Les banques françaises à l'aube d'une vaste restructuration

Les établissements français vont devoir tirer les leçons de la crise de ces trois dernières années. Leur cours de Bourse constitue l'une de leurs principales faiblesses. Cette réorganisation pourrait passer par un rapprochement de leurs activité d'investissement, sous la houlette des politiques.
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Jamais campagne électorale n?aura autant mis en lumière le secteur de la finance. Il faut dire qu?entre la crise des subprimes en 2007, le dépôt de bilan de la banque américaine Lehman Brothers en 2008 et la crise de la dette des pays européens depuis deux ans, les Français ont pris l?habitude de se lever tous les matins avec l?assurance de découvrir de nouvelles catastrophes financières soit pour les Etats, soit pour leurs banques, sans parler des scandales des bonus mirifiques de certains traders ou du salaire hors norme de banquiers ayant laissé exangue les établissements qu?ils dirigeaient.
Dans ce contexte pour le moins électrique pour tous les établissements bancaires (certains journaux n?hésitent plus à qualifier ces professionnels de «banksters »), il ne fait aucun doute qu?un remodelage du paysage actuel s?avère inéluctable.

Réfléchir à un nouveau périmètre

Et ce, pour deux raisons :
D?abord parce que la réflexion déjà menée en Grande Bretagne et aux Etats-Unis dans le cadre des lois Vickers et Volker ne peut être repoussée d?un revers de la main par la France. Vu les difficultés connues par les plus grands noms du secteur ces dernières années et le niveau de risque que fait toujours encourir certaines activités, ces banques vont bel et bien devoir revoir le périmètre de leurs différentes branches.

L?interdiction d?opérer des activités de trading pour compte propre comme le propose la solution américaine serait, certes, la plus indolore pour tout le monde. Le projet de séparer les activités de détail de celles de banque d?investissements, comme l?évoque la solution britannique, est d?une autre dimension. Et impliquerait une très profonde refonte de la structure de tous les établissements français, de leur façon de travailler et de leurs schémas sociaux. Raison pour laquelle, les dirigeants actuels s?arqueboutent plus que jamais sur les vertus du modèle de banque universelle.

« Cette hypothèse suppose en effet une vaste réorganisation au sein des banques. Et pose de nombreuses questions. Quel découpage opérer entre les différentes activités, comment, avec quel statut juridique pour les entités séparées ? Sachant qu?une telle décision impliquerait de nouveaux schémas de gouvernance et pourrait faire naître des déséquilibres temporaires ou structurels », estime Rémi Legrand, associé chez Eurogroup Consulting, pour qui cette séparation serait encore plus délicate pour les groupes mutualistes aux organes décisionnels très complexes.

Des cours de Bourse calamiteux

Deuxième raison à cette inévitable reconfiguration : les cours de Bourse de tous les acteurs du secteur. Tous les titres bancaires sont effectivement aujourd?hui à la cave. Si l?on regarde leur performance sur cinq ans, ils perdent tous entre 60% et 80%...Le crédit Agricole, par exemple, entré en 2001 sur la base de 17 euros ne vaut plus que 3,65 euros après en avoir valu jusqu?à 33. Société Générale n?est pas mieux lotie du haut de son titre à 17,40 euros après des sommets à 143 euros. Les capitalisations boursière de tous ces mastodontes se sont donc dramatiquement affaiblies (BNP Paribas ne vaut que 36 milliards, Société générale, 14 milliards, Crédit Agricole 10 milliards et Natixis 7,2 milliards). Fragilisant ces anciennes vedettes de la cote. Un risque que ne pourront ignorer les futures instances dirigeantes du pays et qui devra être prioritairement réglé sous peine de voir des fonds vautours ou exotiques s?emparer de paquets de titres suffisamment importants pour imposer leur vues stratégiques.
« Les banques doivent impérativement restaurer leur image. Pour ce faire, il leur faut d?ores et déjà réfléchir à une refonte de leur modèle. Celle-ci pourrait passer par des rapprochements d?activité. Pourquoi pas de leurs branches BFI. Ce rapprochement serait l??uvre d?une volonté politique forte », assure Rémi Legrand. On peut aussi imaginer des processus de restructuration à l?international recadrant les ambitions desfFrançais à l?étranger.

