Carole Zisa-Garat, « Cheffe » en « silver » économie

À 35 ans, cette ancienne directrice de cabinet du n° 2 du groupe Renault préside la startup Telegrafik, spécialisée dans les systèmes d'alerte pour personnes âgées isolées.
Carole Zisa-Garat, fondatrice de Telegrafik

Elle est aujourd'hui l'une des porte-drapeaux de la French Tech toulousaine, citée en exemple par les startuppers de la Ville rose et reconnue pour son énergie débordante. Pourtant, à 35 ans, Carole ZisaGarat a déjà eu deux vies. Cette Toulousaine, qui dirige la startup Telegrafik, spécialisée dans les systèmes d'alerte pour personnes âgées isolées, a en effet commencé sa carrière très loin de l'univers des objets connectés et de la silver économie. Diplômée de l'École des Mines de Paris à l'âge de 22 ans, la jeune femme a immédiatement intégré le groupe Renault, à Paris.

« J'ai débuté comme cheffe de projet en supply chain, explique-t-elle. Trois ans plus tard, je dirigeais une équipe de 120 personnes dans l'usine de Flins-sur-Seine. J'étais la seule femme... »

Une expérience qui lui permet alors d'affiner ses aptitudes managériales.

« Une usine, c'est un monde à part, confie-t-elle. Il faut savoir gérer l'urgence, la diversité des personnes que l'on a en face de soi, les prières derrière les cartons pendant les heures de travail... Et il faut savoir se faire respecter, crier plus fort que les autres. Les choses se règlent parfois aux décibels ».

La jeune femme se souvient de certains épisodes d'extrême tension.

« J'ai notamment été amenée à gérer une grève, avec un défilé organisé à 5 heures du matin, au cours duquel le responsable CGT me sommait de "le regarder dans les yeux". J'avais 25 ans. »

Et la cheffe d'entreprise d'ajouter, dans un sourire :

« Une chose est certaine : l'école ne nous prépare pas à cela. C'est une question de caractère. »

Ambition et caractère, la jeune femme n'en manquent pas

« Je ne souhaitais pas faire toute ma carrière dans ce type d'environnement et j'avais envie de travailler sur des projets plus complexes », explique-t-elle. Ainsi, en 2007, elle prend la tête d'un service d'ingénierie au sein de Renault.

Elle gère quinze personnes, en France et à l'étranger, et administre un budget de 3 millions d'euros. Deux ans plus tard, le groupe automobile lui confie un projet de refonte de sa stratégie après-vente et services. Une mission qui lui permettra d'être « repérée » par le numéro 2 de Renault, qui la place à son côté comme secrétaire exécutive.

« L'équivalent d'une directrice de cabinet », précise-t-elle.

C'est à cette époque que Thierry Moreau, actuel directeur exécutif de la direction commerciale de Renault, l'a côtoyée. L'homme se souvient d'une collaboratrice « d'une très grande rigueur, très méthodique et organisée ». Étonnant qu'elle ait quitté Renault pour créer sa propre entreprise ? Pas forcément.

« Elle était identifiée comme quelqu'un qui avait un bel avenir, assure-t-il. Elle a toujours eu beaucoup d'autonomie et se montrait à la fois courageuse et déterminée. »

Et de la détermination, Carole Zisa-Garat a su en faire preuve lorsqu'elle a décidé de quitter la région parisienne pour élever ses jumeaux à Toulouse, près de sa famille.

« En dix ans chez Renault, j'avais beaucoup appris, estime-t-elle. Les différents postes que j'avais occupés m'avaient permis d'approcher de nombreux métiers et de découvrir toutes les strates de l'organisation, de l'usine à la direction générale. »

Mais la jeune femme l'assure, bien qu'intégrée au sein d'un grand groupe, elle ne s'est « jamais sentie sur des rails pour trente ans ». Et le désir d'entreprendre était trop fort pour pouvoir lui résister. « J'ai toujours eu le souhait de tenir les manettes, d'être maîtresse de mon destin, confie-t-elle. Dans un grand groupe, on n'a jamais tous les leviers. »

Après avoir travaillé sur un premier projet d'entreprise avec un associé, Carole ZisaGarat décide finalement de créer sa société, seule, en 2013. Elle choisit la silver économie et l'Internet des objets, des secteurs porteurs.

« J'avais eu l'occasion de vivre un marché en crise, explique-t-elle. Je souhaitais viser un marché en forte dynamique de croissance. »

Une intuition qui, pour le moment, s'avère payante. Carole Zisa-Garat a ainsi reçu en mai dernier le Prix La Tribune Jeune Entrepreneur dans la catégorie « Innov & Connect ». Et sa société de sept salariés, soutenue par Orange et BNP Paribas Cardif, a récemment lancé la commercialisation de sa plateforme logicielle. Un service de téléassistance connecté, basé sur des capteurs de mouvements, équipe le domicile des personnes âgées.

C'est un nouveau challenge pour la dirigeante, qui se définit « comme une cheffe d'orchestre jouant de tous les instruments ».

Sa collaboratrice Déborah Parès confirme :

« Carole sait comment motiver son équipe. Et elle laisse sa chance à tout le monde. »

Telegrafik, qui devrait atteindre les 200.000 euros de chiffre d'affaires cette année, envisage une levée de fonds en 2016 pour accompagner son développement. La startup souhaite équiper 100.000 clients dans les quatre prochaines années.

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MODE D'EMPLOI

- Où la rencontrer ? « En se rendant à Ekito, l'accélérateur de startups, à Toulouse. »

- Comment l'aborder ? « Avec des idées de nouveaux partenariats et de nouvelles synergies commerciales ou technologiques. »

- À éviter ! « De me parler de projets à deux ans ! »

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TIME LINE

  • 1980 Naît à Clermont-Ferrand et arrive à Toulouse à l'âge de deux ans.
  • 2002 Diplômée de l'École des Mines, elle intègre le groupe Renault.
  • 2005  Gère 120 personnes à l'usine Renault de Flins-sur-Seine.
  • 2009 Renault lui confie un projet de refonte de sa stratégie après-vente et services.
  • 2010 Secrétaire exécutive auprès du n° 2 du groupe Renault.
  • 2013 Fonde la société Telegrafik à Toulouse.
  • 2016-2020 Objectif : 100.000 clients équipés.

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