« Emploi : comment interrompre le grand raté des quinze dernières années ? »

Michel Rousseau est président de la Fondation Concorde. Bernard Zimmern (Institut de Recherche pour la démographie des entreprises, IRDEME) est président d'honneur de l'iFRAP.
De gauche à droite, Michel Rousseau et Bernard Zimmern / DR

Le nombre de chômeurs en France frôle désormais les 3 millions. En quinze ans, notre pays n'est jamais parvenu durablement sous la barre des 8%, plafond des très mauvaises périodes pour la plupart des grands pays développés qui, eux, se maintiennent bien en dessous.
Le principal échec de nos gouvernants est de n'avoir réussi à accroître l'emploi privé qu'au prix d'expédients, conduisant à développer essentiellement ce qu'il convient d'appeler des « petits boulots ».

En effet, pour ce qui est des incitations fiscales aux risques, nécessaires au financement des entreprises à forte croissance et à fort effectif, elles ont toujours été misérables en comparaison avec celles des autres pays qui ont connu de vrais succès : États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne. Elles ont coûté au Trésor français quatre fois plus cher que leur équivalent anglais, l'EIS ; sans aucun résultat. Plafonnées à des montants ridicules nos dispositifs ont encouragé une centaine de milliers de contribuables à défiscaliser au hasard en moyenne 6.000 euros pendant que les Britanniques poussaient 10.000 contribuables à mettre en moyenne 100.000 euros dans 2.000 PME à forte croissance par an !

Cette absence de clairvoyance d'une partie de Bercy est totalement incompréhensible si l'on considère par ailleurs la facilité avec laquelle on a laissé les déficits globaux nous submerger !

En réalité, par habitude, le ministère a toujours privilégié les investissements publics qui, pour la plupart, ont été des échecs retentissants. Cela fait aussi partie de l'échec d'avoir affublé ces incitations de plafonds ridicules ne pouvant compenser les sanctions qu'inflige l'ISF sur ceux qui ont l'audace d'investir dans des entreprises à risque. Ainsi, les investisseurs privés ont été poussés par notre fiscalité à investir ailleurs, dans des collections de tableaux ou dans le logement social en Nouvelle-Calédonie, mais pas dans des créations d'entreprises.

Ceci expliquant cela, le nombre des entreprises de taille intermédiaire dont nous manquons tant a très peu augmenté dans notre pays pendant ces quinze ans. Elles restent moitié moins nombreuses en France qu'en Allemagne ou en Grande-Bretagne.

Pendant ce temps, nous avons encouragé la création d'entreprises sans salarié et les emplois de services subventionnés. Entre 2005 et 2010, environ 350.000 des 700.000 emplois privés créés en France l'étaient dans les services à la personne contre 50.000 sur 2,3 millions d'emplois créés en Allemagne. Ces emplois coûtent extrêmement chers au budget sans contribuer au développement de notre économie.

Le constat d'échec des différentes politiques menées ces quinze dernières années laisse perplexe sur la stratégie conduite par le gouvernement actuel. En effet, l'attitude de nos dirigeants vis-à-vis de ceux qui prennent des risques, investissent et créent des emplois en France, entrepreneurs et actionnaires, instaure un climat de défiance qui ne permettra pas de changement sur ce qui est l'échec le plus grave des quinze dernières années.

Si le nouveau gouvernement ne réalise pas, qu'en dehors de quelques domaines comme les industries de souveraineté et les industries en général, la clé de l'emploi réside dans les créations d'entreprises à forte croissance et que les seuls qui se sont avérés capables d'utiliser efficacement l'épargne nationale sont les investisseurs privés, il est à craindre que le chômage ne fasse que se développer. D'ailleurs, dans l'état actuel de notre économie, il est malheureusement prévisible que nous ne puissions plus fournir assez d'emplois aux nouvelles générations !

