Dakar, la capitale du Sénégal, en lutte contre les bouchons et la pollution

Avec des équipements structurants en cours de réalisation, comme l’aéroport et une ville nouvelle à proximité de la capitale, ainsi qu'une multitude de projets numériques, Dakar a commencé à se construire un avenir de "ville intelligente".
Ci-dessus, aussi emblématiques que les « Yellow cabs » américains, les « Ndiaga Ndiaye », petits bus poussifs de Dakar.

Emblématiques de Dakar, les « Ndiaga Ndiaye », ces petits bus brinquebalants et poussifs qui desservent la grande banlieue de la capitale sénégalaise, sont-ils appelés à disparaître prochainement ?

Élu maire de Dakar en avril 2009 et réélu en juin 2014, Khalifa Sall se refuse à répondre à cette question, arguant que ce n'est pas de sa compétence. Ce qui est vrai. Une chose est sûre cependant, la ville de Dakar - aujourd'hui l'une des métropoles africaines les plus vivantes et branchées - reste confrontée à deux problèmes majeurs liés à son développement rapide mais un peu anarchique, qui freine sérieusement le rythme des affaires : une circulation de plus en plus difficile, avec de nombreux embouteillages, qui sont une importante source d'émission de gaz à effet de serre, et la pollution dans tous les sens du terme. Atmosphérique bien sûr, mais aussi le ramassage des ordures ménagères, auquel une société française a d'ailleurs renoncé !

Pour y faire face, le maire a pris le taureau par les cornes, même si tout ne relève pas de son administration, malgré les progrès de la décentralisation. Pour améliorer la sécurité et la mobilité urbaine, par exemple, la ville de Dakar a mis en place un service de vidéosurveillance routière.

La municipalité, qui fait de gros efforts de communication, s'apprête également à ouvrir sur le Net un portail de mégadonnées pour rendre disponibles les statistiques de la ville. Une volonté de transparence dictée par les deux principes clés sur lesquels le premier magistrat a fondé toute son action : la bonne gouvernance et la démocratie participative.

Une ville nouvelle pour « désengorger » la capitale

Directeur général de l'Apix (Agence de promotion des investissements et grands travaux), Mountaga Sy reconnaît bien volontiers que, toutes les administrations étant concentrées dans le quartier du Plateau, « il y a des heures de pointe extrêmement douloureuses pour les populations ». Et il explique que, pour améliorer la mobilité urbaine, l'État a déjà construit une autoroute à péage permettant de rejoindre en voiture le centre de la capitale à partir de la banlieue en vingt-cinq minutes, au lieu de quatre-vingt-dix minutes auparavant, et mis sur rail un TER (Train express régional) électrique. Il s'apprête également à lancer, d'ici à deux ou trois ans, le projet BRD (Bus rapides dédiés) permettant de rallier le centre de Dakar en quarante-cinq minutes, contre quatre-vingt-seize actuellement. Un adieu donc - peut-être ? - à ces fameux petits bus colorés, dont l'image est connue dans le monde entier.

Pour « désengorger » Dakar et répondre aux problèmes de bouchons et de pollution, le PSE (Plan Sénégal émergent) imaginé par le gouvernement du président Macky Sall prévoit la construction d'une ville nouvelle à Diamniadio (à une vingtaine de kilomètres de la capitale) avec un nouvel aéroport international et une zone économique spéciale.

Si le Centre de conférence international a bien été inauguré il y a un an, en novembre 2014, pour le Sommet de la Francophonie, alors que le reste de la ville est en principe « livrable en 2018 », l'aéroport aurait dû être mis en service dès cet hiver, mais a pris beaucoup de retard et sa facture explose. Directeur du Quotidien et président international de l'UPF (Union de la presse francophone), qui vient de tenir ses assises à Lomé (Togo), Madiambal Diagne fait ainsi remarquer que pas moins de treize avenants ont été signés depuis la concession accordée à la société saoudienne Saudi Ben Laden, faisant passer en cinq ans le coût global de ce nouvel aéroport de 200 à 800 milliards de francs CFA - 1,219 milliard d'euros !

Une ingénieuse carte multiservice

Mais Dakar sait également être à l'avant-garde de la technologie, du numérique et de l'innovation. Et le siège d'institutions et d'affaires bien gérées.

Fondateur et PDG du Groupe Wari (argent, ou richesse, en dioula), Kabirou Mbodje est assurément l'un des hommes les plus riches et connectés du Sénégal. Il est aujourd'hui à la tête d'une société qui a créé 18 000 emplois dans le pays depuis 2011 et dispose de quelque 95 000 agents à travers le monde. C'est une plateforme d'interconnexions financières et aussi non financières, qui ne se contente pas de faire du transfert d'argent, mais génère près d'un million de transactions par jour.

La carte Wari est non seulement biométrique, mais aussi multiservice. C'est à la fois une carte bancaire Visa, une carte Vitale, etc. « Cette carte rassemble à ce jour 1,5 million d'utilisateurs, mais comme nous sommes désormais présents dans une cinquantaine de pays, l'objectif est d'atteindre 75 millions de cartes d'ici à la fin de 2016. » Des chiffres qui donnent un peu le vertige, mais témoignent de l'extraordinaire réussite de cet entrepreneur hors pair.

« L'Afrique n'a pas besoin d'argent, mais d'organisation », lâche-t-il au septième étage de son immeuble de verre flambant neuf qui domine la place de l'Indépendance. Au pied même du siège de Wari, au cœur de la capitale, de pauvres hères en guenilles font la manche nuit et jour pour survivre... Voilà les deux visages d'une ville où se côtoient sans s'ignorer une richesse étincelante, fruit de la réussite professionnelle, et l'extrême misère dont Dakar devra bien un jour venir à bout si elle veut devenir une véritable « smart city ».

Pour contribuer à aller en ce sens, Wari veut montrer l'exemple et a déjà instauré 1 franc CFA de prélèvement par transaction financière, au profit de programmes d'éducation et de santé, disposant ainsi d'un financement innovant.

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