Attentats du 13 novembre : qu'en pensent les étudiants chinois  ?

Au lendemain des attaques terroristes en Ile-de-France, les réseaux sociaux chinois étaient envahis de messages de soutien à la France, mais aussi de questions et d'opinions.
Le mémorial aux victimes des attentas à l'ambassade de France à Pékin, le 16 novembre

Liberticides les mesures annoncées par Hollande au lendemain des attentats de Paris et de Saint-Denis ? « Et alors ? » répondront certains Chinois, étudiants et/ou internautes interrogés sur la situation de la France après les attaques terroristes du 13 novembre. Contrairement à ce qu'on peut parfois lire dans les médias occidentaux, ils ne voient pas non plus dans les attentats une attaque visant les valeurs de la France. Explications.

Incompréhension et stupeur

Sur Zhihu.com, le forum en ligne chinois basé sur le principe de question/réponse, les attentats de Paris ne sont pas passés inaperçus. Parmi la déferlante d'interrogations liées à l'événement, la question « comment interpréter les attentats du 13 novembre ? » a accumulé plus de 1.000 réponses, avec près de 10.000 votes pour certaines d'entre elles. La réaction des internautes est variée : certains incitent leurs compatriotes en France à se montrer prudents, d'autres appellent à la prière, se désolant de tant de haine et de violence dans le monde.

Pourquoi la France a-t-elle été visée ?

Pour Zheli, 20 ans, étudiant en commerce international, « l'émergence de l'Etat islamique est une conséquence de l'interventionnisme occidental au Moyen-Orient ». Or la France « a toujours eu un rôle clé au dans cette région du monde, et notamment en Syrie. Il est logique que Daech réagisse », estime le jeune homme qui suit avec attention la situation politique au Moyen-Orient.

Mais Zheli avance une autre explication, partagée par certains internautes : celle de l'immigration. L'étudiant craint que certains terroristes rejoignent le flux des immigrés de foi musulmane pour entrer dans l'Hexagone. « La France devrait prendre en charge les réfugiés et les regrouper pour éviter que la minorité terroriste circule librement parmi eux et commette de nouveaux actes. » L'espace Schengen, facilitant les déplacements des terroristes, est souvent pointé du doigt.

Une riposte militaire nécessaire ?

Mais peu importe la part de responsabilité de la France dans l'émergence de Daech, l'intensification de la lutte contre le terrorisme déclarée par François Hollande au lendemain des attentats est largement approuvée. « Ça ne sert à rien de prier, vous voulez la paix ? Battez-vous ! », s'exclame un internaute sur Zhihu.com. Keran, qui revient d'un master aux Etats-Unis, conseille de prendre exemple sur ces derniers : « riposter contre Daech tout en augmentant la sécurité sur le territoire national. » La France ne peut pas se contenter de cette réaction « peu rationnelle ». Il faut « un plan d'action sur le long terme, au risque d'aboutir à la même situation qu'en Irak ».

Plus de sécurité contre des libertés réduites ?

Parallèlement, les étudiants interrogés jugent indispensable le sacrifice de quelques libertés pour se sentir plus en sécurité. « La liberté la plus importante est celle de vivre », assure Zheli. Pour la préserver, il faut accepter une surveillance accrue des données personnelles et définir clairement les limites de la liberté d'expression, estime Zhu Ge, étudiante elle aussi. En Chine, par exemple, « les entreprises numériques seront considérées comme responsables si des propos radicaux sont partagés sur leurs plateformes de communication », explique Keran.

Quant à la présence policière, « votre Président aurait dû la renforcer il y a bien longtemps déjà ! », s'exclame le jeune homme en faisant allusion aux attentats de janvier contre Charlie-Hebdo, dans lequel il voit « un avertissement ».

La Chine est-elle elle aussi menacée par Daech ?

En Chine, le Président Xi Jinping s'est empressé de déclarer « son soutien à la France et à la communauté internationale pour renforcer la coopération en matière de sécurité, lutter contre le terrorisme et assurer la sécurité des peuples de tous les pays », le 14 novembre.  Même si leur pays n'est pas engagé au Moyen-Orient, les Chinois se sentent eux aussi concernés.

En effet, la menace du terrorisme islamiste existe depuis plusieurs années en Chine, notamment dans l'Ouest du pays, mais sans lien apparent avec Daech. « Les médias occidentaux,en particulier japonais, refusent de croire que les attentats de mars 2014 dans le Yunnan [à la frontière avec Myanmar] et de mai 2014 dans le Xinjiang [à la frontière avec le Kazakhstan et le Kyrgyzstan] sont de nature terroriste. Ils préfèrent penser qu'il s'agit d'actes isolés de la part de populations pauvres, cherchant à attirer l'attention du gouvernement », s'énerve Zhu Ge. « Au contraire, c'étaient des attentats terroristes et islamistes ».

Comme pour confirmer cette menace potentielle, Daech a annoncé avoir exécuté son premier otage chinois le 18 novembre. Depuis les attentats de Paris, « j'ai l'impression que c'est la première fois qu'on aborde le sujet du terrorisme », confie Keran. Il est désormais persuadé, comme d'autres Chinois, que ce problème va occuper une place croissante dans le débat politique futur.

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