« L'Institut du monde arabe devient une véritable plateforme business » (Jack Lang, président)

Personne n'aurait imaginé que l'emblématique ministre de la culture de François Mitterrand s'aventurerait sur le terrain économique… et pourtant, depuis qu'il a pris en 2013 la présidence de l'Institut du monde arabe (IMA, Paris), Jack Lang a créé et promu plusieurs types de rencontres économiques. Trente ans après sa création, l'IMA affirme ainsi une double vocation, culturelle et économique. Entretien exclusif.
Alfred Mignot
Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe (IMA, Paris)

Dès votre arrivée à la présidence de l'Institut du monde arabe (IMA), en 2013, vous avez voulu renforcer le positionnement de l'institution comme « think tank du monde arabe », et vous avez pris plusieurs initiatives en ce sens, relevant du champ culturel mais aussi économique...

JACK LANG - À mon arrivée à l'IMA, j'ai souhaité donner toute sa mesure à la double vocation de cette institution unique au monde. Tout d'abord, mettre en lumière et donner à voir au grand public l'incroyable richesse de la culture arabe. Mais également renforcer les liens entre la France et les pays membres de la Ligue arabe dans tous les domaines. À l'heure où le monde arabe traverse une période de mutations profondes, ces missions sont plus que jamais d'actualité.

En initiant les Rendez-vous de l'histoire du monde arabe et plus récemment les Rendez-vous de l'Actualité, en organisant un Forum des Renouveaux du monde arabe, ou en lançant un programme de Rencontres économiques, j'ai voulu faire de l'IMA un lieu de rencontres et d'échanges pour toutes les personnes - artistes, intellectuels, experts, chefs d'entreprises, personnalités politiques - engagées dans le renforcement des relations entre la France et le monde arabe.

Quel est plus précisément le positionnement des Rencontres économiques du monde arabe ?

Lancés en 2014, ces événements haut de gamme réunissent pour chaque édition - une à trois fois par an en fonction du format - une centaine de dirigeants français et arabes afin de décrypter les grands enjeux économiques du monde arabe, par pays ou par secteur d'activité. Des tables rondes donnent la parole à des chefs d'entreprise de renommée internationale qui partagent leur expertise et leur expérience. Les participants y voient également une opportunité exceptionnelle d'élargir leur réseau.

À travers ces rendez-vous, l'IMA devient une véritable plateforme business et se positionne comme un lieu incontournable pour les acteurs économiques français et arabes.

Depuis le lancement des Rencontres économiques en 2014, vous avez accueilli de nombreux hauts dirigeants - quelque 1 500 chefs d'entreprises, ministres, ambassadeurs, représentants d'organisations internationales... - autour de huit éditions (voir à la fin de l'article). De très grandes entreprises sont devenues partenaires de l'IMA, et fréquentent désormais assidûment les Rencontres. À quoi attribuez-vous leur succès ?

Ces événements connaissent effectivement un succès et un rayonnement grandissants. Au départ Petits déjeuners économiques du monde arabe, nous avons multiplié les éditions exceptionnelles et adapté le format aux attentes des entreprises (ateliers en petits groupes, multiplication des opportunités de networking, espaces de rendez-vous BtoB...). Désormais, les Rencontres économiques du monde arabe s'intègrent parfaitement dans la stratégie de développement des sociétés françaises ayant des enjeux dans les pays arabes.

Nous proposons aux entreprises partenaires de valoriser leur activité, d'avoir un accès privilégié à des acteurs stratégiques (ministres, ambassadeurs, futurs clients, investisseurs et partenaires, journalistes...), et de bénéficier d'invitations pour leurs collaborateurs, clients et prospects.

S'associer aux Rencontres économiques du monde arabe, c'est également un moyen de contribuer au développement des activités de l'IMA et de faire vivre le dialogue franco-arabe.

Le 19 septembre prochain, l'IMA organisera une édition exceptionnelle des Rencontres économiques du monde arabe : le Forum Afrique - monde arabe - France. Construire un avenir économique commun, dédié à la coopération économique entre la France, le monde arabe et l'Afrique. Pourquoi ce choix et quel sera le programme ?

L'Afrique est aujourd'hui au cœur des débats et l'IMA a souhaité célébrer toutes les facettes de ce continent en pleine effervescence en 2017.

Ce Forum économique viendra clôturer la grande saison culturelle et artistique que l'IMA consacrera aux liens entre le monde arabo-musulman et l'Afrique subsaharienne à travers l'exposition Trésors de l'islam en Afrique. De Tombouctou à Zanzibar (14  avril - 30 juillet) et une programmation inédite de concerts, rencontres et ateliers.

