Outre mer : le gouvernement fait fausse route

Sous couvert de bons sentiments, le plan de convergence » entre la métropole et les Outre-mer, présenté par le gouvernement, fleure bon les plans quinquennaux de feux l'URSS. Par les Arvernes
François Hollande en campagne Outre mer en 2012

Le gouvernement a présenté un projet de loi sur l'égalité réelle entre les Outre-mer et l'Hexagone. Sous couvert de bons sentiments consistant à assurer une égalité réelle entre les Outre-mer et l'Hexagone, le gouvernement socialiste met en œuvre de vieilles recettes dirigistes et coûteuses qui ont déjà amplement montré leurs limites au cours des dernières décennies. Son « plan de convergence » entre la métropole et les Outre-mer, d'une durée de dix à vingt ans, fleure bon les plans quinquennaux de feux l'URSS, en plus ambitieux... Ce projet est critiquable à tous points de vue.

 Visées électoralistes

D'abord, personne n'est dupe des visées électoralistes d'une telle annonce, qui vient s'ajouter à toutes les promesses de dépenses nouvelles non financées faites par le pouvoir en place depuis des mois, en direction de toutes les catégories possibles ou imaginables. Encore une fois, l'Outre-mer est instrumentalisée, vue de manière cynique comme un réservoir de voix facile à mobiliser à quelques mois des échéances électorales. Cette manœuvre est indigne et irrespectueuse de nos concitoyens ultra-marins, dont les voix n'ont pas vocation à être apportées au plus offrant à quelques mois de la présidentielle.

 Ensuite, au travers de cette « convergence » avec la métropole, on retrouve de vieux rêves technocratiques qui nient les spécificités historiques, géographiques et démographiques de ces territoires, avec les piteux résultats que l'on connaît depuis maintenant plusieurs décennies. L'alignement forcé sur l'Hexagone n'est sans doute pas la meilleure voie de développement pour les Outre-mer, qui vivent dans un environnement régional très différent et qui ont vocation à s'appuyer sur un potentiel qui leur est propre plutôt que de vouloir absolument les modeler sur la métropole.

 Encourager l'assistanat

Les résultats de ces entreprises sont malheureusement connus : elles ne permettent pas d'assurer une activité locale source d'emplois mais génèrent un assistanat source de bien des déséquilibres et de bien des frustrations. Dire comme le font les socialistes que le PIB par habitant Outre-mer est de moitié inférieur à la métropole et qu'on doit assurer une convergence accélérée pour y remédier, c'est donner de faux espoirs à une population et créer des déceptions explosives. C'est aussi porter atteinte à la crédibilité de la parole publique.

 La démarche initiée par Nicolas Sarkozy avec la loi du 27 mai 2009 pour le développement économique des Outre-mer, partie d'une réflexion sur le développement économique endogène, et s'appuyant sur des outils qui fonctionnent tels que la défiscalisation, était à l'évidence plus raisonnable. Le but de cette loi était de stimuler l'initiative privée plutôt que de donner des subventions ou des prestations sociales qui ne créent pas de cercle vertueux sur le plan économique. Les socialistes, décidément archaïques, ne comprennent pas que l'activité et l'emploi ne se décrètent pas. En revanche, il appartient à l'Etat d'offrir à nos Outre-mer des conditions favorables à leur développement.

 Changer d'approche

De même, il est irresponsable, comme le fait le gouvernement socialiste, de vouloir modifier le rythme de la départementalisation de Mayotte. Celle-ci doit se faire de manière progressive et adaptée, pour ne pas créer des déséquilibres locaux et donner une chance à son développement économique. Au lieu de cela, par démagogie, François Hollande a accepté d'accélérer le rythme d'augmentation du RSA et du SMIC, et le projet de loi présenté étend maintenant cette démarche aux allocations familiales. Dans un département où l'activité dans le secteur privé est très limitée, essentiellement cantonnée à des entreprises du commerce ou de services alimentées par des revenus de transfert - paye des fonctionnaires et prestations sociales, et où la démographie reste à un niveau bien supérieur à la métropole, l'application d'un modèle plaqué de l'extérieur est profondément nocive.

 Loin de stimuler l'économie locale et l'emploi, ce rêve technocratique d'identité totale entre la métropole et les Outre-mer, ne peut qu'enfanter des déséquilibres sociaux, au détriment des habitants de ces territoires eux-mêmes. Une autre voie, respectueuse de l'identité et de la richesse de ces territoires, doit être poursuivie.

 Il est temps de changer d approche, en renonçant au rêve irréaliste et dangereux de l'identité absolue entre outre mer et métropole pour s engager dans une voie à l écoute des potentialités propres à chaque territoire. A effort financier constant de la Nation, cela doit passer par l instauration d un régime fiscal dérogatoire type zone franche, favorable à la croissance et à l emploi.

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d'essayistes et d'entrepreneurs

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.