L' «austérité» est-elle vraiment responsable de la crise en Europe ?

Les "mesures" d'austérité prises partout en Europe ne sauraient se contester. La preuve, la moyenne des déficits en pourcentage du PIB des pays de l'UE est bien inférieure à ce qu'elle était en 2009. Pourtant, pour Martin Masse, chercheur en économie à l'Institut économique Molinari, la hausse de la fiscalité ne s'est pas accompagnée de la baisse des dépenses publiques. Au contraire, celles-ci ne cessent de croître depuis 2007...
Martin Masse (DR)

Dans toutes les discussions sur les conséquences des soi-disant politiques d'«austérité», la seule preuve mise en avant pour démontrer que des mesures d'austérité ont bel et bien été adoptées consiste en des statistiques indiquant que les déficits budgétaires ont diminué depuis trois ans.

C'est en effet ce qui s'est passé. La moyenne des déficits en pourcentage du PIB des pays de l'UE en 2012 (4 %) est bien inférieure à ce qu'elle était en 2009 (6,9 %). Pour les critiques de l'austérité, cela explique pourquoi la plupart des pays du continent sont toujours en récession et pourquoi le chômage atteint des niveaux record. La seule façon pour eux de relancer l'économie est de dépenser davantage.

L' ambivalence de l'«austérité»
Or, la signification du terme «austérité» est l'objet d'une confusion importante, qui bloque la tenue d'un débat plus pertinent sur les causes de la crise. Il devrait être évident qu'il n'existe aucune relation directe entre une réduction de la taille du déficit et une réduction de la taille de l'État. Un déficit budgétaire peut se résorber soit en comprimant les dépenses, soit en augmentant les recettes fiscales. Il peut également diminuer si les dépenses sont fortement réduites alors que les impôts ne le sont que légèrement. Il peut même diminuer si les dépenses augmentent et que les recettes fiscales augmentent encore plus vite.

En pratique, l'« austérité » peut donc recouvrir diverses situations qui ne présentent pas les mêmes effets économiques. Le terme peut aussi bien s'appliquer à une croissance qu'à une diminution de la taille de l'État.  Il semble qu'on tienne partout pour acquis que les mesures d'austérité se sont traduites par des réductions de dépenses draconiennes, accompagnées de quelques augmentations d'impôt, avec comme effet net une réduction de la taille des États. Mais est-ce vraiment le cas? Les dernières données d'Eurostat montrent qu'il n'y a eu qu'une légère baisse de 1,7 point de pourcentage des dépenses publiques en proportion du PIB dans l'Union européenne depuis 2009. La proportion pour 2012 est par ailleurs toujours supérieure de quatre points à celle qui prévalait avant le début de la crise, soit 49,4 % contre 45,6 % en 2007.

Dépenses croissantes malgré l'austérité
En termes nominaux, les dépenses n'ont jamais cessé de croître pour l'UE dans son ensemble depuis le début de la crise financière, sauf en 2011 où elles sont restées constantes (voir tableau ci-après). Elles ont cru de 6,3 % pendant les trois dernières années, c'est-à-dire durant la période ou des politiques d'austérité sont censées avoir été mises en ?uvre.

Dépenses et recettes des administrations publiques en milliards d'euros - Union européenne



Source : Eurostat, Principaux agrégats des administrations publiques, y compris recettes et dépenses.

Seuls quelques pays ont vu leurs dépenses diminuer entre 2009 et 2012, notamment la Grèce et le Portugal. Autant en termes nominaux qu'en proportion du PIB, les gouvernements de ces deux pays ont toutefois dépensé davantage en 2012 qu'en 2007.

S'il n'y a eu aucune réduction nette dans les dépenses, cela signifie que les diminutions de déficits n'ont pu être réalisées que grâce à des recettes fiscales qui ont augmenté plus vite que les dépenses. C'est précisément ce que les données d'Eurostat montrent, avec une augmentation des recettes de 12,9 % de 2009 à 2012, soit le double du rythme d'augmentation des dépenses publiques.
Les gouvernements n'empruntent plus autant - même s'ils empruntent toujours beaucoup et que la dette publique continue d'augmenter. À la place, ils taxent davantage leurs citoyens de façon à financer des dépenses toujours croissantes.

L'Europe a besoin d'Etats plus modestes
Si nous définissons l'austérité comme l'ensemble des mesures qui ont été prises pour réduire les déficits budgétaires, alors dans ce sens, il est vrai que l'austérité est responsable de la crise.
Si toutefois nous utilisons ce terme de manière plus appropriée dans le sens de politiques entraînant une réduction de la taille de l'État, alors ces politiques ne peuvent être tenues responsables de la crise en Europe puisqu'elles n'ont jamais été appliquées.

