La dissonance cognitive de François Hollande

François Hollande fait un bilan positif de son action mais décide de ne pas se présenter à sa propre succession. Laissant aux prétendants le soin de prouver qu'ils sont capables de rassembler la gauche, il reprend sa liberté.
Robert Jules
François Hollande.

On savait que la politique est plus un art qu'une science. On en aura eu une bonne illustration jeudi soir, avec l'annonce de François Hollande de ne pas se représenter à l'élection présidentielle. Pourtant, la logique de son discours énoncé d'une voix blanche relevait de ce que les psychologues appellent une « dissonance cognitive » qui caractérise l'état inconfortable d'un individu qui agit en désaccord avec ses croyances.

Car après avoir consacré une large part de son discours à dresser un bilan extrêmement positif - hormis le regret sur le projet de déchéance nationale - de son action depuis quatre ans et demi, il en a conclu paradoxalement qu'il lui fallait renoncer à se représenter.

Desserrer l'étau

Cet exercice d'auto-satisfaction - à rebours de l'avis d'une écrasante majorité de Françaises et de Français qui dans les sondages rejettent son action - a donc un autre rôle : commencer à façonner durant les six prochains mois l'image que laissera François Hollande dans l'histoire de la Ve république, en le faisant sans la pression exercée ces dernières semaines par son propre camp, notamment par le plus impatient, son premier ministre Manuel Valls.

« Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle », s'est-il justifié, lucide. L'enseignement tiré de la primaire de la droite et du centre a confirmé qu'aujourd'hui les conditions d'une candidature n'étaient pas réunies, malgré l'envie d'y aller.

Priver la meute d'hallali

François Hollande a vu comment Nicolas Sarkozy a été critiqué systématiquement sur son bilan présidentiel malgré les presque cinq années écoulées, avant d'essuyer une cuisante défaite. L'obstacle de la primaire de la gauche s'annonçait pour le président sortant une véritable épreuve, avec comme probable conclusion humiliante d'être classé troisième, voire quatrième...

Retrouver de la hauteur

Désormais délivré de ce futur cauchemar, reprenant de la hauteur, retrouvant sa liberté d'action et de parole, il va regarder la rude bataille qui s'annonce entre les prétendants, au premier rang Manuel Valls et Arnaud Montebourg, au sein d'un parti socialiste affaibli par ses derniers déboires électoraux, sans culture ni idées originales, miné par la guerre des egos, où le credo de la lutte de classes a été depuis longtemps remplacé par la féroce lutte des places.

Risquer - ou attendre - le chaos

La gauche, au grand désarroi de ses militants et de ses électeurs, est en danger sinon d'éclatement du moins d'émiettement, à cause de la multiplication des candidatures : en attendant le vainqueur de la primaire, qui va se tenir dans - à peine - un mois, le PS est d'ores et déjà coincé entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, grignoté par le vert Yannick Jadot et la radicale Sylvie Pinel, en attendant peut-être l'arrivée de Christiane Taubira. Une logique qui va conduire inévitablement à l'absence de la gauche au deuxième tour, comme ce fut le cas en 2002 avec Lionel Jospin, Premier ministre sortant.

Ce risque est précisément la raison avancée par François Hollande pour justifier sa décision. Si donc aucun leader ne faisait l'unanimité et si le PS sombrait dans le chaos, avec le risque d'éclipse comme le Pasok en Grèce, le président pourrait devenir le faiseur de roi, voire apparaître en recours. Ce n'est évidemment pas à l'ordre du jour, mais nul mieux que lui sait qu'en politique, tout dépend des circonstances.

Robert Jules

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Commentaires 25
à écrit le 04/12/2016 à 21:55
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Donc il prend acte du fait qu'il ne représente plus rien en France et il ne démissionne pas ? Un président ne devrait pas faire ça... Sauf à démontrer qu'il n'a jamais été Président.

à écrit le 04/12/2016 à 14:24
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Nos Ceaucescu post 1989. Merci pour cette momentitude les charlots.

à écrit le 04/12/2016 à 12:01
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Les médias sont tenus par les actionnaires milliardaires et ça fait 5 ans qu'ils font du hollande bashing primaire car bien obéissants envers leurs maitres. Alors que Hollande a fait une bonne politique de droite, en tout cas bien meilleure que c...

à écrit le 04/12/2016 à 9:54
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"dissonance " est un terme bien pudique pour qualifier une INSUFFISANCE voire une MEDIOCRITE cognitive pathologique ! La Tribune pratiquerais-t-elle la charité verbale ?

à écrit le 04/12/2016 à 9:35
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Laisser entendre que son seul faux pas était la déchéance de nationalité c est prendre le peuple pour des gogos .Que dans son esprit les mensonges du Bourget étaient de bonne guerre on peut difficilement y souscrire , sauf si une suite de succès écon...

à écrit le 03/12/2016 à 19:22
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Lorsqu'il sera à la retraite, il aura plus de 35 000 €/mois soit plus que lorsqu'il était en activité. C'est peu dire que ce fut le plus mauvais président de la République depuis des décennies.

