Un débat, et même un vrai débat. On nous annonçait une confrontation programmée, toute calibrée, entre un François Hollande se contentant de gérer prudemment son avantage et un Nicolas Sarkozy tentant le tout pour le tout dans un registre qu'il affectionne, façon combat de boxe.
Raté. Les 144 minutes d'échanges musclés, observés avec un certain désappointement par Laurence Ferrari et David Pujadas, auront permis aux Français de conforter leur choix ou de faire taire leur indécision. Bien sûr, l'avalanche de chiffres, pas toujours justes d'ailleurs, mais la twittosphère a rectifié en direct et les médias classiques et numériques s'empresseront d'en faire le bilan très rapidement, a pu désorienter ou repousser certains. Soit. Mais on ne peut pas répéter à l'envi que les politiques ne vont pas au fond des choses et se plaindre d'eux quand ils rentrent dans le « dur ». Vieille rengaine que ce débat a renvoyée à la bibliothèque des idées reçues.
Bien sûr, nous avons eu droit aux petites mesquineries habituelles en ces circonstances. Pas plus ni moins que d'habitudes, et elles sont après tout l'ingrédient indispensable à ce genre d'évènements. C'est aussi ça la politique, et c'est tant mieux.
Mais surtout, derrière cette bataille de chiffres et de petites piques, se dessinaient clairement deux personnalités, deux lignes, deux choix. D'abord, les hommes. Hollande ? Bien davantage pugnace que son sobriquet de Flamby voulait le laisser croire (et son adversaire ne l'avait semble t il pas mesuré). On le disait déjà imprudemment installé dans son costume de président. Il était hier soir en position de challenger qui n'hésite pas à interrompre son adversaire, à le pousser dans ses retranchements, en prenant des risques. Du Sarkozy ou presque. Le président sortant justement. Habilement, il est resté prudent, - même s'il s'est un rien emporté en fin de parcours - n'en a pas rajouté sur les thèmes radicaux empruntés à la ligne de son très droitier conseiller Patrick Buisson. Une prestation sans emphase, ni grandiloquence. Celle d'un ... Premier ministre. Ou presque. En tout cas très éloignée de celles qu'il a produites au cours de ses derniers meetings.
Ensuite, les programmes économiques. Que n'a-t-on dit sur leur proximité, même si les entourages des deux candidats se sont employés à répéter à quel point ils divergeaient, à quel point ils fondaient deux France différentes pour l'avenir inquiétant qui lui est offert. Mais voilà. Le diable est dans les détails, nous avons eu droit aux détails et les détails dessinent des choix.
Oui, nous avons entendu des invectives - « c'est un mensonge », « prouvez-le » un très maladroit « vous êtes un petit calomniateur » de Nicolas Sarkozy.... Oui, c'était long (heureusement que nous n'avons pas eu trois débats !). Oui, l'actualité internationale a été quasiment oubliée. Mais c'était une vraie confrontation. La campagne a été longue, trop longue. Il est heureux qu'elle se termine ainsi. Les Français peuvent maintenant voter.
Et bien votez maintenant !
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