Les politiques qui auront la lucidité de prendre les mesures nécessaires pour rompre la spirale du chômage en mobilisant les investisseurs privés répondront aux aspirations de nos concitoyens qui veulent, avant tout, des emplois et de la prospérité. Nos nouveaux dirigeants, en changeant rapidement la donne, pourraient enfin gagner la confiance du pays qui fait défaut aux décideurs politiques depuis trente ans.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 27
à écrit le 06/09/2012 à 22:39
Signaler
Le titre de l'article c'est 15 ans : 5 ans de pouvoir de gauche et 10 ans de pouvoir de droite. Aujourd'hui nous sommes à 4 mois des élections présidentielles ce qui est un peu court pour juger d'une absence de frémissement inverse..mais par contre l...

à écrit le 06/09/2012 à 10:56
Signaler
Nos politiques (et nos élites) tournent en rond depuis 30 ans, enfermés dans une doxa, une vision de notre société franco-française, soi-disant la plus évoluée dans le monde. Nous, français, avons mis la tête dans le sable pour ne pas admettre que no...

à écrit le 06/09/2012 à 10:48
Signaler
Avec Sarkozy, c'était pire, mais là c'est pire que pire ! Le seul point positif que je vois c'est que nous allons toucher le fond plus vite grâce à Hollande... et ainsi remonter plus vite... enfin j'espère...

le 06/09/2012 à 12:07
Signaler
pour info le japon ca fait 20 ans qu'il n ont pas de croissance. donc on peut touche le fond et y rester.... avec des gens comme Flamby ca me semble completement possible.

le 06/09/2012 à 15:36
Signaler
La difference entre le Japon et les autres pays dit occidentaux (economiquement j entends) c est que la dette Japonnaise, qu'ils tentent de resorber, est à 90% voir plus entre les mains des Japonnais epargnant ou personnes morales... les notres sont ...

le 06/09/2012 à 17:29
Signaler
20 ans de déflation : jusqu'à maintenant le Japon comptait sur son commerce extérieur pour compenser son incapacité à générer de la croissance sur son marché intérieur. Vu le déclin démographique, je me demande comment le pays va supporter le long te...

à écrit le 06/09/2012 à 10:21
Signaler
entreprises à forte croissance!! ===> nous dire lesquelles svp!!! nous n'avons pas les moyens de tout essayer!!

à écrit le 06/09/2012 à 10:08
Signaler
30 ans sans résultat : c'est médaille d'or, Bravo ! Là, on est premier, c'est sûr ça s'exporte peut être ? De toute façon nous le savons tous. Le politique ne sait que créer des commissions d'études, et des taxes, On le voit bien. Pour que quelque ...

à écrit le 06/09/2012 à 9:42
Signaler
Et si le gouvernement enlevait TOUTES les subventions, j'ai bien dit toutes et en contrepartie diminuait FORTEMENT l'impôt sur les sociétés ! Ce système s'auto régulerai et permettrai d'embaucher des salariés car les marchandises produites seraient m...

le 06/09/2012 à 13:40
Signaler
Perso je préfèrerais une réduction voire suppression des charges sur les salaires plutôt que sur l'IS, car l'IS, on ne le paie que si l'on gagne de l'argent, alors que les taxes sur les salaires, vous les payer dès que vous embaucher, même si sur une...

à écrit le 06/09/2012 à 9:01
Signaler
tout est dit. L'état n'a pas confiance dans nos PME, les patrons sont des fripons et le resteront. Issu du vieux Colbertisme , seules les grosses entreprises , y compris et surtout les entreprises publiques, trouvent grace à leurs yeux. Il vrai que ...

le 06/09/2012 à 9:36
Signaler
La France est devenue pire que les pires voisins des années 1980.

à écrit le 06/09/2012 à 8:18
Signaler
Réponse à la question posée:financer les retraites par une taxe sur l'énergie.

le 06/09/2012 à 8:45
Signaler
quand vous voyez comme le francais n'est pas content du prix de l'essence, et de celui de l'electricite ( qui est parmis les plus bas au monde), je vous sent optimiste !!!!!!!

