La puissance de révélation de la donnée

Les données au coeur de l'analyse économique pour mieux gérer les activités humaines est un enjeu crucial pour maitriser le développement du continent africain. Par Gilles Babinet et Bruno Walther

Et si l'Afrique avait du mal à se développer parce qu'elle n'a pas de data ? Y chercher des statistiques économiques pousse à retomber sans cesse sur les mêmes jeux de données généralement issues de la banque mondiale du FMI, ou de la BAD. Or sans connaissance économique précise, du nombre de dépôts de bilan, de la performance économique d'un secteur donné, du nombre de consommateurs ayant immatriculé une voiture l'année passée, etc. , beaucoup d'entreprises restent réticentes à investir. Il est également difficile de mettre en place des politiques publiques efficaces : quelles routes construire en priorité en fonction des flux supposés d'utilisateurs, combien d'hôpitaux installer dans les villes et de dispensaires dans les villages ? Cette absence de données participe au maintien d'une faible qualité de gouvernance, renforcé par l'opacité que procure le fait de ne pas publier de budget, même consolidé, pour de nombreux États africains.

L'enjeu de la data, dans le monde digital est un peu semblable : comment mesurer l'efficacité d'un management agile par rapport à un modèle hiérarchique ? Comment s'assurer que le fait d'avoir une expérience utilisateur simplifiée créé de l'efficacité économique ? Comment comprendre tel segment de consommateur, ciblé par intérêt, par géographie et par profil démographique ? Toutefois, dans cet univers, la culture de la donnée est intrinsèque : les analytics, la mise en oeuvre des algorithmes sont des facteurs fondamentaux d'émergence de l'univers digital et pour autant qu'on puisse l'observer, cela marche remarquablement bien.

Il y a soixante-dix ans, la France fondait l'Insee afin de mieux comprendre les flux économiques qui animent notre pays. L'objectif était exactement le même que celui qui devrait occuper les pays africains. Mais quelque chose a désormais changé : l'économie traverse une phase de transformation rarement observée par le passé. Et les data manquent cruellement pour accompagner ce changement. Comment comprendre un monde de plus en plus complexe, aux communautés de plus en plus nombreuses, et dont les frontières apparentes ne sont en réalité que des illusions ?

Rénover lee fonctionnement des instituts de statistiques

En réalité, les institutions statistiques et autres institutions publiques telles qu'elles existent, partout dans le monde, ne peuvent suivre le rythme de développement de l'économie et de la société, leur complexité : et c'est désormais Google et OpenStreet map qui font les cartes les plus précises, ce sont les opérateurs qui mesurent le plus efficacement les flux de circulation en temps réel sur les routes, ce sont les entreprises d'e-commerce qui disposent des indicateurs avancés de la vigueur de la consommation intérieur. Nombres de ces données sont potentiellement accessibles et le fait de les comparer les unes aux autres ouvrirait un champ extraordinaire de développement pour l'économie et les sociétés humaines en général. Il serait réellement souhaitable de rénover les doctrines de fonctionnement des instituts de statistiques publiques, qui reposent généralement sur le fait que les données doivent être fabriquées par eux-même, suivant leurs méthodologies, pour être crédibles.

Cette école doit être dépassée tout autant dans les nations qui n'ont pas encore beaucoup de données comme celles qui composent l'Afrique, qu'au sein des nations développées où l'absence de données ouvertes limite largement le potentiel de développement de l'économie. Mais pour cela il faut une vision au sein de laquelle se trouve réunies big data et Open data, une doctrine nouvelle qui accompagne l'émergence de cette nouvelle économie et de cette nouvelle forme de société.

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Commentaires 2
à écrit le 16/06/2017 à 7:07
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Trouver des datas économiques est beaucoup plus facile depuis plus d'un an grâce à la veille hebdomadaire de LVnextcentury (plus de 60 éditions depuis son lancement). Cette veille est rendue publique la semaine suivante sur reussite-africaine.com

à écrit le 01/06/2017 à 12:35
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illisible, trop de fautes d'orthographe et de syntaxe. Dommage

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