Medef : à quoi va servir Pierre Gattaz ?

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Et hop ! « Je dis toujours : nous avons trois millions de TPE. Et si chacune de ces TPE embauche une personne, nous réglons le problème du chômage ». Ce n?est pas Bernard Tapie qui le dit, mais Pierre Gattaz, le nouveau président du Medef.
Et hop, deuxième ! « 100 milliards d'économie sur cinq ans, c'est moins de 2% d'économie par an sur un budget global de 1.200 milliards. C'est ce que nous, entreprises, savons réaliser sans drame lorsque le contexte économique nous impose des réformes ». Ce n?est pas Geo Trouvetou, mais encore le très optimiste Pierre Gattaz.
Et hop, troisième! "Notre pays ne comprend pas ses entreprises et ses entrepreneurs" (?) "notre pays ne les aime pas suffisamment". Alors tentons de convaincre François Hollande de venir passer trois à Jouy-en-Josas fin août où se tiendra l?Université du Medef pour échanger avec les chefs d?entreprises. Ce n?est pas l?Inspecteur Gadget mais toujours le très imaginatif Pierre Gattaz qui y songe.
Soyons juste. Le nouveau patron des patrons a aussi proposé ce jeudi, à l?issue de son plébiscite, un « pacte de confiance au gouvernement, un engagement réciproque entre les entreprises, les partenaires sociaux et les pouvoirs publics » . Et révélé dans le foulée le sujet d'économie de sa fille au bac cette année: "Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale". Et de s?esclaffer en lançant « il y a du travail ! ». La salle remplie d?entrepreneurs riait, aux anges.
La question a rythmé la campagne pour la succession de Laurence Parisot, bien courte, puisque tout le monde s?est vite et sagement rangé derrière le président de Radiall : un Medef de combat ou un Medef de dialogue? Interrogation un rien oiseuse mais qui finalement résume assez bien la nature du dialogue social dans notre pays. La culture du rapport de forces demeure la seule efficiente, la seule capable de se faire rencontrer deux mondes qui, supposément, ne s?aimeraient pas.
Si tel est le cas, ne serait-il pas temps de s?interroger sur les raisons de ce désamour ? L?urgence n?est-elle pas autant de trouver les moyens de reconstruire ce tissu social, allez, osons parler même de cohésion sociale, que de s?attaquer à la dépense publique? N?est-elle pas autant d?irriguer d?une autre vitamine que celle de la crainte le monde de ces petites et moyennes entreprises, paralysées par l?absence de confiance envers leurs salariés, biberonnées à la haine des 35 heures, que de claironner la détestation des fonctionnaires qui formeraient à eux seuls les dix plaies de la France ?
Le débonnaire Pierre Gattaz semble, malgré quelques pas effectués au son des gros sabots, plein de cette bonne volonté d?homme de terrain comme il le dit lui-même, habité par cette sincérité du chef d?entreprise pétri de bon sens (« on a tout pour réussir en France, on a tout pour exporter. Cela fonctionne pour Radiall. Si je le fais, on peut le faire »). Mais cela suffit-il ?
Le Medef avait - peut-être - l?occasion de prendre une autre dimension, à la hauteur des enjeux qui défient la France, que lui-même d?ailleurs se plait à convoquer à répétition pour défendre sa cause. Mais si l?on veut conclure un « pacte de confiance », il faut avoir quelque chose à mettre dedans. Il aurait pu aussi faire davantage que se laisser effleurer par ce vent différent que tente de faire souffler une nouvelle génération d?entrepreneurs. Mais voilà : pas une seule tête originale ou presque dans son état-major, et a fortiori pas un jeune.
C?est juste vieillot.

 

 


 

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Commentaires 23
à écrit le 08/07/2013 à 22:25
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"Libérale". En quoi aujourd'hui le marché du travail est-il libérale ? Les seules qui sont libre de commercer sans contrainte de taxe et de main d'oeuvre sont les multinationales. Ce sont les règles du libre-échange qui écrasent les petites et moyenn...

à écrit le 04/07/2013 à 17:10
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L'ouverture du marché transatlantique va achever les TPE et hop ! Gattaz fossoyeur néolibéral le veut.

à écrit le 04/07/2013 à 14:50
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Et hop , nous réglons le problème du chômage ...? M. Gattaz demandez à vos amis banquiers qui cassent les TPE , pour quelles raisons, celles-ci n'embauchent pas ( à moins que cela arrange les grandes entreprises ) ; si vous ne le savez pas , réfléch...

le 04/07/2013 à 16:18
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patron de TPE, très heureux avec ses banquiers, je n'embauche pas à cause 1. de l'incertitude fiscale - 2. pour être sûr de ne passer à coté d'une aide future. Raisonnement valable uniquement en France, notre filiale suisse, pénalisée par sa monnaie,...

le 09/08/2013 à 2:46
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Malgré " les contraintes " vous ne pouvez pas embaucher 1 ( un ) employé? de qui se moque t on?

à écrit le 04/07/2013 à 10:46
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oui eroff, tout comme vous, je fini également par me demander: Veut-on liquider l humanité ? je n'ai pas la réponse....mais je cherche des solutions bon courage à tous!