à écrit le 05/09/2012 à 23:53
Signaler
Et le protectionnisme? 70% des européens le veulent car il leur permettra d être compétitif vis à vis des émergents Mais cela ne semble pas intéresse nos économistes ni nos politiques Le peuple est si stupide Philippe du forum democratique

le 06/09/2012 à 8:49
Signaler
votre slip est fabrique en turquie, votre iphone en chine, votre gaz est russe, votre petrole iralien, google americain, votre voiture est un assemblage de pieces qui vient de partout sur la planete...... outre que ca ne resoudrait aucun pb, ca gener...

le 06/09/2012 à 12:14
Signaler
Nos politiques sont tellement depaces qu ils seraient capable de nous demander de ne plus porter de slips, c'est la ou ca fait peur. mais bon d'un autre cote moi je prefere les calecons. ;-)

à écrit le 05/09/2012 à 23:18
Signaler
Mais vous n'avez pas entendu la même chose que moi !!! Inutile de pleurer depuis maintenant plus de 6 mois je n'ai pas arrété d'entendre " le changement c'est maintenant , puis ensuite Montebourg qui devait stoper tout licenciement ,Duflot qui relanc...

le 06/09/2012 à 8:51
Signaler
il y avait 10% de chomeurs, la france a baisse la duree de travail de 10% ( sans perte de salaire), il n'y a donc plus de chomeurs en france, je ne voit pas pq on en fait toute une montagne...cqfd

à écrit le 05/09/2012 à 23:00
Signaler
Enfin une très bonne analyse ! Malheureusement le gouvernement avec ses dogmes actuel à suscite une telle défiance que les investisseurs qui ne sont pas partis investir sous des cieux plus cléments font le dos rond ! Voire même sont sur le reculoir. ...

à écrit le 05/09/2012 à 22:13
Signaler
Et pendant que le moteur de la voiture est en feu, le "soi-disant" gouvernement s'interroge s'il ne faudrait pas baisser le prix de l'essence, mettre plus de coussins sur les sièges arrière et imposer aux conducteurs de transporter gratuitement les a...

le 05/09/2012 à 23:01
Signaler
Tout à fait d accord!

à écrit le 05/09/2012 à 21:28
Signaler
Et personne pour se demander si par hasard, il n'y aurait pas un lieu avec le fait que depuis Bérégovoy et l'arrimage Franc-Mark, notre pays et son industrie se sont auto-infligés une monnaie surévaluée ? Je finis par ne plus piger : chacun sait qu'a...

le 06/09/2012 à 9:42
Signaler
ce n'est pas la monnaie qui est sur évaluée c'est notre économie qui est faible. pourquoi systématiquement aller chercher une responsabilité autre que la notre ? c'est plus facile et ça permet d'éviter de poser les questions qui fâchent : quel est le...

le 06/09/2012 à 17:13
Signaler
Les riches et les personnes aisées ne sont pas incitées à investir où il faudrait en France : ETI etc. C'est le propos des deux interviewés me semble-t'il... À part ça, il est prouvé que le centile le plus privilégié se porte très bien dans ce pays, ...

à écrit le 05/09/2012 à 21:12
Signaler
Pour recréer des industries nouvelles, innovantes, porteuses de capacités d'exportation, et donc recréer une BALANCE COMMERCIALE POSITIVE à l'export, LA PRIORITé, c'est de fermer le mamouth Oseo innovation "virussé" pour ne pasemployer un terme plus ...

à écrit le 05/09/2012 à 20:55
Signaler
y a très simple : on arrête de subventionner ... et on arrête de taxer !!! ceux qui vivent de subventions arrêteront, et ceux qui produisent pour payer les taxes pourront travailler pour la croissance, le développement et in fine, le bien de tous !!!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.