à écrit le 03/12/2016 à 18:57
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le pire est que dans son discourt d'abandon il est persuadé d'avoir reussi son quinquenat ,il laisse france dans un etat lamentable et il a fait la meme chose lorsqu'il a geré le parti socialiste ,il est bien capable de se representer en 2022 ,les en...

le 04/12/2016 à 10:22
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j'ai connu 6 présidents,je pense que c'est le plus nul que j'ai connu,il est le moins reconnu a l'étranger comme chef d'état,c'est plus un monarque qu'un dirigeant,d'ailleurs il suffit de voir les commentaires des journalistes allemands, ils disent q...

à écrit le 03/12/2016 à 16:09
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Perso je n'aime pas les politiques, peut importe de quel coté .... je remarque qu'à gauche c'est le trop plein ... donc l’échec à venir !

à écrit le 03/12/2016 à 15:27
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Soyons honnête de reconnaître , 27 ans après la chute du mur de Berlin , c'est l'effondrement de la dernière nomenklatura au pouvoir en Europe ,entièrement socialiste ...reste dés maintenant , a connaître le montant de l'ardoise , que les socialistes...

à écrit le 03/12/2016 à 14:18
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François Hollande fait un bilan positif de son action mais décide de ne pas se présenter à sa propre succession. Cela s'appelle partir en pleine gloire.

à écrit le 03/12/2016 à 14:13
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François Hollande fait un bilan positif de son action mais décide de ne pas se présenter à sa propre succession. Cela s'appelle partir en pleine gloire.

à écrit le 03/12/2016 à 13:08
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J'aime beaucoup l'expression "parti où la lutte des classes a été remplacée par la lutte des places". Je crois que c'est la cause principale de l'impopularité de l'actuel président de la république, et également la raison principale pour laquelle Mac...

à écrit le 03/12/2016 à 12:22
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il faut que la suite soit la meme pour les 1er ministres qui ont valide le desastre economique. que ce soit fillon pour la gestion sarko ou m valls pour la gestion hollande ou encore royal leur part de responsabilite est trop grande ont peu meme...

à écrit le 03/12/2016 à 9:37
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En 1914 , après l’assassinat de Jaurès, les socialistes deviennent des va-t-en-guerre : invraisemblable trahison entraînant une abominable boucherie , la prise du pouvoir des bolcheviks en Russie ; la création des partis communistes et de la 3ème Int...

à écrit le 02/12/2016 à 23:18
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Si je comprends bien, les journalistes auraient trouvé normal qu'Hollande, après avoir répété chaque année qu'il ne se présenterait pas aux élections si le chômage n'avait pas baissé, se présente quand même. Parce qu' à ma connaissance, le plein empl...

le 03/12/2016 à 12:32
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Pas uniquement journalistes. On peut élargir au monde médiatico-politico-culturel, vous savez tout ce petit monde qui vit en autarcie sociétal. Qui reçoit les romans, les CD, DVD, etc gracieusement et incite les sans dents à aller les acheter. Qui so...

à écrit le 02/12/2016 à 17:56
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La gauche peut gagner en France, on l'a bien vu. Quand on regarde la satisfaction de tout les français sur l'action du président, on comprend vite qu'elle ne veut pas de cette politique économique. Pourtant, cette frange de la population ne vote géné...

à écrit le 02/12/2016 à 17:36
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Hollande ,prendre de la hauteur?C'est sans doute une plaisanterie grinçante.Je ne sais meme pas s'il sera bien accueilli a Tulle!

à écrit le 02/12/2016 à 16:12
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Les socialistes rassembler la gauche... déjà que Mélenchon n'en est pas capable on voit mal comment le centre droit aurait de meilleurs résultats. L'électorat de gauche, le vrai pas celui qui vote valls ou macron, est un peu plus intelligent que ...

le 02/12/2016 à 19:22
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L'electorat de gauche est plus intelligent que celui de droite .... Ouah ! Quelle prétention, qu'elle suffisance. Pas étonnant que la gauche en soit là aujourd'hui, au bord du gouffre.

le 02/12/2016 à 19:22
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L'electorat de gauche est plus intelligent que celui de droite .... Ouah ! Quelle prétention, qu'elle suffisance. Pas étonnant que la gauche en soit là aujourd'hui, au bord du gouffre.

le 02/12/2016 à 19:23
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L'electorat de gauche est plus intelligent que celui de droite .... Ouah ! Quelle prétention, qu'elle suffisance. Pas étonnant que la gauche en soit là aujourd'hui, au bord du gouffre.

le 02/12/2016 à 19:23
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L'electorat de gauche est plus intelligent que celui de droite .... Ouah ! Quelle prétention, qu'elle suffisance. Pas étonnant que la gauche en soit là aujourd'hui, au bord du gouffre.

le 04/12/2016 à 10:14
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L'électorat de gauche, il a aussi beaucoup déserté le PC et le PS pour aller au FN. Je ne soutiendrai pas que c'est un signe d'intelligence. On peut y voir un signe de désespoir, de rage, d'affolement ou de révolte, mais pas d'intelligence. Mai...

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