Le spectre de l'inflation n'est (enfin) plus ce qu'il était

Pour tenter de surmonter la crise de la dette et relancer l'activité, un retour relatif de l'inflation pourrait être accepté par les banques centrales, sous la pression des gouvernements, dont l'indépendance serait ainsi un peu plus écornée.

Ouvert par le nouveau premier ministre japonais Shinzo Abe, qui exige de la Banque du Japon l'adoption d'une cible d'inflation plus élevée, le débat sur l'indépendance des banques centrales est désormais lancé. L'un des dogmes de la pensée économique contemporaine est mis en question, de nouvelles voix parmi les économistes, dont le Financial Times se fait l'écho, se joignent désormais à celle jusqu'ici isolée de Joseph Stiglitz.
Cela devait bien arriver, à force de constater que les leviers de la politique monétaire des banques centrales - principalement la baisse de leurs taux directeurs - ne fonctionnent plus, comme elles le reconnaissent elles-mêmes implicitement en demandant aux gouvernements de faire leur part du travail.

L'interventionnisme fiscal croissant
Des banques centrales D'un pays à l'autre, les scénarios de cette division du travail qui se cherche ne sont pas identiques. La monétisation de la dette japonaise va à nouveau financer un programme de grands travaux sans tenir compte de l'échec flagrant du précédent, tandis que le gouvernement britannique s'arc-boute, malgré son absence de résultat, sur sa politique d'austérité en vue de réduire le déficit public, et qu'aux États-Unis le gouvernement tente de poursuivre la réduction de celui-ci sans déclencher de récession comme en Europe. Dans la zone euro, où les achats obligataires sont nettement plus réduits, l'entrée en action du programme OMT de la BCE élèverait la donne. In fine, les banques centrales intervenant ainsi de plus en plus dans le domaine fiscal - une prérogative des États - leur indépendance, dont le principe est déjà très écorné dans la pratique, va-t-elle pouvoir longtemps être préservée??
Tant que les banques centrales et les gouvernements poursuivront un même objectif et qu'aucun changement de politique des banques centrales n'interviendra au sujet de leurs taux directeurs, tout ira bien. Et l'on pourra faire semblant que rien n'a changé. Mais qu'en sera-t-il si, demain, certaines d'entre elles décidaient de mettre fin à leurs politiques non conventionnelles sur les taux??
Aux États-Unis, la rumeur en prête en tout cas l'intention à la FED pour la fin de l'année... Se retrouverait-on alors dans une situation à la japonaise?? Il faut également se rappeler les propos de Ben Bernanke, le président de la FED, qui déclarait en 2003 en ménageant la chèvre et le chou : « Le rôle d'une banque centrale est différent suivant que l'on se trouve dans un environnement inflationniste ou déflationniste. Face à l'inflation, la vertu d'une banque centrale consiste à pouvoir dire non au gouvernement. »
En période de désendettement, poursuivait-il, « une plus étroite collaboration pour un temps avec les autorités fiscales n'est en aucune mesure incompatible avec l'indépendance des banques centrales ».La remise en cause d'un dogme appelant celle d'un autre, que penser aujourd'hui du danger inflationniste automatiquement créé par l'augmentation de la masse monétaire?? Les pays « développés » ne se sont-ils pas de facto glissés dans une « trappe à liquidité » (béante au Japon), la cause profonde de l'inefficience de la politique monétaire, selon Keynes??
Si tel est le cas, va-t-il en être tiré comme conclusion, à la lumière de la situation japonaise où l'inflation n'est pas précisément au rendez-vous, que ce risque n'est plus ce qu'il était?? C'est en tout cas ce que le futur gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, semble avoir tiré comme leçon, sans attendre. Mais, après tout, les dogmes les plus établis n'ont-ils pas comme vocation d'être un jour ou l'autre abandonnés??

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Commentaires 12
à écrit le 18/01/2013 à 17:43
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comment se fait -il que les pauvres s'appauvrissent d'années en années (je ne possède plus le vrai chiffre), et que les riches"riches', grands patrons, attention! s'enrichissent de plus en plus? "y a comme un défaut"! disait F? Raynaud, en parlant de...

à écrit le 18/01/2013 à 17:05
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comme les chiffres indiqués ne tiennent pas compte des carburants et autres produits de grande consommation il est à craindre que une meme inflation à 2 chiffres ne suffira pas à boucher le (puits perdu de la dette) l'état droite et gauche confondus ...

le 18/01/2013 à 17:38
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oui, sérieusement comment?

à écrit le 18/01/2013 à 16:32
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elle est bien bonne celle là! on ne nous l'avait pas encore faite! l'inflation n'a jamais été aussi haute, on s'en rend compte tous les jours, malheureusement !

à écrit le 18/01/2013 à 16:05
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Dans la situation actuelle de l'Europe, une inflation maitrisée ne pourrait qu'être favorable. Elle faciliterait la réduction de l'endettement des Etats et des particuliers. Le vrai problème est qu'elle soit maitrisée.

le 19/09/2013 à 15:43
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On est aujourd'hui dans une situation où, aux USA et au Japon principalement, mais aussi en Europe, on "imprime" des quantités de monnaie considérable, mais qui ne rentrent pas dans l'économie réelle. Et ca ne crée donc pas d'inflation. Le jour où to...

à écrit le 18/01/2013 à 14:32
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l'inflation est déja en marche ,les chiffres officiels sont du pipeau ,nous naviguons depuis plusieurs années a un taux plus proche de 5 a 8 pour cent que le célèbre 1,5 annoncé

à écrit le 18/01/2013 à 13:16
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Surtout si on n'indexe plus les salaires et les retraites sur l'inflation!! Tout bénef pour les caisses, le patronat, le gouvernement, tous sauf les petits particuliers, les manants, les roturiers, les sans-grade.....Ceux qui font la richesse des aut...

à écrit le 18/01/2013 à 11:38
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Il y a de nombreuses formes d'inflation, celle constituée par l'augmentation de la demande , et celle des coûts ( extraordinaire gains de productivité ) ne font plus peur et pour cause. en parallèle l'argent ne vaux plus rien, confère les taux d?i...

à écrit le 18/01/2013 à 11:19
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il n'y a pas d'inflation au japon ? elle se fixe sur des actifs réels que sont le pétrole, l'immobilier, les matières premières.

à écrit le 18/01/2013 à 10:24
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quand on a au bilan des passifs, ft bien que les actifs suivent, et c'est la que ca risque de coincer

à écrit le 18/01/2013 à 7:49
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Oui, sauf que la réalité des chiffres, pas des mesures ad hoc gouvernementales, ont déjà occulté une inflation importante depuis plusieurs années.

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