Des idées pour 2017... Attirer les talents et les entreprises

Au cœur du marché unique européen, la France dispose de nombreux arguments pour attirer talents étrangers et entreprises. Elle doit saisir une opportunité historique. Par le Conseil d'Analyse Economique.
L'enseignement supérieur doit être le fer de lance d'une stratégie d'attractivité ambitieuse.
L'enseignement supérieur doit être le fer de lance d'une stratégie d'attractivité ambitieuse. (Crédits : Flickr/Francisco Osorio. CC License by.)

Située au cœur du marché unique européen, la France dispose de nombreux arguments pour attirer les talents étrangers et les entreprises. Parmi eux, on trouve la qualité de ses infrastructures et de sa main d'œuvre, ainsi que le dynamisme de sa région-capitale. Plusieurs éléments nuisent néanmoins à notre attractivité : une fiscalité lourde et instable, une politique d'accueil des travailleurs étrangers insuffisante, un système éducatif trop « franco-français », ou encore des retraites peu lisibles. La perspective du Brexit et l'internationalisation croissante des carrières dès l'université offrent une opportunité unique à la France pour se hisser aux toutes premières places.

Attirer les talents étrangers... un meilleur accueil et une intégration facilitée

L'enseignement supérieur doit être le fer de lance d'une stratégie d'attractivité ambitieuse. Cela implique d'améliorer l'accueil des étudiants internationaux en s'assurant que chaque groupement universitaire dispose de plates-formes compétentes dans les domaines clés (visa, logement, santé, etc.), et en évaluant régulièrement ces structures. Parce que la qualité a un coût, l'introduction d'un co-paiement différencié dans l'enseignement supérieur public pour les étudiants extérieurs à l'Union européenne doit être envisagée. Pour gagner en visibilité, la France doit aussi poursuivre le mouvement amorcé autour de quelques sites pour bâtir des pôles universitaires de renommée mondiale.

La valorisation et la visibilité de l'Université passent aussi par son engagement pour l'innovation. Il faut favoriser l'implication de la communauté scientifique dans les dynamiques entrepreneuriales en encourageant, par exemple, la présence de scientifiques dans les conseils d'administration des entreprises et, symétriquement, d'entrepreneurs dans les instances universitaires.

Pour attirer davantage les professionnels étrangers, leur accueil doit être facilité et ce de l'aéroport à la pension de retraite. La mobilité en Île-de-France et l'accès à la capitale doivent être améliorés, notamment par une mise en service rapide de la liaison Charles-de-Gaulle Express. Des simplifications administratives sont aussi à opérer pour que les hauts potentiels et leurs familles s'intègrent rapidement : création d'un guichet régional unique, allégement des procédures d'accueil et promotion d'une démarche qualité, ouverture de nouvelles classes internationales, de l'école au lycée. Notre système de retraite doit également être rendu plus lisible et modulaire pour ne pas dissuader les professionnels étrangers, lesquels ne feront pas nécessairement toute leur carrière en France. Pour améliorer la visibilité sur les droits accumulés par chaque travailleur, une plateforme d'information unique serait très utile.

Investir pour l'attractivité... une fiscalité plus équilibrée et une intervention publique optimisée

Renforcer l'attractivité de la France pour les hauts potentiels ne doit pas passer par davantage de distorsions fiscales. Le régime des « impatriés » offre aux cadres étrangers une fiscalité temporairement allégée. S'il peut se justifier sur quelques années, ce dispositif constitue cependant davantage un symptôme qu'un traitement. Il serait préférable d'enclencher une concertation à l'échelle européenne sur l'imposition des hauts revenus, tout en réduisant progressivement la durée du régime des impatriés. Pour préserver l'équité fiscale, les ménages mobiles les plus qualifiés ne doivent pas pouvoir échapper à l'impôt.

À défaut d'être compétitif sur le plan fiscal, nous devons à tout le moins limiter l'ampleur de nos handicaps. Sur le modèle du tax inspector britannique dont la mission est de limiter l'incertitude fiscale et d'assurer la lisibilité du système d'imposition, l'administration fiscale française devrait développer la culture du conseil aux entreprises. Pour stimuler les investissements risqués, il est nécessaire de simplifier et clarifier la fiscalité relative aux investisseurs étrangers dans les fonds de capital-risque. Il faut également faciliter l'émergence de business angels dans notre pays en encourageant les entrepreneurs à réinvestir leurs plus-values dans l'écosystème d'innovation grâce à un dispositif de report de fiscalité plus large que celui récemment institué (compte « PME Innovation » adopté en LFR 2016).

Clarifier la mission de BPI France

Il importe par ailleurs de mieux cibler notre action publique. À cet égard, la mission de la Banque publique d'investissement (Bpifrance) doit être clarifiée. Celle-ci en effet ne doit pas agir comme un substitut permanent aux investisseurs privés, mais concentrer son action pour faire émerger une industrie du capital-risque autonome. Pour optimiser l'intervention publique, les multiples dispositifs existants (action de la BPI, instruments de défiscalisation...) doivent être évalués les uns relativement aux autres. Seuls les plus efficaces seraient conservés. Pour ne pas investir à fonds perdus, l'Europe devrait enfin travailler à la coordination des budgets de l'enseignement supérieur. Le choix de financer l'enseignement supérieur sur des fonds publics impose en effet de coordonner, voire de mutualiser partiellement les efforts des États membres.

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