Vladimir Grudzinski, le chasseur d'autos

À 29 ans, cet autodidacte touche-à-tout veut révolutionner l'achat des véhicules d'occasion avec sa plateforme Reezocar.
Vladimir Grudzinski, fondateur de Reezocar.

L'automobile est son dada. Depuis ses 15 ans, il se passionne pour les petites et grosses cylindrées. Aujourd'hui âgé de 29 ans, Vladimir Grudzinski profite de ses week-ends pour sillonner le Perche au volant d'une des voitures familiales :

«Une Alfa Romeo Duetto, comme dans le film Le Lauréat, un Land Rover Defender personnalisé aux couleurs de Reezocar, et une BMW de 1989, achetée pour 3.000 euros, mais qui s'avère une excellente routière», détaille l'homme aux accents d'authentique dandy du XIXe siècle, une époque prisée par cet amoureux de littérature et du « vague à l'âme slave».

Il rêve de s'offrir une Ferrari 250 SWB rouge

« Mais pour cela, il faut que les affaires marchent très, très bien», souligne l'entrepreneur dans un sourire.

Pour l'instant, c'est sur un scooter 50 m3 gris et passablement cabossé que le fondateur de Reezocar se déplace entre deux rendez-vous. Début 2013, il a vendu la Porsche 993 cabriolet qu'il avait importée de Californie, afin de financer le démarrage de Reezocar, la société qu'il a cofondée avec Laurent Potel et Vincent Deboeuf. Après six mois de développement informatique, la plate-forme est lancée en juin 2013. Son offre : recenser les petites annonces de véhicules d'occasion à travers l'Europe, et accompagner les acheteurs pour qu'ils trouvent la voiture idéale au meilleur prix.

« Nous aidons nos clients à identifier les modèles qui sont les plus adaptés à l'utilisation qu'ils feront de leur voiture et à leur budget. Puis, quand ils ont désigné le modèle qui a leur préférence, nous le trouvons, avec les options et de la couleur qu'ils désirent», précise Vladimir Grudzinski, qui revendique une base de données de 6 millions d'annonces, avec des prix allant de 5.000 à 150.000 euros.

« L'expertise des véhicules que nous vendons est optionnelle, mais nous recommandons vivement à nos clients de la souscrire. Nous avons constitué un réseau de 3.000 experts capables d'intervenir en quarante-huit heures partout en Europe, et qui réalisent un audit poussé, selon un mode opératoire que nous avons rédigé. Nous leur demandons pour finir de donner une interprétation à partir de leur examen, et de dire s'ils achèteraient ou non ce véhicule pour un membre de leur famille.»

Conduisant son activité avec sérieux, l'entrepreneur surveille les évolutions réglementaires et les spécificités de ses marchés.

Il s'approvisionne essentiellement en France et en Allemagne, « un véritable réservoir du véhicule d'occasion, car les Allemands consomment beaucoup d'automobiles, donc les offres sont nombreuses et les prix sont bas, contrairement à l'Espagne».

Un pays cible pour Reezocar, qui compte déjà des clients en Italie.

« L'Europe, c'est concret chez nous. Dans nos bureaux, on parle anglais, allemand, italien...»

Et l'on rit beaucoup dans cette équipe de 12 personnes, selon Vincent Deboeuf, cofondateur et CTO (directeur technique) de Reezocar :

« Vladimir prend très à coeur la communication au sein de l'équipe. S'il sent un froid, il cherche à dénouer la situation. Il est plein de ressources, trouvant toujours une solution à chaque problème. Il rebondit avec réactivité, optimisme et humour.»

Un temps, Vladimir Grudzinski s'est essayé au one-man show. Il cite Coluche, après une tirade sérieuse sur le Contrat social de Rousseau. Cet amour des bons mots, il le tient sans doute de son père, le « président-directeur-général en chef» du cabinet de conseil Humour Consulting Group, qui est aussi son conseiller dans les affaires.

« J'ai découvert la passion et la grande culture de l'automobile de Vladimir quand il m'a parlé de Reezocar. Il a toujours été assez indépendant, et ne voulait pas faire d'études, convaincu qu'à part quelques normaliens et X qui brillent dans le monde de la finance et des dérivés, ceux qui font fortune, ce sont les entrepreneurs autodictactes. Il est travailleur et intelligent, et n'a pas d'oeillères dues à ses études.»

