Les Marocains conquérants d'Afrique (11/11) : Claude-Wilfrid Etoka, sur les traces de Dangote ?

Claude-Wilfrid Etoka est l'un des leaders africains du trading pétrolier, il est un autre exemple de cette génération d'entrepreneurs africains qui ont fait le choix d'installer leurs activités au sein du Royaume.
Claude-Wilfrid Etoka ,dirigeant-fondateur de Sarpd Oil, l'un des leaders africains du trading pétrolier.

Derrière sa carrure de colosse, sa voix doucereuse et le ton posé donnent à voir un capitaine d'industrie qui n'est pas à un paradoxe près.

S'il est né au Congo, Claude-Wilfrid Etoka a fait l'essentiel de sa carrière d'entrepreneur démarrée à la fin des années 1980 en France et en Suisse, en commençant par l'export de pneus usagés vers son pays d'origine, puis en se concentrant sur les activités maritimes, pétrolières et les services.

Mais c'est au Maroc que « Willy » Etoka, a choisi de poser ses valises en 2006 et de déployer le siège et le centre marketing de la Société africaine de raffinage et de distribution (Sarpd Oil), l'un des leaders africains du trading pétrolier, considéré comme le cinquième plus gros d'Afrique.

Son projet ? Rien de moins que de marcher sur les traces de son modèle, le Nigérian Aliko Dangote, l'homme le plus riche d'Afrique, qui a construit un empire diversifié, allant du ciment à l'agroalimentaire.

Comme Dangote, depuis la création de SARPD Oil, Etoka a entamé une diversification à marche forcée de ses activités, en investissant notamment quelques 350 millions de dollars avec ses partenaires malaisiens dans une filière d''huile de palme, à travers sa filiale, Eco-Oil Energy.

À ce titre, il a inauguré en aout 2015 la plus grande usine de margarine du Congo Brazzaville, qui tire ses matières premières des exploitations gérées par Eco Oil Energy. Ce projet, Claude Wilfrid Etoka en est tellement fier qu'il a décidé de l'exposer lors de la #COP21. Selon lui, il comporte à la fois « une dimension de développement durable de par son aspect intégré, et d'investissement socialement responsable en permettant aux populations qui travaillent sur les exploitations et dans l'usine d'obtenir le juste prix pour leur travail ». Son objectif : « Faire changer la perception qu'a le public de l'huile de palme, qui est une plante fascinante, avec de nombreuses utilisations contribuant à l'écologie au lieu de lui nuire ».

« Le Royaume est devenu la plateforme incontournable...»

Avec des investissements majoritairement situés en Afrique subsaharienne, pourquoi ce capitaine d'industrie a-t-il choisi le Maroc comme base de ses opérations ? Telle est naturellement la première question qui vient à l'esprit lorsque l'on rencontre Claude Wilfried Etoka. En effet, le Royaume - qui en est dépourvu - n'est pas traditionnellement terre d'élection pour les spécialistes du pétrole, encore moins lorsqu'il s'agit d'opérations aussi complexes que le trading mondial d'hydrocarbures.

Etoka balaie ce type d'argument d'un revers de la main : « Le Maroc, situé à mi chemin nord-sud et est-ouest, est devenu peu à peu un choix d'évidence. J'y ai trouvé un cadre incitatif à travers la convention d'investissement, un système financier en évolution rapide, des infrastructures robustes, et surtout les compétences humaines en marketing à un prix beaucoup plus compétitif qu'à Genève ». Il concède toutefois que les activités de Trading « ne peuvent être déplacées de Genève à court terme, la capitale économique Suisse restant la « Mecque » mondiale des opération sur les matières premières ».

De manière globale, Etoka justifie son choix du Maroc par des arguments plus stratégiques « Il y a des éléments qui tiennent au cadre de vie et au projet du Maroc en Afrique qui m'on emmené ici. Bien sûr, il y a encore des choses perfectibles, notamment sur le plan fiscal ou du « Doing business », mais à partir de Casablanca, j'ai la possibilité de toucher quasiment toute la façade occidentale du continent d'un coup d'avion. En moins de dix ans, le Royaume est devenu la plateforme incontournable dans la sous-région, où il jouit d'une image forte. Pour moi, c'est un choix d'avenir ». Qu'en est-il de sa relation avec les patrons marocains ? « Je me suis senti intégré rapidement parmi la communauté des businessman du Royaume. Ils ont intégré le « reflexe Afrique » qui leur a été inculqué par le roi, il est donc naturel pour eux qu'un africain choisisse le Maroc pour s'y établir ».

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> Retour au sommaire du dossier « Le Maroc, porte d'entrée royale en Afrique », de notre supplément LA TRIBUNE AFRIQUE de LA TRIBUNE Hebdo n°142 du 18-24 septembre 2015.

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