Former les formateurs et les enseignants tout au long de la vie

En ce début de décembre 2016, quatre études relèvent pour la France les mêmes signaux faibles : il faut former en permanence les formateurs et les enseignants.

Le premier exemple concerne l'industrie du futur qui, pour certains pays, est déjà l'industrie du présent, 4.0 en Allemagne. La prospective se prépare si l'on veut au minimum qu'elle soit ce que l'on souhaiterait. Or, si la prise de conscience de l'importance du numérique est certaine, la France manque cruellement de personnel formé dans le numérique et de formateurs. C'est tout un état d'esprit qui remonte à l'Éducation nationale et à sa méconnaissance de l'entreprise et a fortiori, de l'industrie. En Allemagne, la formation au numérique est en marche depuis plusieurs années.

Le deuxième exemple conforte cette primauté allemande sur l'enseignement. La pyramide des âges allemande est défavorable pour l'avenir. La France frontalière est un réservoir, puisque le chômage y est massif. Quelque 22 400 frontaliers lorrains travaillent en Allemagne (83000 au Luxembourg, 28500 en Belgique). Ce ne sont pas les Français qui apprennent l'allemand, mais la Sarre qui va faire du français la deuxième langue officielle du Land et y fait participer les entreprises, les administrations et les associations.

Le troisième exemple vient de l'étude Pisa (sur 540.000 élèves de 15 ans dans 72 pays de l'OCDE) qui ne fait que conforter les deux précédents et que chacun connaît. L'une des sources de ces résultats catastrophiques est la formation des maîtres, souvent acquise une fois pour toute, rarement évaluée et mise à jour. Il suffit simplement d'observer les pays les mieux classés et leurs pratiques. La quatrième étude sur des élèves de CM1 est pire et présage une catastrophe encore plus grande que Pisa dans quatre ou cinq ans. Les 180 heures annuelles d'enseignement des mathématiques ne changent rien face à une moyenne de 158 heures en Europe. À multiplier des heures non efficaces, on décourage. On enfonce. Ce n'est pas le nombre d'enseignants qui changera quoi que ce soit. C'est leur formation permanente : la moitié en France, les deux tiers en Europe.

Si l'on rembobine les exemples dans l'autre sens, c'est bien tout un état d'esprit français à revoir de l'école à l'entreprise. Nous ne sommes pas formés une fois pour toutes. La formation tout au long de la vie n'est pas un vain mot. C'est une nécessité. À commencer par ceux qui enseignent et forment.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015 ; et le nouvel ouvrage, Notre futur anticipé pas les signaux faibles, Éditions Kawa, 2016.

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