De l?avis de cet expert, si reconfiguration il y a, elle devrait très certainement se faire à l?échelle nationale. Les autres établissements bancaires européens ont déjà fait le plein d?acquisitions. Ils sont, de toute façon, eux aussi dans la tourmente de la crise de l?euro et ont d?autres chats à fouetter. A commencer par les banques italiennes et espagnoles. Quant aux allemandes, elles n?ont jamais vraiment eu d?ambitions hégémoniques en France.

Une nouvelle montée du risque serait intenable

Une chose est sûre : les établissements bancaires ne pourront pas subir de plein fouet un nouveau coup de grisou sur leur cours de Bourse. Une nouvelle montée du risque ne sera pas tenable. Et la meilleure façon de régler de tels problèmes est bien évidemment de les anticiper. D?où le besoin urgent de restructuration de tout le tissu bancaire français. Et ce d?autant plus que ces groupes doivent faire face à de nouveaux challenges. Au premier rang desquels la volonté manifeste des assureurs de se positionner sur le marché des crédits aux entreprises, comme le démontre l?initiative de Groupama qui vient d?annoncer la création d?un fonds commun de titrisation à cet effet. Initiative susceptible de faire de nombreux émules. Il y a aussi toute la problématique du paiement sans contact, via smartphones. Ce sujet préoccupe d?autant plus les banquiers qu?il est susceptible de leur échapper compte tenu de l?efficacité et la rapidité de réaction des acteurs en présence.

Otages des nouvelles macro-économiques

En attendant cette restructuration, les titres bancaires sont plus que jamais les otages des différentes annonces macro économiques en provenance de Bruxelles, Francfort ou Londres. Leur sensibilité à toutes les problématiques d?endettement, obligataires mais aussi politiques leur confère aujourd?hui une volatilité hors norme. Volatilité qui contribue d?ailleurs à leur mauvaise réputation, les gérants de portefeuille fuyant les valeurs les pus instables. « Il est sûr et certain que les politiques ne pourront laisser en l?état une telle instabilité. Et c?est sous l?impulsion politique que la restructuration sera opérée », lance l?associé d?Eurogroup Consulting.

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Commentaires 43
à écrit le 23/04/2012 à 23:28
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Pourquoi paie t'on des bonus colossaux, 242 000 euros par an et par personne en moyenne, à des traders qui ont autant démoli la valeur boursière de leur entreprise ? Pourquoi payer autant des gens qui ont des résultats aussi catastrophiques pour leur...

à écrit le 23/04/2012 à 20:43
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Avec une capitalisation boursière qui plafonne sous les 50 milliards d'euros,une banque devient une proie.

à écrit le 22/04/2012 à 22:12
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le dernier commentaire traduit une chose la réalité de la fuite des cerveaux français ailleurs: states et chine je ne suis donc moi aussi qu'un con

à écrit le 22/04/2012 à 17:24
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Ca je veux le voir ! C'est les banquiers qui dirigent les politiques et les pays sur tous les continents. C'est ces banksters qui dictent leurs lois. Les travailleurs payent la crise depuis 2008.Vous savez cette fameuse crise que... certains politiqu...

à écrit le 22/04/2012 à 13:37
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Une suggestion peut-être: restaurer l'organisation qui existait entre 1933 et 1970 et qui n'a pas empêché les trente glorieuses!!

à écrit le 21/04/2012 à 22:53
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Pour tout ceux qui veulent une vision scientifique et objective de l'économie actuelle: http://www.youtube.com/watch?v=04AIbMIvvqU

à écrit le 21/04/2012 à 19:43
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il faut sortir de l euro la france c est le franc

le 21/04/2012 à 19:54
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et ça couterait combien ??? parce que baisse du change = hausse des importations, en premier lieu le pétrole, hausse des taux d'intérêt, ... Quelqu'un connait-il un economiste sérieux qui envisage de séparer le dollar de Floride, de californie, du Te...

le 21/04/2012 à 20:14
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les US impriment leur monnaie, pas la France.

le 21/04/2012 à 20:37
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@mayonnaise : sauf votre respect, le Zimbabwe aussi imprime sa monnaie, mais je ne suis pas sur que cela suffise pour donner de la valeur à une monnaie de singe ! Et votre remarque ne fait que relever mon argument : ce sont les US qui impriment le do...

le 22/04/2012 à 14:44
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@lyon69 encore qui confond les EU et l'europe

le 23/04/2012 à 0:12
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@explorer :non, je regarde ce qui fait que les états des US sont la 1e puissance mondiale, et c'est notamment leur union ! je ne confond pas , car je vois bien qu'il manque une union fiscale, une politique internationale commune notamment face aux ch...

