Jouer la carte de la "Senior Economy"

La Silver Economy, celle des personnes de plus de 75 ans, ne doit pas faire oublier celle des plus jeunes, les Seniors. Une source de croissance insoupçonnée, si l'on sait la mettre en valeur. Par Jean-Paul Betbèze (Betbèze) et de Denis Jacquet (Parrainer la Croissance)
Denis Jacquet et Jean-Paul Betbèze

Nous vivons un moment presque merveilleux. Presque. Le vieillissement n'est plus vécu comme une maladie honteuse à masquer sous le tapis d'une société atteinte de jeunisme Tout à coup la vieillesse devient frénésie, innovation, sujet de plans étatiques. Enfin le destin des hommes du passé participe à l'avenir de notre économie. Enfin nous allons faire bénéficier nos aînés des meilleures innovations plutôt que de les laisser au fonds de la fracture technologique, et conjuguer confort des plus âgés et croissance économique de ceux qui leur procurent. Le gouvernement s'en soucie. Anne Lauvergeon a eu l'intelligence de compter ce secteur, au rang des 7 priorités qu'elle a fixé à nos investissements d'avenir. Tout semble donc au rose fixe.

 Une réserve aussi importante que le gaz de schiste

Pourtant nous avons collectivement oublié ce qui pourrait constituer une réserve aussi importante que le gaz de schiste. Nous avons sauté une étape, décisive, en passant à la silver economy, et en sautant celle, de plus en plus importante des Seniors. La Senior Economie nous tend en effet les bras. Enlaçons-la dans le programme gouvernemental.

 Quand la Senior Economy finance la Silver Economy

Comment délimiter la frontière (si tant est que la délimiter ait un intérêt) entre ces 2 économies ? La Silver Economy prend la vieillesse comme une source d'excitation neuronale pour tous les innovateurs et les inventeurs et apporteurs de services. Tous ceux qui peuvent par leur service de surveillance, d'assistance, d'autorégulation, d'automatisation, apporter une amélioration de la santé, du contrôle, de la vie quotidienne de ceux qui après 75 ans, sont considérés comme potentiellement dépendants ou pré-dépendants. C'est essentiel, car c'est un marché à l'avenir assuré, à tel point que le terme de Gold Economy serait plus adapté, tant le marché, s'il est garanti, est juteux. Or c'est là tout le problème, car les coûts vont sans doute monter et les moyens sans aucun doute baisser. C'est ici qu'intervient la Senior Economy : elle est à la fois un supplément de croissance pour l'économie en générale et le moyen privilégié de financer la Silver Economy.

 Une Senior Economy en constante expansion

La Senior Economy s'alimente au désir de vivre des seniors, un désir de vivre qui est un désir de créer, d'innover, de participer à la croissance, de faire participer la société à ce que savent les seniors, leurs connaissances bien sûr, leur expérience plus encore. Cette Senior Economy est une réalité, et on ne la voit pas !. Elle est rentable et en constante expansion. L'essentiel de la croissance des achats sur internet vient ainsi des seniors. Leur temps libre et leurs moyens encore conséquents en font des consommateurs prêts à tester de nouveaux services.

Un marché à inventer

Plus encore, leur santé et leur envie de rester dans la société en font de parfaits candidats à tous les services permettant de perpétuer un lien social brisé par un arrêt prématuré de leur activité professionnelle. Cette population dans les starting-blocks de la consommation, demande une plus forte proposition de services par des jeunes qui se concentrent pourtant exclusivement sur les applications consommées principalement par leur classe d'âge, dotée d'un pouvoir de consommation bien inférieur. Les seniors pourraient être employés par ces créateurs de services et produits.

En effet quoi de mieux que d'embaucher une personne qui représente les attentes du marché ? Un senior saura mieux que quiconque ce que pourront consommer ses alter ego. Il y a donc un marché, des services à inventer et une source d'embauche pour les seniors. Pourquoi ne pas susciter le même engouement que celui injecté dans la Silver Economie ?

 Le maintien dans la vie économique

Surtout, la Senior Economy c'est, plus que jamais, le maintien dans la vie économique, de ceux qui quittent, à marche forcée, souvent désabusés et démotivés, les grands groupes qui hier les considéraient comme leurs stars. Attirés par la perspective d'un chèque autant que par le refus de postes déprimants car vidés de sens, ils quittent, mais le regrettent une fois la première semaine passée. Plus de réunions, de rencontres, de lien social, de réseau, de challenge, de rythme quotidien, de stimulation intellectuelle.