Pour la première fois, plus de 400 décideurs français, arabes et africains de premier plan seront réunis à l'IMA pour explorer les opportunités liées au renforcement des relations économiques entre ces trois zones géographiques. Pendant toute une journée, trois tables rondes seront consacrées à la ville de demain, à l'agro-industrie et aux investissements, des keynotes et une conférence de clôture donneront la parole à des personnalités emblématiques et inspirantes, et des sessions de networking favoriseront les échanges entre les participants.

Lionel Zinsou (Président d'AfricaFrance et ancien Premier Ministre du Bénin), Rémy Rioux (Directeur général de l'Agence Française de Développement), Bandar Hajjar (Président de la Banque Islamique de Développement), Mostafa Terrab (Président-directeur général du groupe OCP), Issad Rebrab (Président du groupe Cevital), Slim Othmani (Président du Conseil d'Administration de NCA-Rouiba), Germain Essohouna Meba (Président de la CCI du Togo et de la CPCCAF), Otmane Hajji (Directeur général de GreenYellow), Bruno Mettling (Président-directeur général d'Orange Afrique et Moyen Orient) et Mansour Cama (Président de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal) ont déjà confirmé leur participation à l'événement.

L'année 2017 est particulière pour vous car elle marque les trente ans de l'IMA. Au delà du Forum économique, quels seront les temps forts de cette année-anniversaire ?

L'année du trentenaire de l'IMA va être rythmée par un foisonnement d'événements exceptionnels. 2017 marquera tout d'abord le renouveau de notre bâtiment, véritable joyau du patrimoine architectural français, conçu par Jean Nouvel. La bibliothèque réouvrira le 30 mars après trois ans de travaux et les moucharabiehs emblématiques de notre façade seront remis en marche au mois de septembre. Un nouvel accrochage des œuvres du musée de l'IMA sera proposé dès cet été. Le 30 novembre, l'IMA sera fin prêt pour célébrer ses trente ans. Nous préparons un programme de festivités qui saura surprendre notre public, comme par exemple une carte blanche à l'une des figures incontournables de la scène rap française, symbole d'ouverture et du dialogue interculturel : Oxmo Puccino.

On a pu lire qu'en redynamisant l'IMA, vous êtes en quelque sorte devenu «  l'autre ministre des Affaires étrangères », et que l'IMA peut jouer le rôle de base arrière du Quai d'Orsay en cas d'incident diplomatique. Et aussi contribuer à l'action internationale pour le développement économique, l'autre volet de la mission du Quai. Votre commentaire ?

L'IMA a en effet repris toute sa place dans les relations entre la France et le monde arabe. À plusieurs reprises, j'ai été invité par le Président de la République à l'accompagner dans ses déplacements et à rencontrer, avec lui et le Ministre des affaires étrangères, les dirigeants des pays arabes.

L'Institut du monde arabe n'est toutefois pas à proprement parler un acteur diplomatique. Il se place plutôt sur le terrain du « soft power ». L'IMA est d'abord un lieu de la connaissance et du dialogue, où se rencontrent tous les jours les acteurs des mutations politiques, stratégiques, économiques et culturelles du monde arabe. En cela il participe activement, à sa manière, à la relation stratégique entre la France et le monde arabe. Avec des résultats souvent très concrets et positifs.

Propos recueillis par Alfred Mignot

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Ils ont participé aux précédentes éditions des Rencontres économiques du monde arabe :

  • Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture (Maroc)
  • Roberto de Diego Arozamena, CEO d'Abdul Latif Jameel Energy & Environmental Services (Émirats arabes unis)
  • Mohamed El Kettani, coprésident du Club des chefs d'entreprises France-Maroc et PDG d'Attijariwafa bank (Maroc)
  • Élisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale (France)
  • Mohamed Jaidah, directeur général de Jaidah Group (Qatar)
  • Tarek Kabil, ministre du Commerce et de l'Industrie (Egypte)
  • Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, porte-parole du gouvernement (France)
  • Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la coopération (Maroc)
  • Paddy Padmanathan, CEO d'Acwa Power (Arabie saoudite)
  • Ségolène Royal, présidente de la COP21, ministre de l'Environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des Relations internationales sur le climat (France)
  • Samih Sawiris, Chairman & CEO d'Orascom Development AG (Egypte)

Les Rencontres économiques du monde arabe sont des événements gratuits, sur invitation strictement personnelle uniquement, réservés en priorité aux partenaires de l'IMA.

Pour devenir partenaire de l'IMA et bénéficier d'un accès privilégié aux Rencontres économiques du monde arabe, informations et partenariats : [email protected]

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Alfred Mignot

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Commentaire 1
à écrit le 22/03/2017 à 8:28
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Qui s'occupe de l'Afrique? Borloo s'en occupe aussi. C'est un problème d'institution. Le problème de l'Afrique est peut être plus important que le monde arabe, en proie à des problèmes idéologiques et en pleine évolution.

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