Nec Mergitur : le réveil de la Force

Depuis les attentats, la startup-sphère bouillonne pour contribuer à la lutte anti-terroriste. Les jedis de la révolution numérique peuvent faire gagner la démocratie contre l'empire du mal. Mais elle doit s'en donner les moyens...
Les jedis entrepreneurs se lèvent pour contribuer à la sécurité.

« Aux armes, citoyens ! » Jamais, depuis les massacres du 7 janvier et du 13 novembre, nous n'aurons autant entendu ces paroles guerrières de la Marseillaise. En cette triste fin d'année 2015, alors que la France est entrée en guerre totale contre le terrorisme et que le froid s'installe après l'accord historique à la COP21 de Paris, on a envie de profiter des fêtes pour se retrouver, en famille et entre ami (e) s, pour tenter, non pas d'oublier, comment le pourrait-on, mais de prendre le temps de réfléchir et de se préparer à 2016. « Winter is coming », comme le dit la célèbre série Game of Thrones et il n'est guère annonciateur de bonnes nouvelles.

La croissance reste incertaine, le monde est instable, les populismes gagnent du terrain partout, le manque d'emplois demeure la plaie de nos économies en pleine transformation. 2016, année de campagne présidentielle aux États-Unis et de précampagne en France, s'annonce sous le signe de l'imprévu, caractéristique principale du Singe de feu, qui succédera à la Chèvre de bois dans le calendrier chinois.

Aux armes citoyens... Dès le soir du 13 novembre, des dirigeants de la « startup-sphère » se sont demandé ce que la société civile pouvait faire pour contribuer à la lutte antiterroriste. La mobilisation sur les réseaux sociaux, Twitter avec le hashtag #portesouvertes et Facebook avec l'outil Safety Check ont éveillé les esprits imaginatifs des chevaliers Jedi de la révolution numérique. Peut-on trouver des technologies nouvelles pour aider à prévenir, si possible, à avertir, si besoin, à aider, en cas de nécessité ?

Ce sera l'enjeu du premier « hackathon sécurité » qu'organisera la Mairie de Paris du 15 au 17 janvier à l'école 42 de Xavier Niel, en rassemblant startups et développeurs, afin de nouer le dialogue avec les forces de sécurité et de secours. Mot-valise composé de « hack », pour « hacker », et de mara- « thon », pour signifier une expérience s'étendant sur tout un week-end, ce « hackathon », joliment baptisé Nec Mergitur (« il ne sombre pas », en référence à la devise de Paris), fera se rencontrer deux mondes qui n'ont pas l'habitude de se parler. Que peut-il en sortir de bon ? On pense évidemment au « 17 », le numéro d'urgence, qui a montré ses limites le 13 novembre et pourrait être amélioré pour éviter l'engorgement. Mais aussi à de nouveaux outils issus de l'économie collaborative, pour fournir au public de nouvelles applications type réseau social de proximité, signalement de comportements suspects. Ou bien des utilisations nouvelles des big data, les données massives, pour déceler les signaux faibles dans l'océan de l'Internet.

Jusqu'où aller sans tomber dans une société de surveillance, voire de suspicion mutuelle ? L'exemple de la loi Renseignement montre les risques attachés à un univers où le tout-technologique s'imposerait, où caméras de surveillance, reconnaissance faciale et algorithmes nous feraient basculer dans un univers à la Minority Report, le roman de Philip K. Dick porté à l'écran, où des « Precog » annoncent les meurtres avant qu'ils n'aient eu lieu. L'ère de la police prédictive, qui existe déjà dans les grandes villes américaines, est peut-être pour demain en France.

Notre sécurité repose aujourd'hui sur un défi logistique, avec plus d'hommes sur le terrain et plus de technologies. Mais gagner la guerre contre l'État islamique, ce qui prendra du temps, ne suffira pas pour ramener à la situation d'avant les attentats de 2015. À l'intérieur, comme à l'extérieur, c'est aussi un défi politique, au sens le plus noble du terme. Comme le montre le film Star Wars dont le septième épisode envahit nos écrans, la démocratie peut l'emporter sur l'empire du mal. Mais elle doit s'en donner les moyens.

Dans cet espoir d'un monde meilleur en 2016, toute l'équipe de La Tribune vous souhaite, à toutes et tous, de joyeuses fêtes.

May the Force be with YOU.

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