Les Pays-Bas, premier test électoral pour l'Europe post-Brexit

Les Néerlandais votent ce mercredi pour élire leurs députés. Le PVV, la formation d'extrême droite de Geert Wilders, pourrait arriver en tête. Même s'il n'aurait pas les moyens de gouverner en l'absence de coalition, ses thèmes de prédilection - euroscepticisme et anti-immigration - gagnent du terrain en Europe en cette année électorale majeure pour la France et l'Allemagne.
Robert Jules
Geert Wilders, leader du parti d'extrême droite (PVV) (à gauche) et Mark Rutte, Premier ministre sortant, leader du parti conservateur (VDD), avant leur débat télévisé lundi.

Depuis le Brexit et l'élection de Donald Trump, il faut se méfier des pronostics. Aussi, lors des élections législatives qui se tiendront ce mercredi aux Pays-Bas, l'arrivée en tête du PVV, la formation de Geert Wilders, s'affichant ouvertement eurosceptique, anti-immigrés et prônant la « désislamisation » du pays, est un risque à ne pas écarter. Il adresserait un signe supplémentaire du rejet sinon de la méfiance à l'égard de l'Union européenne.

Le vote batave inaugure cette année une série de consultations importantes pour l'avenir de l'UE, avec en mai la présidentielle en France et le référendum sur la loi travail en Italie, et les législatives en Allemagne cet automne.

Extension de l'euroscepticisme

La confirmation d'une extension de l'euroscepticisme fragiliserait encore davantage une Union, dont les membres peinent à faire front commun, comme vient de l'illustrer la polémique entre la Turquie et les Pays-Bas qui ont refusé, contrairement à la France, d'autoriser le ministre des Affaires turc a mené campagne auprès de la diaspora turque.

Certes, même s'il arrive en tête, Geert Wilders - sa formation est créditée de 16% des suffrages dans les sondages, en deuxième position - aura toutes les peines à former une coalition de gouvernement, en raison d'un système électoral à la proportionnelle. Si parmi les 15 formations qui présentent des candidats, la majorité devrait envoyer des députés siéger au parlement, les principales refusent de gouverner avec Geert Wilders.

C'est à une équation semblable que se retrouve d'ailleurs confronté le Front National en France, où Marine Le Pen reste dans les sondages largement en tête au premier tour mais perd dans tous les cas de figure au second, en raison du scrutin majoritaire à deux tours.

Un bon élève européen

Il y a donc des chances que Mark Rutte, le Premier ministre sortant, dont le parti conservateur VVD reste en tête des intentions de vote (18%), soit le futur chef de gouvernement ou au moins un de ses membres éminents. Il restera à savoir s'il s'associera à nouveau avec les Travaillistes pour mener une politique de rigueur qui lui a permis d'afficher un taux de croissance en 2016 de 2,1% et un chômage à 6%. Pour autant, si ces chiffres font du pays un bon élève européen, ils restent dans la norme pour l'économie hollandaise, voire en deçà.

Durant la campagne, Mark Rutte a d'ailleurs plutôt durci le ton en matière d'immigration et réaffirmé ses valeurs conservatrices pour éviter que ses électeurs ne se tournent vers Geert Wilders, qui aura donc imposé son agenda.

La tentation du repli

Cette situation reflète le malaise qui s'est installé depuis plusieurs années dans une partie de la société néerlandaise, longtemps réputée pour son ouverture et son multiculturalisme. Aussi, une victoire de Geert Wilders mercredi indiquerait que la tentation du repli gagne du terrain. Et elle viendrait confirmer que l'euroscepticisme que l'on voit à l'oeuvre dans nombre de pays du Vieux continent nécessite un sursaut et une réponse ambitieuse de la part de ceux qui sont persuadés que la construction européenne reste un projet d'avenir.

Robert Jules

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 15/03/2017 à 9:55
Signaler
C'est la toute dernière chance des pays bas de pouvoir accéder à la sortie de l'U.E , après un nouveau traité et la formation d'une armée de l'Euro cela ne sera plus possible .

à écrit le 15/03/2017 à 9:32
Signaler
Quand on est enfermé dans une zone administrative comme l'UE de Bruxelles, on nous raconte que l'on est plus ouvert au monde! Mais, il semblerai que cet ouverture ne soit pas celle que recherche chacun des pays qui la composent mais celle des technoc...

à écrit le 15/03/2017 à 9:06
Signaler
"une politique de rigueur qui lui a permis d'afficher un taux de croissance en 2016 de 2,1% et un chômage à 6%." Qu'attendons nous pour nous y mettre ?

à écrit le 15/03/2017 à 8:38
Signaler
Merci au "travail détaché" imposé par l'UE malgré le rejet par référendum de ses peuples, du moins du peuple français en 2005. C'est bizarre l'europe impose sa Loi et elle est en crise ? Mais c'est de notre faute voyons c'est évident.

le 15/03/2017 à 9:10
Signaler
La directive "travailleurs détachés" remonte à 1996. Ceux qui ont fait croire aux peuples que c'est elle (ou l'adhésion turque ou la courbure des concombres) qui était soumise à référendum en 2005 ont trompé leurs électeurs et étaient hors-sujet.

le 15/03/2017 à 10:12
Signaler
Vous nous affirmez donc que l'europe nous veut du mal bien d'avoir mépriser notre opinion via le référendum de 2005 je m'en doutais un peu mais je ne pensais pas que les racines du mal étaient déjà si grosses. Ça tombe bien j'avais voté non à Maa...

le 16/03/2017 à 21:38
Signaler
@CB : apparemment vous 'avez pas lu ma réponse ; c'est le TCE et non la directive travailleurs détachés (ou l'adhésion turque ou la courbure des concombres) qui était soumise à référendum en 2005. C'est à dire une question institutionnelle.

le 21/03/2017 à 17:01
Signaler
"apparemment vous 'avez pas lu ma réponse" Ben si puisque je suis obligé mais je pense que c'est comme d'habitude plutôt vous qui n'avez pas compris la mienne.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.