à écrit le 21/04/2012 à 17:00
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On a juste oublié une chose dans cet article ou on l'a tout juste évoqué. On parle de finance pas ou peu de monnaie. La monnaie c'est un moyen d'échange dans lequel on a confiance. Que les marchés n'aient plus confiance dans les banques, certes.. m...

à écrit le 21/04/2012 à 15:12
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Bien sur que les banques vont mal, très mal. Elles sont toutes en faillite virtuelle notamment les espagnoles et les italiennes. Elles ne tiennent que grâce aux 1000 milliards que la BCE leur a donné à 1% pendant 3 ans en décembre et février dernier....

le 22/04/2012 à 9:21
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Je travaille pour une des 3 grandes banques françaises, le problème de liquidité a été résolu. Et non grâce aux 1000mds de la BCE, qui a tout de même permis une relâche sur les marchés. Le problème de liquidité était situé en Banque d'Investissement...

le 23/04/2012 à 23:31
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Si les banques sont incapables de survivre sans mendier 1000 milliards à la BCE? c'est qu'il y a un énorme problème dans le système bancaire et dans l'organisation des banques. IL est urgent de réformer ce système complètement déficient qui est miné ...

à écrit le 21/04/2012 à 12:07
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Volatilité qui contribue d?ailleurs à leur mauvaise réputation, les gérants de portefeuille fuyant les valeurs les pLus instables

à écrit le 21/04/2012 à 11:58
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Cet article ne dit strictement rien, c'est dommage pour un sujet pareil. La question est pourtant bien simple, les français mieux que les amerlocs et les rosbifs qui vont accoucher d'une souris ou pas loin, doivent séparer les activités des banques d...

à écrit le 21/04/2012 à 10:37
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à l'aube de ces trois dernières années, on pouvait déjà, Mme Pascale Besse-Boumart, faire la même analyse que celle que vous faites à présent, mais vous n'auriez pas osé, pas plus que Mme Aubry ne pensait le faire, étant trop compromise avec le systè...

à écrit le 21/04/2012 à 9:49
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Peut on savoir en quoi l avis de Rémi Legrand (?), associé chez Eurogroup Consulting (??) fait autorite ?

à écrit le 21/04/2012 à 9:12
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Bonjour, Je confirme, elles sont en faillite. Depuis 3 ans, elles sont sous perfusion. Cet article reste dans la logique néo-libérale dominante où le cours de bourse est le critère absolu. Bien sûr, il faut disposer de banques saines pour soutenir l'...

le 21/04/2012 à 9:30
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ouaah alors si vous confirmez..vous faites partie de conseils d administration de banque? vous avez des informations factuelles ? ou c est juste que vous l avez vu au café du commerce?

à écrit le 21/04/2012 à 8:25
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Les banques se portent bien, comme le dit ENERM, ce sont les finances des états qui créent ce problème de défiance vis a vis des cours de bourses. Et restructurer les BFI ne fera que couter encore plus d argent inutilement , nuirait a la concurrence ...

le 21/04/2012 à 12:34
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Vous portez bien votre pseudo .J'ose espérer que c'est de l'humour , en tout cas votre commentaire a provoqué chez moi une irrésistible hilarité ! Doxa libérale quand tu nous tiens !

le 21/04/2012 à 19:18
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@mortderire : il est vrai que quand quelqu'un se met en surendettement, il ne remet pas en cause ses propres choix de dépenses, il critique le banquier qui lui a prêté (que n'entends -t-on pas en cas de refus de prêt !!) . Et bien , c'est pareil pour...

