant du président sort, Jean Ping.

L'homme, conseiller spécial du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, aurait introduit au Gabon des hackers ivoiriens chargés de pirater les données gouvernementales. Mamadi Diané aurait également suggéré à Jean Ping , lors d'une conversation téléphonique dévoilée dans les réseaux sociaux, de provoquer la démission de certains membres de la Cenap.

"La présidence de la République ivoirienne condamne cet acte d'ingérence et rassure les autorités et le peuple gabonais qu'elle tient au strict respect de la souveraineté de la république gabonaise", a indiqué la présidence ivoirienne dans un communiqué lu à la télévision gabonaise. Mamadi Diané a été limogé par la présidence tout de suite après la révélation de ce scandale qui pourrait mettre à mal les relations ivoiro-gabonaises.

L'affaire aura sans doute des répercussions judiciaires puisque le ministre de la communication avait indiqué qu'après l'annonce du résultat, des "preuves tangibles" évoqués lors de la déclaration, seront transmis à la justice.

Mardi, dans les rues de Libreville, certains commerces, boulangeries, supermarchés, pharmacies, centres commerciaux ont fermé boutique avant la fin de l'après-midi. Les rares magasins qui ont ouvert leurs portes ont été pris d'assaut par les Librevillois qui ont fait leurs dernières provisions.

L'angoisse gagne la capitale politique gabonaise et le reste des 1,8 million de Gabonais, qui attendent de savoir qui, d'Ali Bongo Ondimba ou de Jean Ping, occupera le fauteuil présidentiel du Palais du bord de mer. Les yeux et les espoirs de délivrance restent suspendus à la Cenap.

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Commentaire 1
à écrit le 31/08/2016 à 17:07
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Si par la voix démocratique on ne peut plus accéder au pouvoir, ce qu'il reste pour le peuple africain d'Afrique centrale, c'est de prendre les armes. Hier c'est le Congo Brazzaville et le Tchad. Aujourd'hui, c'est le Gabon.

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