Industrie : retrouver le sens du long terme

L'Europe doit miser sur l'industrie. Et s'appuyer sur des perspectives de long terme. Sans cela, toute son économie s'effacera prorgessivement Par Alain Berthés, Président de Sigvaris, Administrateur du SNITEM (Syndicat National de l'Industrie des Technologies Médicales)

En Europe, notre réussite future reposera sur une stratégie de croissance forte, diversifiée, responsable et durable. Un modèle de développement dans lequel l'industrie est encore appelée à jouer un rôle-clé en tant que source d'investissement, d'innovation, de création d'emploi et de richesse, et en proposant une lecture à long terme des évolutions territoriales.
Au coeur des batailles de la mondialisation, l'Europe doit miser sur son économie du réel. Celle qui est proche des intérêts du local. Elle doit revendiquer une base industrielle puissante, créative et modernisée.
Rien de sérieux, de durable ne peut être construit sous la pression d'une exigence de rendement immédiat et élevé. La perspective du long terme, et en particulier la définition de stratégies d'investissement inscrites dans la durabilité, est le seul véritable soutien d'une croissance vertueuse et respectueuse des hommes et des territoires.

Retrouver une vision économique d'avenir
Il nous faut retrouver une vision économique d'avenir que l'on ne perçoit plus. C'est de résistance dont il s'agit aujourd'hui. Un enjeu majeur se trouve dans l'effacement progressif mais continu de notre appareil productif. Industriel évidemment, et celui-ci est spectaculaire, qu'il soit médiatique ou pas. Mais agricole aussi et on peut le constater jusque dans le commerce et les services. Même la grande distribution s'inquiète de la concurrence terrible des hyper-commerçants du web, basée notamment sur la révolution numérique, celle de la logistique et des modes de paiements mais surtout sur le dumping fiscal qui met à mal libraires, disquaires et autres mégastores.
A trop souvent laisser le haut de gamme aux autres nous avons subi de plein fouet la compétitivité des productions milieu et bas de gamme. Dans le long terme et la continuité de l'investissement, innovation et différenciation créent l'avantage alors que les seuls arguments court terme et financier du coût et du prix ne créent pas de demande supplémentaire et donc pas plus de valeur et d'emploi. On n'achètera pas deux fois un équipement ménager dont le prix a été divisé par deux !

La réussite de l'industrie dépend de sa force intellectuelle
S'ensuit une spirale fatale pour notre plateforme économique et sociale. Endettement extérieur, chômage structurel de masse, paupérisation progressive ... le repli économique s'installe dans la durée.
Les défis à relever sont assez bien décrits par la communication de la Commission intitulée "Une industrie européenne plus forte au service de la croissance et de la relance économique" présentée par son vice-président, Antonio Tajani fin 2012. On trouve notamment la volonté du renforcement de la compétitivité par la promotion d'un cadre favorable aux investissements dans l'innovation, la création de meilleures conditions pour le marché intérieur et les marchés internationaux, la mobilisation des ressources financières publiques et privées et, enfin, l'encouragement des investissements dans le capital humain et les compétences. Dans le monde d'incertitude qui nous entoure, la réussite des entreprises industrielles dépend davantage de leur force intellectuelle et de l'efficacité de leurs systèmes et processus que de leurs actifs corporels.

Faire le choix de la troisième révolution industrielle
Si nous devons relever ces défis majeurs dans nos structures nationales, ils sont aussi ceux de l'Europe qui doit chercher l'harmonie. Harmoniser sans s'affaisser. Attention aux discours simplistes et aux chimères de la ré-industrialisation. Oui il y a des frémissements de relocalisations. Mais ces retours de ceux qui avaient cru aux autres chimères, celles de la délocalisation, sont liés à des expériences soit ratées, soit moins intéressantes qu'attendu, et surtout aux mêmes analyses à court terme.
Nous devons faire le choix de la 3é révolution industrielle, créatrice d'emplois en  intégration avec les services et le commerce digitalisés. Moins d'ouvriers, plus de qualification, mais plus de rémunération aussi.
Attention, nous les européens ne serons pas seuls, La Chine, en particulier, a l'ambition elle aussi de développer la valeur ajoutée. Les déclarations récentes de sa nouvelle équipe de gouvernement central l'attestent, elle fait le choix de s'engager dans la bataille des secteurs à forte valeur ajoutée qui créent le plus de richesse. Les USA par une politique forte d'autonomie énergétique (gaz de schiste) se donnent également les moyens de se placer dans cette bataille pour l'industrie.
A l'image d'industries de main d'?uvre qui ont préparé leur succès d'aujourd'hui et de demain sur l'investissement de long terme, l'innovation et un engagement fort sur les territoires, nous devons en faire un modèle de développement à accompagner en France et en Europe.

 

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Commentaires 2
à écrit le 13/07/2013 à 21:49
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Etonnant qu'on ne parle pas assez de la decarbonation, priorite de la transition energetique et de la reconversion de l'industrie a l'electricité nationale. Unissons les francais autour de ce projet de rassemblement, gage de baisse des pollutions et ...

à écrit le 13/07/2013 à 10:02
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Mondialisation et développement industriel local sont incompatibles, la concurrence à bas prix entraine la désindustrialisation par disparition ou par délocalisation qui ne sont pas que des chimères. Internet accélère ces phénomènes. Il ne suffit pa...

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