le 21/04/2012 à 20:04
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En principe, je serais d'accord avec vous, mais en pratique, pourraît vous m'éclaicir la lanterne: Quelle seraît la difference entre notre argent, placé à la banque avec un taux d'intêret que peut aller de 2% à 4% et l'argent de la banque que peut co...

le 21/04/2012 à 20:18
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Les politiques validant les budgets en déficit français sont des banquiers siégeant au conseil d'administration des banques. La boucle est bouclée.

le 21/04/2012 à 20:28
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@pasd'importance : c'est le principe de rémunération des intérêts, et de la prise de risque ! rien n'interdit de prêter directement à un emprunteur (entreprise, par exemple) à un taux convenu directement entre eux : mais en cas de défaut, c'est le bo...

le 23/04/2012 à 23:36
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Les financiers et les BFI sont les premiers responsables de la crise des subprimes, qui est à l'origine de la crise mondiale actuelle, vous ne pouvez pas le nier. Lehman Brothers a fait faillite, et sans l'intervention des états, que vous critiquez p...

à écrit le 20/04/2012 à 20:10
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Beaucoup d'encre pour rien! Surtout pas d'amalgames : BNP, par ex., se porte très bien, ce qui n'est pas le cas pour toutes les filiales directes ou indirectes de l'Etat, dont la nationalisation coûterait une fortune! Le problème, c'est le déséquilib...

le 21/04/2012 à 7:18
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enerm:faut arreter le chichon!toutes les banques françaises sont en faillite virtuelle:cela n'empeche pas de déclarer de gros bénéfices,mais en cachant les actifs toxiques sous le tapis.les miracles de la comptabilité d'aujourd'hui.désolé de te décev...

le 21/04/2012 à 9:23
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dédé, vous êtes dans le slogan pré-électoral. Prenez un peu de hauteur, et on pourra vous lire !

le 21/04/2012 à 9:32
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apprenez a lire des résultats et des bilans dédé vous savez ce que c est les charges pour provisions risques? renseignez vous

le 21/04/2012 à 16:11
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quel est l'intéret de presenter un bilan positif en surévaluant les actifs(ou en ne les dépréciant pas assez)?faire monter le cours de l'action.qui en profite:ceux qui touchent des stocks options,notamment la direction.

le 21/04/2012 à 19:26
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Les fautifs, ce sont les états qui empruntent sans compter, et non ceux qui prêtent bon gré mal gré : on a demandé aux banques de continuer d'acheter de la dette d'état pour ne pas mettre les pays européen en difficulté... et maintenant, on leur repr...

le 22/04/2012 à 7:59
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on peut etre contre la gabegie publique et contre la malhoneteté des banques.c'est si français de dire que si tu critiques la droite tu es marxiste ou vise versa.beaucoup de gens se font des couilles en or dans les banques et les assurances.j'attends...

le 23/04/2012 à 0:18
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la malhonneteté des banques, c'est quoi ? de dire que si le sétats paient leurs dettes, il n'y a pas de problèmes : pourtant c'est vrai ! par contre, il est de la responsabilité des gouvernements de payer leurs dettes et de cesser d'avoir un double d...

le 23/04/2012 à 14:24
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la malhoneteté des banques entre autres c'est de maquiller son bilan et de pomper des frais indus sur les comptes de ses clients.on continue le déballage?

le 24/04/2012 à 16:28
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@@lyon69 vous voulez pas de frais? faites pas de découvert et rendez votre carte bleue dans le cas concret c est un service et ca se paie

à écrit le 20/04/2012 à 19:39
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à force de taper sur les banques on va finir par les faire crever ! et si on veux détruire l'épargne, alors ce sera la grande catastrophe ! qu'est ce qu'on va rigoler dans les prochaines semaines !!!

le 20/04/2012 à 22:01
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Tout à fait d accord avec toi !!! Ms bon les journaux, les médias, les politiciens, ... Ils leur faut toujours un "coupable ou un mauvais élevé" ...

le 23/04/2012 à 23:40
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Avez vous oublié la crise des subprimes ?Vous avez la mémoire courte.

le 12/06/2012 à 22:21
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1200? par mois, la banque veut pas me prêter 200000? sur 25ans . C'est dur, les banques ne prêtent vraiment plus. faut une banque de détail ...

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