Eolien/solaire

Question : Les éoliennes déçoivent, l'énergie solaire décolle : c'est le titre ce matin de La Tribune. Dans le match entre ces deux énergies propres, le solaire prend aujourd'hui l'avantage sur l'éolien. Une surprise, Erik Izraelewicz ?

Oui, pour produire de l'électricité verte, le vent était à la mode ; il est en train de passer de mode. On l'a encore vu hier avec la société

Théolia

, l'une des stars de l'éolien. Cette société avait vu sa valeur en bourse exploser entre 2002 et 2007, multiplier par 60 en 5 ans ! Depuis, elle s'est effondrée : sa valeur a été réduite de moitié. Il y a encore deux ou trois ans, tout ce qui faisait de l'électricité à partir du vent, on se l'arrachait. Les parcs d'éoliennes poussaient comme champignons après la pluie. Il n'y en avait aucun en 90, plus de 320 à la fin de l'an dernier ! La capacité de production des éoliennes en France avait été multipliée par dix ces cinq dernières années.

En face, l'énergie solaire, les rayons de soleil transformés en électricité à partir de panneaux photovoltaïques, avait du mal à s'imposer. Trop cher, trop compliqué. On ne lui donnait pas trois sous. Eh bien, aujourd'hui, la situation s'est inversée. Radicalement. Le vent n'a plus la cote, le soleil s'est levé !

Les Français s'opposent de plus en plus à l'installation d'éoliennes près de chez eux...

C'est l'une des raisons des difficultés de l'éolien. Les turbines à vent ne polluent pas l'atmosphère, elle pollue le paysage. Mais ce n'est pas la seule. Le coût de l'électricité d'origine éolienne s'avère aussi plus élevé que prévu. Avec l'envolée du prix de l'acier, celui des turbines a explosé. Le transport pèse ensuite très lourd sur le prix du kilowatt/heure. Eh puis, le vent reste une énergie très imprévisible, très incertaine aussi. Il n'est pas toujours là à l'heure et à l'endroit où on en a besoin. Bref, avec l'éolien, c'est la grande désillusion. La bulle a explosé...

Le solaire, c'est pas la bulle suivante ?

Non, pas encore ! La nouvelle mode, disons. Le solaire reste cher, très cher. Le prix d'un panneau photovoltaïque est élevé. Mais ces panneaux peuvent être installés sur le lieu même de la consommation - sur le toit de la maison, de l'immeuble ou de l'usine. Il n'y a donc pas de coût de transport. Ces panneaux ont ensuite une longue durée de vie et peuvent stocker du kilowatt/heure. Bref, le solaire s'avère plus prometteur que l'éolien. De fait,

Total

cherche à vendre ses éoliennes et Edf à développer, massivement, son activité dans le solaire...

Edf ne va quand même pas abandonner le nucléaire pour le solaire !

Non. Attention. Là, on ne joue pas dans la même catégorie. L'éolien, le solaire, ca n'a rien à voir avec le nucléaire, avec les autres sources traditionnelles d'énergie. L'éolien, le solaire, la biomasse...ces énergies propres, ce sont bien sûr des sources d'énergie qu'il faut développer - quitte à les subventionner. Mais il faut savoir qu'elles ne seront pas rentables de sitôt, qu'elles resteront ensuite encore pendant longtemps marginales dans notre bilan énergétique. Pour l'ensemble de la planète, on estime que ces énergies renouvelables vont voir leur poids doubler d'ici 2030 dans l'approvisionnement du monde, elles vont passer passer de 1% à 2%...

Il ne pollue pas l'atmosphère, il pollue quand même les paysages. Mais ce n'est pas la seule. D'abord, l'éolien n'est pas aussi bon marché qu'il n'y paraît. L'envolée des prix de l'acier a provoquer une inflation sur le prix des turbines. Les coûts du transport pèsent lourd sur le prix du kilowatt heure, en bout de course. Et puis, il n'y a pas toujours du vent. L'électricité d'origine éolienne n'est finalement pas aussi intéressante qu'on le croyait. Au contraire, le solaire est certes plus cher au départ. Très très cher. Pour l'instant. Mais il permet une production plus régulière, au moment où on en a besoin, sans nécessité de transport. Bref, le solaire pourrait à terme devenir même financièrement plus intéressant que l'éolien.

L'éolien et le solaire sont des énergies propres. Elles coûtent quand même l'une et l'autre cher à produire...

Oui, elles devront encore pendant longtemps être subventionnées pour pouvoir se développer, c'est vrai. C'est pas demain la veille que leur coût se rapprochera de celui de l'électricité d'origine nucléaire ou hydroélectrique. De toutes façons, ces énergies renouvelables n'empêcheront pas le recours croissant au charbon. Un apport marginal, un apport essentiel quand même.

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