Le Parti socialiste a-t-il un avenir  ?

Pris en étau entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, le parti socialiste, issu du congrès d'Epinay en 1971, a perdu son hégémonie à gauche, usé par le pouvoir et incapable de clarifier une ligne politique.
Robert Jules
Contrairement à celle de la droite, la primaire de la gauche (la "Belle alliance populaire") va voir se déchirer divers candidats dont le seul but n'est pas de gagner la présidentielle mais de s'imposer à la tête du parti pour mener la recomposition qui s'annonce après les élections législatives. Il n'est même pas sûr que cela suffise à sauver ce parti.

Le parti socialiste français va-t-il connaître un destin analogue à celui du Pasok grec ou encore du PSOE espagnol, à savoir perdre son hégémonie à gauche ? Usé par quatre années et demi de présidence de François Hollande - qui a atteint des records d'impopularité pour un président de la Ve république -, tiraillé en interne par la bataille entre les tenants de la ligne "réaliste" suivie par Manuel Valls et les élus "frondeurs" protestant contre les abandons des fondamentaux du parti, le PS est en train de vivre la fin du cycle qui s'était ouvert en 1971 avec le congrès d'Epinay, qui lui aura permis de gouverner la France.

Contrairement à celle de la droite, la primaire de la gauche, dénommée la « Belle alliance populaire » - slogan plus que concept qui prend un sens ironique au regard de la situation présente -, va voir se déchirer divers candidats dont le seul but n'est pas de gagner la présidentielle - le parti socialiste a peu de chances aujourd'hui d'être au second tour - mais de s'imposer à la tête du parti pour mener la recomposition qui s'annonce après les élections législatives. Il n'est même pas sûr que cela suffise à sauver ce parti.

Valls, comptable du bilan du gouvernement

Quant à l'opération de Manuel Valls, elle risque de tourner court. L'objectif de rassemblement, qu'il ambitionnait légitimement d'atteindre tant qu'il était Premier ministre, va s'avérer bien plus difficile à réaliser au fur et à mesure que le simple candidat qu'il est devenu va rentrer dans le dur de la campagne face à des adversaires qui ne lui feront aucun cadeau, notamment sur son bilan de Matignon, dont il est comptable. En outre, l'entrée en lice de Vincent Peillon, pur produit du parti socialiste, fervent laïc, est en train de lui enlever toute prétention à la victoire, et pourrait même lui valoir un sort à la Nicolas Sarkozy, arrivé troisième lors de la primaire de droite.

Plus inquiétant, surtout, pour le Parti socialiste, c'est qu'à la différence de l'électeur de droite, l'électeur de gauche se voir proposer une offre variée avec, à la droite du PS, Emmanuel Macron, qui, en attirant plus de 10.000 personnes à son meeting parisien samedi, est en train de faire sa "révolution", titre de son livre prouvant que son progressisme libéral-socialiste répond à une réelle attente.

Quant à la gauche du PS, Jean-Luc Mélenchon, qui a déjà l'expérience de la campagne précédente, s'est préparé en tissant sa toile, notamment en utilisant les réseaux sociaux, avec une campagne de proximité, s'attirant de nombreux soutiens. Dans son cas également, le discours qu'il tient, par exemple sur l'Europe - il se dit prêt à sortir de l'Union européenne si l'orientation suivie à Bruxelles et imposée par l'Allemagne n'est pas changée - a l'avantage d'être clair.

Les appels désespérés de Jean-Christophe Cambadélis

Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi les appels désespérés du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, aux deux challengers de venir participer à la fête de la "Belle alliance populaire" n'ont reçu que des réponses négatives.

L'étau qui se referme sur le PS - il faudrait également ajouter Yannick Jadot, gagnant surprise de la primaire chez les écologistes - montre qu'il existe deux courants clairement différents à gauche, que le Parti socialiste aura passé son temps à vouloir réconcilier en évitant les sujets de fond qui fâchent - la bataille des idées qui est la mère des batailles pour un parti - lui préférant une logique purement électorale et un réseau d'élus, qui se réduit comme peau de chagrin au fil des consultations électorales depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande.

Surtout, le PS paie aujourd'hui de n'avoir pas fait la clarification exigée par Michel Rocard au lendemain du "non" au référendum sur la constitution européenne de 2005, qui avait déchiré à l'époque le parti. Refus qui avait été le fait du premier secrétaire de l'époque, un certain François Hollande.