Après avoir mené une scolarité dans les établissements prestigieux - lui dira « stricts» que sont l'Institut de La Tour et Saint-Jean de Passy, Vladimir Grudzinski obtient en 2004 son baccalauréat littéraire, et intègre le Management Institute of Paris. Dans cette école de commerce - fondée par trois patrons Bruno Bich (Bic), Claude Bébéar (Axa) et Martin Bouygues (Bouygues) et absorbée par l'Espeme en 2011 -, il restera seulement un mois et demi. « Pour mon premier devoir de comptabilité, j'ai rendu une feuille blanche où j'avais inscrit le numéro d'un expert-comptable», avoue-til sans complexe. S'en suit sa période «artistique», ponctuée de one-man shows et d'organisation d'une exposition d'art contemporain. En 2006, il s'essaie à la publicité en tant que concepteur-rédacteur stagiaire, puis il s'installe à Londres en 2007.

« J'ai zoné un bon moment. Après avoir envoyé mon CV une soixantaine de fois en vain, j'ai atterri chez Prada, chez Harrods. J'y ai découvert la vente, et j'ai adoré.»

Parmi sa clientèle, des grands noms : Rania de Jordanie, le sultan d'Oman. Il est habitué à l'univers du luxe et de la mode.

« Quand j'étais enfant, je passais mes mercredis après-midi dans les salons privés d'Yves Saint-Laurent, où travaillait ma mère. Je regardais plus la Cadillac garée devant que les jambes des mannequins, ce que je regrette aujourd'hui», plaisante-t-il.

En 2008, il rejoint Graf Paris, après avoir noué un partenariat entre Prada et l'entreprise, « pour des manteaux d'intérieurs brodés avec des pierres précieuses».

Pendant trois ans, il développe la gamme de maroquinerie, au contact d'artisans

Tout en creusant l'idée de Reezocar, se demandant notamment « comment vendre des choses chères par téléphone sans que ce soit anxiogène». Ainsi, quand il a exposé son projet à ses futurs associés fin 2012, « on avait l'impression que tout était déjà en place», selon Vincent Deboeuf.

Sa détermination lui a également permis de lever 440.000 euros auprès d'amis et de sa famille, début 2014. Il réfléchit actuellement à opérer une deuxième levée.

Ouvert au dialogue, Vladimir Grudzinski n'en oublie pas moins de faire les choses à son image. Ainsi, lors de l'été 2013, pour faire connaître sa plate-forme fraîchement mise en ligne, il a fait défiler entre la Tour Eiffel et le Grand Palais un Hummer tiré par un cheval de trait. Ce Percheron est l'un des cinq chevaux qu'il possède. Passionné de chasse, il n'a plus guère le temps de pratiquer la chasse à courre. Mais il faut bien consentir quelques sacrifices pour faire prospérer son activité. Et espérer s'offrir le bolide aux 250 chevaux sous le capot.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 01/04/2015 à 0:56
Signaler
Top de les retrouver là, j'ai acheté ma Fiat 500 via Reezocar, j'ai été très bien orientée et satisfaite. L'équipe et le service client sont top ! Bravo !

à écrit le 29/03/2015 à 12:23
Signaler
whaou, une Opel GT 1900 de 1971 : 177 Cv DIN 5 places assises !!! http://www.reezocar.com/voiture-occasion/opel-gt-RZCATMDE206445172.html il semble qu'il aient encore du boulot pour proposer des annonces fiables et sérieuses ...

à écrit le 29/03/2015 à 5:13
Signaler
Excellent concept, mais avec un prix mini de 5k€ pour l'occasion en France, on élimine un sacré segment du marché. Les gens achètent de l'occasion parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. Le prix est leur unique motivation une fois qu'ils ont déf...

le 30/03/2015 à 12:53
Signaler
pas sur, vous avez des gens qui veulent achter d occasion pour proviter de la decote. ex acheter une voiture de 2-3 ans d age

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.