Ce dont l'Europe a besoin, c'est d'États plus modestes. Pas uniquement en termes de dépenses publiques, mais aussi dans le sens d'une déréglementation du marché du travail et d'autres réformes structurelles visant à encourager l'entrepreneuriat, les investissements privés et la création d'emplois. Il n'y aura pas de croissance soutenue de l'économie en Europe tant que ce seront les citoyens et les entreprises, plutôt que les gouvernements, qui seront la cible des mesures d'austérité.
 

Martin Masse, chercheur associé à l'Institut économique Molinari

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Commentaires 31
à écrit le 02/06/2013 à 22:37
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Sûr que l'Etat français à besoin de réformes, mais le fond du problème n'est pas là: nous vivons dans un système financier gavé de dettes - forcément, car on n'a plus droit qu'a de la monnaie de crédit - le principal de ces dettes étant in fine sous ...

à écrit le 28/05/2013 à 9:38
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bonne annalisse il faut degraisse le mamouthe etat depuis trop longtenp les enarques de l etat et des collectivites s en mettent plein les poches en augmentent leurs salaire ou en placent des amis ou leurs familles dans des planques dores la cour d...

à écrit le 22/05/2013 à 18:01
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Le bonheur néolibéral quoi ! Celui qui a montré toutes ses qualités pendant 2 siècles et qui n'en finit pas de créer des inégalités quand ce ne sont pas des morts. L'argent dépensé par l'état reste souvent en France et impacte la croissance, je ne s...

le 22/05/2013 à 19:25
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Alors qu'en ce moment, on nage dans le bonheur socialiste, qui est bien plus douillet pour les classes basses et moyennes, écrasées d'impôts et de charges sociales supplémentaires, et pourtant en passe de faire partie des "riches" qui vont voir leurs...

le 24/05/2013 à 22:23
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Sur, avec 50 mds de remboursement des intérêts de la dette, elle meme entre les mains des étrangers à plus de 60%

à écrit le 22/05/2013 à 12:04
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L'auteur nous inflige les poncifs néolibéraux habituels sans faire vraiment de démonstration. Je ferais remarquer à ce "chercheur" que la dette des états a commencé à croître quand le tandem infernal Reagan-Thatcher a commencé sa politique de dérégul...

le 23/05/2013 à 18:44
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En France, on n'a jamais eu de Reagan ou de Thatcher, mais uniquement des dirigeants socialo-communistes : ne vous en déplaise, mais VGE et Sarkozy sont des socialistes qui ont fait exploser les dépenses et les prélèvements. Et le dernier budget en é...

à écrit le 22/05/2013 à 8:45
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Tout est relatif : il n'y pas d'austérité en Allemagne, seulement une gestion raisonnable. Il n'y pas de rigueur en France (et il n'y en a jamais eu) : seulement un peu moins de gabegie sous certains gouvernements, et un peu plus de ponction fiscale ...

à écrit le 21/05/2013 à 22:23
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On n?oriente pas les gens vers l?emploi? Pour ce qui est du marché du travail, on croit rêver. Prenez sur la toile les multiples témoignages de nos diplômés. On sort de formation bac+5, on nous envoie droit dans le mur. Prenons un exemple, on ouvre 3...

à écrit le 21/05/2013 à 21:18
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l'austerite ' a la francaise', c'est quand les depenses publiques augmentent de seulement 3% contre 5 souhaites par le gvt; en outre, toute rentree fiscale inattendue donne lieu a une bataille sur ' comment claquer ce bon pognon tt frais issu de la c...

le 22/05/2013 à 6:59
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+1

à écrit le 21/05/2013 à 21:16
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Les responsables sont les allemands raus!

à écrit le 21/05/2013 à 19:37
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Pour remettre les pendules à l'heure : les responsables de la crise en Europe, ce sont à l'origine et avant tout, la dérégulation financière, le libre-échange et l'Euro. Tout le reste découle de ce triumvirat idéologique infernal.

à écrit le 21/05/2013 à 19:27
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cette analyse est drôle car elle focalise l'austeritée sur la dette publique , hors en europe et dans une partie du monde la dette privée est bien supérieure , l'Allemagne dépasse la france dans ce domaine , mais cela les spécialistes n'en parlent pa...

le 29/05/2016 à 10:03
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Tant pis si la rue de rivoli et le Bhv sont ouverts.

