Idée reçue (1/5) Sur le long terme, la croissance allemande dépasse celle de la France

La Tribune poursuit ses séries d'été. Cette semaine: les idées reçues de 2013, en économie. Chapitre I : l'Allemagne a toujours eu des performance supérieures à celle de la France en matière de croissance !
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En France, il n'y a pas de croissance, alors que l'Allemagne fait beaucoup mieux en la matière. Incontestable s'agissant des années récentes, ce constat a tout l'air de correspondre à une réalité déjà ancienne. C'est apparemment évident, l'Allemagne a toujours mené en tête la course à la croissance. Sur le moyen-long terme, nos voisins seraient bien sûr gagnants. Est-ce si vrai? La  réalité statistique confirme-t-elle cette idée bien établie ? Pas vraiment.

Depuis l'année 2000, le PIB de l'Allemagne a augmenté de 14,3% (en volume, bien sûr), selon les données officielles d'Eurostat. Quant au PIB français, il a crû de... 14,1%. Cette quasi égalité, contre-intuitive, tient tout simplement à la situation allemande du début des années 2000, marquée par une croissance zéro, alors que la France enregistrait des hausses certes modérées, mais bien réelles, de sa richesse nationale. D'aucuns affirment que l'économie allemande ne fait aujourd'hui que rattraper son retard accumulé au début des années 2000.

Encore plus favorable à la France sur le long terme

Si l'on s'inscrit dans une perspective de plus long terme, la réalité statistique devient encore plus favorable à la France. Depuis 1991, le PIB français a augmenté de 37%, tandis que celui de nos voisins ne progressait que de 32%. Certes, la réunification a pesé sur l'activité Outre-Rhin. Cela peut expliquer ce résultat.

Mais les « performances » allemandes étaient déjà inférieures avant la fin de la RDA, quand seule la République fédérale d'Allemagne était bien sûr prise en compte. Entre 1970 et 1991, le PIB allemand a gagné 76%. Celui de la France 83%....

Plus de croissance au cours des années 70

C'est au cours des années 70 que la France a enregistré une croissance significativement supérieure. On ne parlait alors que de la crise... mais, entre 1970 et 1980, le PIB hexagonal a augmenté de 43,5%. Presque quatre fois plus que pendant la décennie 2000...

Et cela ne tient pas seulement à l'avant crise, aux années précédent le choc pétrolier de 1973, qui étaient évidemment très favorables, avec une demande dopée par les fortes hausses de salaires de l'après 1968. Les chiffres français des années 1976 et 1977, par exemple, ont de quoi faire rêver tout ministre de l'Economie actuel : 4,4% puis 3,6% de croissance. Le chômage augmentait alors en raison des restructurations, mais la croissance était bel et bien là, alors même que l'inflation s'envolait.

Caractériser les années 70 comme celles de la « stagflation », mélange de stagnation et d'inflation, comme cela est souvent fait, ne correspond guère à la réalité statistique : la richesse produite chaque année était loin de stagner.

La chute du début des années 80

Ce qui est sûr en revanche, c'est que cette croissance, essentiellement tirée par la demande interne, était très déséquilibrée, et que les entreprises voyaient leurs marges se dégrader fortement. Elles ont atteint un point bas en 1982, en pleine relance socialiste: pour le coup, le demande ne faisait pas tourner les entreprises françaises, mais dopait les exportations. 

D'où le tournant de mars 1983, et la mise en oeuvre d'une politique de rigueur. Elle a brutalement fait fléchir la demande -les salaires ont commencé à être mal orientés à ce moment- et anémié la croissance des années 80. Il a fallu atteindre la fin 1987 pour voir l'expansion reprendre, notamment grâce au contre choc pétrolier de 1986, qui a, pour le coup, permis aux entreprises de redresser leurs marges. Du coup, l'Allemagne a fait mieux pendant les années 80.

Sur plus de 40 ans, depuis 1970, un écart significatif au profit de la France

Au total, sur les quarante trois dernières années, depuis 1970,  le PIB de la France a été multiplié par 2,5, tandis que celui de l'Allemagne l'a été par 2,3. Cet avantage à la France ne peut pas faire oublier, bien sûr, les difficultés actuelles....

La France à la traîne depuis 2010

 Si la récession de 2009 a été plus prononcée en Allemagne qu'en France, en raison d'une croissance allemande largement tirée par le commerce mondial, particuièrement affecté cette année, là, le redressement a été aussi beaucoup plus net, Outre Rhin. 

Avec 4% de croissance en 2010, nos voisins ont eu droit à un vrai rebond de l'activité (+1,7% seulement en France). L'écart s'amenuise, mais, en 2012, l'Allemagne a eu droit à un peu de hausse du PIB (+0,9%), en dépit d'une Europe en crise, alors que la richesse nationale produite stagnait, en France. 

Les entreprises hexagonales, notamment industrielles, souffrent d'un manque évident de compétitivité. Non pas parce que le coût du travail serait supérieur en France. Mais l'industrie française est trop cantonnée dans le moyen de gamme pour pouvoir exporter à des prix élevés, avec une monnaie forte telle que l'euro...

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Commentaire 1
à écrit le 07/08/2013 à 10:05
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On ferait bien de choisir un autre intervalle de temps, par exemple les annees ou le SPD-Grune (PS-Verts) nétaient pas au pouvoir et comparer alors! Que ce soit en Allemagne, que ce soit en France, les politique "socialistes" (en ce y compris Chira...

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