"Oui, une agriculture durable et productive est possible ! "

Premier pays agricole européen, la France a un rôle majeur à jouer pour contribuer à nourrir une population mondiale en forte croissance démographique, tout particulièrement en Afrique du Nord et de l'Ouest. Assumer cette responsabilité nécessite de produire plus, dans un contexte de vigilance environnementale accrue.
Copyright Reuters

Pour répondre à ce gigantesque défi posé à tous les grands pays agricoles, le nôtre dispose d'atouts considérables : des terres arables à haut potentiel, un climat tempéré, le savoir-faire et le professionnalisme de nos agriculteurs. Il reste que ceux-ci ont besoin, comme tout entrepreneur, d'un cap stratégique clair et d'une vision à long terme sans lesquels aucune action ambitieuse ne peut être menée. Cette réalité mérite d'être rappelée à l'occasion de la conférence environnementale réunie les 14 et 15 septembre à Paris à l'initiative du gouvernement.

Loin de vouloir se défausser de leurs responsabilités en matière d'agriculture durable puisqu'ils ont déjà accompli d'indéniables progrès dans les directions indiquées par le Grenelle de l'Environnement de 2007, les professionnels de ce secteur formulent cependant le v?u que ce nouveau rendez-vous avec les organisations écologiques et les responsables politiques ne soit pas le prétexte à une surenchère d'injonctions et à la mise en place de nouvelles normes et contraintes réglementaires peu réalistes et inefficaces. Que les agriculteurs français soient aujourd'hui conscients de la nécessité d'une agriculture à la fois productive, compétitive et écologique relève de l'évidence. Soucieux d'optimiser leurs pratiques et leurs charges, ils sont déjà nombreux à s'être engagés dans le plan Ecophyto 2018 visant à réduire l'usage des produits phytosanitaires. Mais aussi, sous l'impulsion des coopératives du Réseau InVivo Agro, à prendre en charge la qualité de l'eau grâce notamment à la réhabilitation dans l'Hexagone de plus de 63 bassins d'alimentation de captage d'eau. A titre d'exemple, sur le bassin de Farges Avord, dans le Centre, un plan d'actions concertées impliquant les agriculteurs et les collectivités locales a permis de réduire, en quelques années, de plus de 55% la teneur en nitrates dans l'eau passant ainsi sous la norme de 50mg/l.

Cette réduction des impacts environnementaux par les agriculteurs est rendue possible grâce au recours à des moyens technologiques de plus en plus modernes (bases de données, outils d'aide à la décision, cartographies, observation par satellite, informatique embarquée) et à l'assistance de nouveaux experts des sciences de l'environnement tels que des hydrogéologues. Mais elle n'existerait pas sans la démarche volontariste d'une profession qui, dans son ensemble, a compris l'importance de cette indispensable réorientation vers une agriculture conciliant performance économique et environnementale. Sait-on que les exploitations les plus vertueuses en matière environnementale obtiennent des résultats économiques similaires voire souvent meilleurs que les autres moins attentives à leurs impacts écologiques ? Des statistiques menées sur la culture du blé tendre montrent ainsi que les exploitations les plus vertueuses pour la qualité de l'eau réalisent 35% de marge brute supplémentaire. Cette amélioration incontestable des pratiques ne doit pourtant pas se voir corsetée par des normes trop rigides car l'agriculture française doit constamment s'adapter pour rester compétitive dans un marché mondial de plus en plus ouvert. Ainsi, en 2012, du fait de pluies persistantes au printemps, l'utilisation de produits phytosanitaires a été indispensable pour permettre aux agriculteurs de sauver leur récolte et donc leur revenu.
Saura-t-on laisser aux agriculteurs français, entrepreneurs responsables, la marge d'initiative et l'espace d'expression nécessaires au maintien de leur efficacité et de leur compétitivité dans un monde qui a plus que jamais besoin d'eux. C'est mon v?u le plus cher et celui de tout professionnel du secteur, à l'occasion de cette conférence environnementale 2012.

_____

Jeremy Macklin est Directeur Général Adjoint du groupe coopératif agricole InVivo

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 15/09/2012 à 10:43
Signaler
Une agriculture durable est avant toute chose une agriculture rentable non subventionnée. Le seul moyen de rendre une activité économique durable est de lui faire dégager des profits. Ceci est vrai pour tous les secteurs économiques sans exception.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.