à écrit le 21/05/2013 à 18:56
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L'Angleterre a un déficit/PIB plus important que la France et pourtant suit à la lettre cette politique dite ultralibérale. En réalité Mr. Masse est bien au courant de la falacité de son argument qu?il promeut pour la réalisation d?autres fins, fins ...

le 22/05/2013 à 12:07
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Tout à fait d'accord avec vous. On a là un exercice grossier de manipulation qui trompe de moins en moins de citoyens, Dieu merci.

le 22/05/2013 à 19:30
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Depuis que l'état dépense sans compter en France, ça se saurait si ça pouvait avoir des effets positifs, vous croyez pas ? C'est la lutte finale, lalalalalalal

le 24/05/2013 à 22:29
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Ultra quoi ? Les socialistes libéraux sont ultra ? Savez vous ce qu'est le libéralisme au moins ?

à écrit le 21/05/2013 à 18:51
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Quand on fait des dettes qui alimentent artificiellement la croissance, ça dure un temps. On attend en France entre 5 et 6 points de déficit pour zéro de croissance. Il n?y a pas de logique de développement. Il n?y a pas de remise en cause des dépens...

à écrit le 21/05/2013 à 18:43
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Voui mais la grece a bien fait de l'austerite , de la vrai. Et on voit le resultat splendide ! De toute maniere nous n'aurons pas le temps d'en arriver l? cela craque de toute part , autant il y avait peu de risque d'eclatement ?nomique de l'euro qua...

à écrit le 21/05/2013 à 18:22
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Tiens voilà un chercheur qui montre que l'austérité c'est pour le peuple et pas pour ceux qui gouvernent! Ce qui compte c'est bien de suivre la valeur réelle des dépenses publiques année après année avec une actualisation annuelle pour comparer sans ...

le 21/05/2013 à 19:04
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Ce que vous dites est totalement faux. Si dans le cas de la France l'achat de matériel militaire peut être inclus dans le PIB c'est qu'il est à 99% produit en France (EADS). Il en est de même pour les investissements ferroviaires (ALSTOM). Ce n?est ...

le 24/05/2013 à 22:34
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Le problème du pib, c'est qu'il considère le salaire des fonctionnaires comme de la production de richesse !!!! et donc les dépenses d'administration comme un plus plus on a de fonctionnaires qui coutent et dépensent, plus le pib grimpe

à écrit le 21/05/2013 à 17:17
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C'est surprenant que cette Tribune gauchiste ait donne la parole a une vraie analyse objective des faits. Merci quand meme. Encore, qu'a la vue des réactions des forumeurs, je pense que toute analyse objective est inutile. Les gens ne veulent pas voi...

le 21/05/2013 à 21:11
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Je suis d'accord pour qu'on soit très austère vis à vis de vos petits avantages et privilèges. Bravo pour votre exemplarité !

à écrit le 21/05/2013 à 17:14
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Au lieu de réduire la dépense publique dans la fonction publique et collectivité territoriale par des fermetures d'administrations inutiles ou en doublons avec licenciement sec du nombre stratosphérique de fonctionnaires , Hollande et son gouvernemen...

le 21/05/2013 à 18:34
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Plutot que de s'attaquer a la solidarité qui est le ciment de notre société,vous feriez mieux d'impliquer les banques ,assureurs,serviers et autres dassault dans la ruine nationale.Les collectivités locales sont de votre coté,pour vous servir:les aut...

à écrit le 21/05/2013 à 16:43
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Attention à ne pas faire dire n'importe quoi aux statistiques. Le poids de la dépense publique a augmenté de manière artificielle: 1. A cause de la récession, le PIB a franchement diminué dans beaucoup d'Etats, donc à dépense publique constante, elle...

à écrit le 21/05/2013 à 16:42
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Vous êtes bornés avec votre austérité, et votre ultra libéralisme si les dépenses augmentent c'est du à la baisse des recettes ! La baisse des recettes et la baisse d'investissement dans l'état se traduit vers une consommation plus faible, un chômag...

à écrit le 21/05/2013 à 16:33
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Encore un ayathollah de la deregulation, on comprend mieux sa critique quand on lit son dernier paragraphe. Ce que ce monsieur brillant a oublie de dire, c que l'explosion de la dette publique est du a un transfert de dette prive(banques/subprimes) s...

à écrit le 21/05/2013 à 16:20
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Comparaison n'est pas raison puisque l'auteur occulte le fait que les dépenses publiques ont explosé entre fin 2008 et fin 2011 pour soutenir les banques fragilisées, puis, certains secteurs d'activités. Pratiquer des politiques de réduction des déf...

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