 Car le senior d'aujourd'hui est encore vert à 65 ans et à peine orange à 70. Ce n'est plus celui qui alimentait les wagons de la pré-retraite dans les années 80. Comment laisser ce gâchis se produire sous nos yeux, à un moment où nous avons tant besoin de croissance, de consommation, de lien social ? Les seniors sont l'Eldorado des PME et les PME doivent devenir des ETI.

Question 1 : Comment une PME devient elle une ETI ?

Réponse : Par une injection massive de compétences expérimentées.

Question 2 : Que fait une PME qui devient une ETI ?

Réponse : Elle embauche des jeunes.

 Une injection massive de seniors, pour la croissance

En clair, une injection massive de Seniors dans les veines de l'économie des PME donnerait à nos PME la transfusion, l'hormone de croissance qui pourrait en moins de 10 ans tripler notre nombre d'ETI en créant des centaines de milliers d'emplois pour nos jeunes. Ces jeunes désabusés, qui empilent le désespoir ou quittent notre pays, c'estune hémophilie que nous laissons s'accomplir. Nous avons l'or entre les mains et les outils pour le traiter. Les PME. Qu'attendons-nous pour réagir ?

Il faut déclarer la Senior Economy grande cause nationale. Réunir l'Etat, les grands groupes et les PME afin de détecter les seniors prêts à continuer le combat, créer les conditions, en amont de leur départ, de leur préparation, formation et accompagnement.

 Fluidifier les conditions d'embauche

Créer un marché de l'emploi des seniors dans les PME notamment en fluidifiant les conditions de leur embauche dans nos entreprises et en sensibilisant leurs dirigeants à l'embauche senior. Envisager cette organisation comme un moyen de vaincre le chômage de longue durée des seniors, notamment chez les cadres.

Enfin, il faut doper tous les acteurs qui peuvent contribuer à porter les seniors dans leur activité économique auprès des PME ou les modalités de leur exécution. Auto-entrepreneuriat, portage salarial notamment.

 De nouvelles formes de rémunération

Ceci veut dire qu'il faut mettre à plat les conditions d'exercice de leur activité dans la PME. Notamment en termes de droit du travail et de fiscalité et charges sociales. Les seniors accepteront de troquer qualité de vie contre salaire moins élevé, certes. Mais il faut alors les aider à être rémunérés autrement qu'en argent. En capital social notamment. Et pour cela la fiscalité sur les plus-values, devra à nouveau être revue afin de prendre en compte cette opportunité au regard du bénéfice que la société et les caisses de l'état encaisseront par un afflux d'ETI conquérantes et bénéficiaires.

 Des Etats généraux de la Senior Economy

Nous appelons donc à des Etats Généraux de la Senior Economie, afin de faire du concept de Contrat de Génération, le concept fondamental qui fondera la réussite d'un pays à la recherche d'un nouveau souffle. Un pays qui en réunissant les générations autour de la réussite de l'entreprise, redonnera un sens de ce qu'un avenir commun représente pour l'économie et pour nos vies quotidiennes. Deux générations sur un même berceau et nous aurons de beaux enfants dans ce pays. Des enfants unis et solidaires. Fiers et reconnaissants. Heureux et autonomes. La Senior et la Silver économie fonderont ainsi la seule et vraie Gold Economy, celle qui engendre nos nouvelles pépites. La chasse à l'or gris doit être ouverte !

 

Jean-Paul Betbèze (Betbeze Conseil), Denis Jacquet (Parrainer la Croissance)

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Commentaires 4
à écrit le 22/01/2014 à 11:41
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En théorie, cela parait prometteur. Mais une énorme fracture générationnelle a été créé dans les entreprises. Les seniors disposaient d'une certaine sécurité de l'emploi remplacé par le turn-over des juniors. L'entreprise d'un juniors deviendra plus ...

à écrit le 22/01/2014 à 10:02
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On aimerait bien que cette belle histoire soit vraie. Mais la réalité, c'est qu'on est une vieille potiche fantoche dés 55 ans. Aux yeux des DRH, toujours zélés à maintenir un troupeau le plus chouette-jeune possible : c'est tellement moins fatigant.

à écrit le 22/01/2014 à 9:30
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Pourquoi donc existe-t-il une loi permettant de forcer à la retraite un employé ayant atteint l'âge de 70 ans ? ? surtout si celui - ci n'a pas tous ses "points" ?

à écrit le 22/01/2014 à 8:36
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passé 40 ans, votre CV subit un classement vertical unilatéral !!! Alors votre senior économie vous pouvez la mettre au même endroit car les seniors sont occupés à faire des économies.

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