à écrit le 04/07/2013 à 10:30
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Si l entreprise est en péril, la France aussi. Nous sommes accablés de dettes : 5 points de déficit, 0 de croissance, c est la ROUTE DE LA MISERE ! L Europe n est pas une ZMO tout le monde le sait. Le mépris des lois les plus élémentaires de l économ...

à écrit le 04/07/2013 à 10:25
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Une campagne bien courte? Elle a commencé en décembre, les ralliements ont eu lieu en juin. Il serait temps que La Tribune se mette au véritable journalisme, fondé sur la connaissance du sujet, ce qui, à la lecture de cet article n'est pas le cas. D'...

à écrit le 04/07/2013 à 10:21
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Concernant les baisses de prélèvements, est-ce que cela condamne l entreprise en France ? Pouvez-vous nous dire pourquoi il n existe pas de fonds de retraites comme dans les autres pays pour financer des retraites à la population ? L Etat a perdu la ...

à écrit le 04/07/2013 à 9:49
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J'approuve cet article. Les premières déclarations de Pierre Gattaz sont inquiétantes. Elles sentent le rance de la lutte des classes, alors qu'enfin on a une majorité de syndicats réformistes. Quel dommage !!! Cette entrée en scène est manquée. La ...

le 04/07/2013 à 11:03
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Je ne vois pas de syndicats réformistes en France à l'exception de CFDT, bon courage pour le dialogue social qui consiste à faire payer toujours les entreprises.

le 04/07/2013 à 16:21
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Des projets pour réduire le chômage, cela n'a rien d'inquiétant. Malheureusement, il ne parviendra à rassurer ceux qui sont capables d'embaucher, qui sont complétement bloqués par Notre Président, le redressement improductif, ...

à écrit le 04/07/2013 à 8:48
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Entre un patron du MEDEF, tres pragmatique et pas tres fin, un gouvernement qui n'a jamais connu le monde de l'entreprise et qui ne sait comment l'aborder notamment celui des PME, et des syndicats trotskistes, qui n'ont rien perdu de leur morgue ni d...

à écrit le 04/07/2013 à 6:23
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Dans cet article, vous feignez d'oublier que c'est aux représentants de l'Etat de mettre en place les conditions du dialogue social, notamment en donnant l'exemple. Le représentant d'un syndicat professionnel se doit, lui, s'il respecte le mandat qui...

à écrit le 04/07/2013 à 5:53
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de sujet du bac en scien eco est un scandale !!!! et on voudrait que l'on paie des profs et une éducation nationale alors que l'on devrait parler de prof d'escroquerie et d'une éducation d'escrocs !!!!!!! c'est un sujet de philo et non un sujet d'éco...

à écrit le 03/07/2013 à 23:44
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1. Les français ont à aimer leurs proches et leur famille, pas leur entreprise ou leur employeur. Si Pierre Gattaz veut que la société "comprenne" et " aime" les entrepreneurs, il faut que ceux-ci soient pédagogues et qu'ils soient aimables. Cela pou...

le 04/07/2013 à 6:04
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les allemands aiment leurs entreprises, on ne parle pas d'amour mais de soutien. quand on voit un sujet aussi stupide (je n'ai pas de mots assez forts) en économie, non seulement il faut se moquer de l'incompétence des profs, mais il faut les montre...

à écrit le 03/07/2013 à 22:13
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Hier, en ce même lieu du Palais des congrès se tenait l'AG d'approbation des comptes annuels du Groupe Alstom. Alstom, aujourd'hui l'un des rares fleurons de l'industrie française. Une histoire qui s'apparente à un conte de fée puisque ce Groupe est ...

à écrit le 03/07/2013 à 21:30
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Mr le pdg, le mur des dettes penche n est ce pas ? En Espagne ils ont beaucoup de mal à régler leur déficit. Nous avons un problème de croissance. La population est très en colère contre les mauvais résultats. Nous utilisons très mal nos maigres ress...

à écrit le 03/07/2013 à 21:11
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Ouais, je trouve le propos de votre article un peu limite, tout de même. Les entreprises ont-elles tort de ne pas faire confiance non pas à leurs salariés mais à "un" recrutement, qui, s'il s'avère mauvais, peut les planter au regard du droit du trav...

le 04/07/2013 à 0:47
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Sans nier que la vie de patron de PME n'est pas une sinécure, il est quand même plaisant d'entendre cette litanie ressassée quant aux misères dont sont victimes tous ces courageux entrepreneurs. Qu'à cela ne tienne, devenez salarié, vous verrez les m...

le 04/07/2013 à 11:06
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Vous inquiétez pas on paiera tous, en argent ou autre mais on paiera, il suffit juste d'attendre un jour ou l'autre les tètes tomberont violemment sur le sol et on fermera les portes et les volets pour pas voir l'horreur de notre vote et de l'incompé...

le 04/07/2013 à 16:25
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Salarié puis repreneur de PME, je suis tout à fait d'accord, il n'y a photo. On est beaucoup plus heureux en tant qu'entrepreneur, avec la liberté d'entreprendre ... ailleurs ...

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