Robert Jules

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Commentaires 19
à écrit le 13/12/2016 à 18:50
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Comme vous dites , c'est dans " l'air du temps " :en Grece , en Espagne , et maintenant en France ...; mais ne pas trop charger F.Hollande : c'est avant tout F.Miterrand qui a " usé " du P.S. à ses fins personnelles a entamé sa descente aux enfers et...

à écrit le 13/12/2016 à 11:54
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Oui un seul, le Mur !!!!!

à écrit le 13/12/2016 à 10:35
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Sans État, point de socialisme et l'Europe n'est qu'un patchwork!

à écrit le 13/12/2016 à 9:03
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À l'UMP non plus ils n'ont pas fait de clarification après le non au référendum de 2005, Pasqua avait fait une campagne particulièrement efficace pour le non à mon avis cela a fait comme au PS la moitié de l'électorat a voté pour le non. Le non e...

à écrit le 13/12/2016 à 8:49
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la france coule apres 5 ans de hollande dont la politique du gouvernement ayrault commence a peine a porter ses fruits de misere et d'appauvrissement ( donc de mointee programee du fn), et la question c'est de savoir comment vont faire les caciques n...

à écrit le 13/12/2016 à 8:47
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Faites la liste des personnalités du PS, et nous allons pouvoir vous dire lesquelles ont encore un avenir politique. J'ai beau chercher, je n'arrive pas à passer les doigts d'une seule main, dont M.Valls.. Le PS est mort dans ses structures actuelles...

à écrit le 13/12/2016 à 8:38
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Il existe une relation entre le prix de l'énergie et le cout du travail. Les partis politiques qui ignorent cette relation disparaitront, de gauche comme de droite. C'est très long à expliquer.

à écrit le 13/12/2016 à 8:28
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Totalement d'accord avec Apo. Le PS est tellement mort idéologiquement et politiquement qu'il a peur de se faire devancer par Nouvelle Donne ou le MRC et du coup pratique la censure, c'est tellement pitoyable... Autant les ricains de gauches ont ...

à écrit le 13/12/2016 à 8:24
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OUI , celui d'un groupuscule confidentiel , a l'image des verts lui aussi laminé par ses dirigeants !

à écrit le 13/12/2016 à 8:00
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Le PS a été dissous dans l'eau tiède de l'Europe libérale!

à écrit le 13/12/2016 à 7:55
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Le PS façon Hollande et Valls ne pouvait se concevoir qu avec une économie saine et l intelligence de la droite à été de faire des dettes , donc diminuer la redistribution socialiste une fois ceux ci au pouvoir, et le PS au lieu d en tirer la conclu...

à écrit le 13/12/2016 à 7:22
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au-delà du parti socialiste fossilisé , 27 ans après la chute du mur de Berlin et l'effondrement du paradis socialiste en ex-Urss ..s'est la doctrine socialiste en fin de cycle au 21ème siècle, qui valide sa courbe décadente ...... au final, le pl...

à écrit le 13/12/2016 à 6:54
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Il est fort probable que le PS devienne la 5e force politique du pays. La politique de Hollande a visiblement asséché la base militante de gauche et la base libéral se dispute le même siège que macron avec le bilan comme frein. Le fait que Mélench...

à écrit le 12/12/2016 à 23:14
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Le parti socialiste a été gangréné par le casseur Valls puis Macron est le fossoyeur de service ; Le point commun entre Valls et Macron, ils s'avèrent être les meilleurs alliés de l'UMP et du Front National, peut être en sont ils des taupes à la s...

à écrit le 12/12/2016 à 21:14
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Si l'on en juge par les bilans de Hollande qui ne laisse que des désastres partout où il passe, le PS est en effet foutu :-)

à écrit le 12/12/2016 à 21:10
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Un article qui en un jour n'a reçu aucun commentaire des lecteurs de La Tribune Sans commentaire

à écrit le 12/12/2016 à 21:10
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à écrit le 12/12/2016 à 20:29
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Emmanuel Macron occupe habilement à lui seul l'espace politique d'une gauche blairiste moderne que le PS a toujours laissé en jachère... alors que c'était le seul espace politique qui était possible.

le 13/12/2016 à 11:57
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Peut étre mais Macron est creux et surcroit c'est un banquier, a mourir de rire !!!

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