Le Bitcoin, une valeur refuge

La monnaie cryptée s'est appréciée de 87% en 2016. Nombre d'achats notamment indiens et chinois ont été davantage motivés par un besoin de valeur refuge que par les paiements en ligne.
Robert Jules

Dans l'exercice classique de revue des performances des actifs financiers de l'année passée, il faut souligner la belle hausse réalisée par le Bitcoin. Sur 2016, la monnaie cryptée s'est appréciée de 87%, et a même atteint en ce début d'année quelque 1.000 dollars, son meilleur prix depuis 3 ans.

Cette monnaie, rappelons-le, est créée grâce à la Blockchain. Cette technologie permet de constituer une base de données qui enregistre des transactions que l'on ne peut pas modifier rétroactivement, autrement dit un système réellement décentralisé, offrant un suivi sécurisé, qui pourrait d'ailleurs remettre en cause demain tout système de centralisation de données, et ce, dans tous les secteurs.

Pénurie d'argent liquide

Nombre d'achats qui ont alimenté la hausse ont été réalisés à partir de la Chine et de l'Inde. Et c'est là un point intéressant à noter, le Bitcoin sert de valeur refuge en quelque sorte. En effet, en décembre la décision du gouvernement indien de supprimer la circulation des plus grosses coupures pour lutter contre le marché noir a profité à la monnaie cryptée. De même, la dépréciation du yuan, la devise chinoise (-7% en 2016 face au dollar), qui devrait se poursuivre avec la présidence de Donald Trump, a poussé certains investisseurs locaux à se tourner vers le Bitcoin.

En tous les cas, ils ne se sont pas tournés vers l'or, valeur refuge par excellence. Pourtant, l'Inde est un pays où le marché du métal jaune est l'un des plus importants et les échanges bien organisés. De fait, l'once sur les marchés internationaux s'est appréciée d'à peine moins de 9% sur l'année passée. Le métal jaune est l'une des victimes des politiques de taux bas et de rachats d'actifs, décidées par nombre de banques centrales à travers le monde qui ont surtout créé pour le moment de la désinflation.

Personne ne fixe à l'avance le volume et le coût de la monnaie

C'est d'ailleurs ces politiques monétaires qui poussent certains investisseurs à se tourner vers le Bitcoin. Son prix ne dépend d'aucune institution monétaire, mais uniquement de la confrontation entre l'offre et la demande, puisque personne ne fixe à l'avance le volume et le coût de la monnaie.

Ce rôle de protection est loin d'être négligeable. S'il reste un moyen commode de payer en ligne - une fonction de plus en plus étendue même si elle reste marginale -, ce nouveau statut traduit la reconnaissance du sérieux de son rôle, contrairement à la réputation sulfureuse qu'a pu avoir dans un passé récent le Bitcoin, entre manipulation à des fins spéculatives et transactions discrètes pour activités mafieuses.

Le marché du Bitcoin représente aujourd'hui une valeur totale de plus de 14 milliards de dollars. Ce n'est certes pas grand-chose en comparaison du marché des devises, mais ce n'est pas non plus anecdotique.

Le projet de la Banque de Suède

Et les monnaies électroniques ont le vent en poupe. La Banque de Suède a indiqué le mois dernier réfléchir sur la possibilité d'introduire sa propre monnaie cryptée pour effectuer des paiements électroniques, le pays étant l'un de ceux où le recours au cash est de plus en plus rare. Le but serait pour l'institution suédoise de pouvoir maîtriser la masse monétaire bien mieux qu'avec sa politique de taux. À la différence du Bitcoin, elle en garderait le contrôle. C'est d'ailleurs là tout l'enjeu.

Le Bitcoin est-il parti pour remplacer nos monnaies ? On n'en est pas encore là. Mais il est sûr que cette monnaie libre a ouvert une brèche dans le système monétaire qu'aucun libertarien n'aurait pu imaginer il y a encore quelques années sinon dans ses rêves. Et cette brèche, notamment grâce à la révolution Blockchain, n'est pas en train de se refermer, loin de là. À moins que les États décident d'en reprendre le contrôle.

Robert Jules

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Commentaires 3
à écrit le 03/01/2017 à 8:48
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P.S: http://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/CASTLETON/54957

à écrit le 03/01/2017 à 8:48
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"Le banquier, l’anarchiste et le bitcoin" (article gratuit)

à écrit le 02/01/2017 à 19:20
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Incroyable en effet le BT ! toutefois la consommation énergétique semble très importante, le coût de l'énergie aura peut-être la peau de cette monnaie sans lois, ni états ?? Le BT accélère le RC, le BT est haut le RC aussi :-(

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