Hollande-Macron : qui sera le plus "social" des deux ?

Retrouvez la chronique de Philippe Mabille dans "Entendez-vous l'éco" sur France Culture du jeudi 10 novembre 2017.
Philippe Mabille

70 euros par an, c'est le gain moyen de pouvoir d'achat enregistré par les ménages français avec les mesures fiscales et sociales prise en 2016, l'avant dernière année du mandat de François Hollande. En révélant ce chiffre dans son portrait social, l'Insee montre que les 10% les plus modestes ont vu leur niveau de vie augmenter de 1,8% et le décile suivant de 0,8%. A l'inverse, les 20% les plus aisés ont vu leur niveau de vie baisser légèrement de 0,1%.
 
Que nous enseigne cette batterie de chiffres ? Surprise, surprise, Hollande a bien eu une politique sociale en faveur des plus modestes ! Notamment avec la création de la prime d'activité, fusion du RSA activité et de la prime pour l'emploi. Mais il n'y a consacré que 1 milliard, trop peu pour avoir un effet visible. Il n'a sans doute pas fait assez, mais au final, même s'il y a eu un ressenti dans l'opinion d'une politique déséquilibrée au profit des entreprises, l'Insee lui rend justice et nous dit que les inégalités se sont légèrement réduites grâce aux réformes sous son quinquennat.

La gauche se serait-elle donc suicidée en accusant, à tort, le précédent président de la République d'avoir trahi ses idéaux ? Ce pourrait être une interprétation.... politique. On peut considérer que le procès permanent des frondeurs du PS contre la « gauche de gouvernement » a fait le lit des extrêmes et empêché le président sortant, très impopulaire, de se représenter, alors même que sa politique était, de son point de vue, juste socialement.

Le problème c'est qu'on ne dispose de ces chiffres sur l'impact de la politique menée il y a deux ans qu'a posteriori. C'était avant qu'il fallait convaincre ! En outre, les divisions de la gauche se sont aussi cristallisées sur d'autres éléments de l'action de Hollande, comme la loi El Khomry sur le travail ou la loi Macron qui ont donné une teinture libérale à l'action de la gauche dite de gouvernement.

Tout le paradoxe de la situation présente, c'est qu'Emmanuel Macron, élu grâce au rejet de la politique de Hollande, va bénéficier à plein de l'impact positif des réformes de son prédécesseur. La compétitivité de l'économie française est en train de se redresser, les créations d'emploi sont dynamiques, même si cela ne se voit pas encore sur le taux officiel du chômage. Le climat des affaires annoncé ce matin est au plus haut depuis dix ans...Les classes moyennes bénéficieront même l'an prochain d'une baisse d'impôt sur le revenu votée dans le budget 2017 à l'instigation de François Hollande !

Dans son portrait social, l'Insee confirme que la situation des classes moyennes, une catégorie de personnes dont le niveau de vie est situé entre 1.510 et 1.850 euros nets par mois en 2014, a beaucoup souffert de la crise. En France métropolitaine, près d'une personne sur cinq y appartient, soit 9 millions d'adultes. Que constate -t-on ?  Seuls 10% ont un diplôme supérieur à Bac +2, un peu plus de la moitié sont sans emploi, principalement ouvriers ou employés. Plus d'un sur cinq n'a pas les moyens de partir une semaine en vacances.

C'est sur cette catégorie sociale que joue à plein l'effet sablier, la polarisation entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. C'est là qu'il faut agir. Là que se situe le terreau du populisme. Emmanuel Macron l'a bien compris et c'est le sens de son choix de remplacer les cotisations salariales par une hausse de la CSG. Cette mesure puissante doit apporter 7 milliards d'euros aux salariés.

Le gouvernement, qui sait bien que sa politique fiscale va favoriser les plus riches, avec la réforme de l'ISF et la flat tax, compte sur la perception rapide, dès l'an prochain des effets de ces mesures, auquel il faut ajouter la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des contribuables et même 100% puisqu'on vient d'apprendre qu'elle pourrait totalement disparaître en 2020.

L'objectif est de soutenir les classes moyennes et la consommation. Pour 21 millions de Français, "le gain net de pouvoir d'achat [du transfert cotisations/CSG] sera de 1,45%, soit 260 euros par an pour un salarié au smic", selon Bercy. Un coup de pouce important pour le pouvoir d'achat, qui quand il apparaîtra sur la feuille de paie, pourrait bien changer la perception négative sur la politique sociale d'Emmanuel Macron. Seul problème : il s'agit d'un transfert générationnel entre une partie des retraités et les actifs, que les premiers ont du mal à... avaler.
 
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Philippe Mabille

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Commentaires 9
à écrit le 26/11/2017 à 11:05
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Ben pour l'instant c'est facile, plus 70 euros pour hollande donc selon votre calcul et moins 5 euros pour le mac, qui a décidé de baisser l'age de la majorité sexuelle à 15 ans soit dit en passant, au secours, les mesures sociales n'étant que des pr...

à écrit le 25/11/2017 à 13:12
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" 70 euros par an, c'est le gain moyen de pouvoir d'achat " <--- cette phrase resume tout...... a fiscalite constante, voire en legere augmentation, ca veut dire que peu d'imbeciles vont payer pour qu'il y ait ' un gain moyen'....... hollande a fait...

à écrit le 25/11/2017 à 10:51
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HOLLANDE ET MACRON SONT SUR LA BONNE VOIE POUR REDONNE DU POUVOIR D ACHAT AUX CLASSES POPULAIRE ET AUX FRANCAIS MOYENS ? . MAIS MACRON VAS PLUS LOIN CAR A COMPRIS QUE LES CHARGES SOCIALES SUR LES SALAIRES ETAIT UN MAUVAISSE METHODE? EN REPRENENT DE ...

le 26/11/2017 à 8:44
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.... cessez de crier !

à écrit le 25/11/2017 à 6:15
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" il s'agit d'un transfert générationnel entre une partie des retraités et les actifs " ...c'est surtout un scandale qui relève plus du racket d'état que du transfert !!! Saigner des gens qui ont cotisé toute leur vie pour LES AUTRES est pr...

le 25/11/2017 à 7:00
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Votre commentaire est excessif donc nul. N’oubliez pas que ce sont les actifs qui payent nos retraites et l’augmentation de leur pouvoir d’achat entraînera la création d’emplois qui générera des cotisations retraites. En ce qui me concerne c’est une ...

le 25/11/2017 à 9:52
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... bien sur ... et favoriser les nantis n'est pas du tout excessif !c'est tout a fait "républicain , egalitaire et juste..... " ! .... au pays des moutons ...! !

à écrit le 24/11/2017 à 23:10
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Titre ridicule. C'est sûr que toutes les dernières lois sur le droit du travail étaient sociales. De même que la quasi-disparition de l'ISF.

à écrit le 24/11/2017 à 21:45
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Les articles beta du journal...ça vole pas haut !!!

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