Comment la France de Hollande veut reconquérir ses parts de marché en Afrique

Les Rencontres Africa 2016 qui se dérouleront à Paris au Palais d'Iéna, les 22 et 23 septembre prochains, et dont La Tribune est partenaire, seront "la plus importante manifestation économique sur l'Afrique jamais organisée en France", affirme le secrétaire d'État Mathias Fekl.  En tout cas, la mobilisation des acteurs impliqués dans la diplomatie économique promue par le Quai d'Orsay depuis 2013 ressemble fort à une mobilisation tous azimuts. Celle de la dernière chance ?
Alfred Mignot
Mathias Fekl, le secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, évoquant les relations économiques entre la France et l'Afrique lors d'une conférence de presse, au Quai d'Orsay. À sa droite, Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et co-président de la Fondation AfricaFrance, créée à la demande de François Hollande.

On le sait bien, la part de marché de la France en Afrique s'est effondrée quasiment de moitié en douze ans, passant de 10,1 % en 2000 à 5,8 % en 2012. Pendant ce temps, la part de la Chine passait de 10,5 milliards de dollars en 2000 à plus de 200 milliards en 2013, ce qui fait de l'Empire du Milieu le premier partenaire commercial du continent noir, avec 13,5 % des échanges commerciaux du continent.

Voulant rompre avec les fantômes de la "Françafrique", mais néanmoins soucieux de préserver et promouvoir les intérêts français, le président François Hollande chargea en 2013 le franco-béninois Lionel Zinsou de créer la Fondation AfricaFrance  (cf. La Tribune n° 129 du 24 avril 2015).

Avec cette manifestation des 22-23 septembre, l'ancien président de PAI Partners, - un temps Premier ministre du Bénin (juin 2015-avril 2016), puis candidat malheureux à l'élection présidentielle de ce pays (mars 2016) -, signe en fait son retour "parisien" avec Africa2016, manifestation où sont attendues quelque 2000 entreprises (1200 étaient déjà enregistrées début septembre). Pour réussir cet événement d'importance - considéré comme le galop d'essai du sommet France-Afrique de Bamako, en janvier prochain - Lionel Zinsou peut compter sur des parrains de poids : le ministère de l'Économie et des Finances, le ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI).

L'Afrique, une "priorité" française

Côté quai d'Orsay, Mathias Fekl, le secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger semble bien décidé à "mouiller la chemise". Ainsi, lors de la conférence de presse de lancement de la manifestation, il y a quelques jours au quai d'Orsay, Mathias Fekl s'est attaché à mettre en exergue l'ensemble du dispositif institutionnel mobilisé pour permettre à la France de reconquérir ses parts de marché perdues.

"L'Afrique est une priorité pour tous nos outils de diplomatie économique. C'est une priorité car cela répond aux souhaits de nos entreprises (...) L'Agence française de développement a engagé 3,8 milliards d'euros sur l'Afrique, ce qui représente quasiment la moitié de son activité en 2015, soit 46 %. Et Proparco a engagé 648 millions d'euros en 2015, et là nous sommes à près des deux tiers de ses engagements, soit 62 %" précisa le ministre.

Évoquant ensuite Business France, "qui, vous le savez, est l'opérateur de la diplomatie économique française", releva-t-il, cette "grande agence de la France à l'international voulue par le président de la République, a vu en quatre ans son réseau passer d'un unique bureau compétent sur la seule Afrique du Sud, à six bureaux et deux antennes, avec l'ouverture de bureaux en Angola, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Kenya, au Sénégal, au Nigéria, et encore en Ethiopie au mois de février de cette année".

Autres preuves, s'il en fallait, de l'importance de l'Afrique pour la France, le continent représente le deuxième excédent commercial de l'Hexagone : 5,5 Mds € pour les biens, 3 Mds € pour les services (2014). Par ailleurs, précisa encore le ministre, "en 2015, plus de 40 200 entreprises françaises ont exporté vers un pays africain. Cela représente donc environ un tiers des 125 000 entreprises exportatrices françaises".

Lionel Zinsou plaide pour les PPP

Afro-optimiste depuis de nombreuses années, bien avant l'actuel effet de mode (dont on dit parfois qu'il en est le lanceur), Lionel Zinsou s'attacha lui aussi à mettre en avant les points positifs de la relation France-Afrique : un stock d'investissement des entreprises françaises multiplié par sept depuis l'an 2000, et 4 % d'augmentation de nos exportations en 2015. "C'est bien, c'est beaucoup... mais cela reste inférieur à l'augmentation de nos importations (...) il nous faut donc accélérer, décentraliser le plus possible notre action au niveau des entreprises", affirma-t-il.

Mais pour le coprésident d'AfricaFrance - l'autre coprésident étant Stéphane Richard, PDG d'Orange -, la relation avec l'Afrique ne saurait se réduire à la question commerciale. Aussi, alors que, selon les prévisions actuelles, la croissance en 2016 des huit pays de la BCEAO (Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest) devrait dépasser les 7%, Lionel Zinsou considère pour sa part que le grand défi à relever en Afrique est celui de la croissance inclusive et de l'emploi des jeunes. L'ancien Premier ministre du Bénin a aussi plaidé pour le développement des PPP, car si les États subsahariens ont dépassé un seuil d'endettement raisonnable et ne sauraient aller au-delà - car l'administration fiscale n'y est pas en capacité de prélever plus de 20 % du PIB, contre 40 % dans les pays de l'OCDE - en revanche "les agents privés africains sont les moins endettés au monde".

Qu'il s'agisse de développer l'agriculture et l'agro-industrie, l'énergie ou encore le tourisme... il va falloir apprendre à se passer des garanties souveraines, a encore considéré Lionel Zinsou. D'où le bel - et incontournable - avenir des PPP en Afrique. Une thématique qui sera bien sûr débattue dans le cadre de Africa 2016, parmi bien d'autres.

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En savoir plus sur le programme, les intervenants, les informations pratiques et l'inscription : rendez-vous sur le site AFRICA2016.ORG

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Alfred Mignot

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Commentaires 2
à écrit le 14/09/2016 à 18:15
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Notre Président pour les quelques mois qui reste avant les élections présidentielles, ne devrait plus rien entreprendre. Rester calme.

à écrit le 14/09/2016 à 17:35
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Je pressens déjà la solution des socialistes: on supprime les visas :-)

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