Pour sauver notre planète, faisons preuve d'empathie !

L'homme n'est-il capable d'empathie que pour ses pairs ? L'inaction des décideurs sur le réchauffement climatique semble le confirmer. Mais rien n'est vraiment perdu... Par Didier Schmitt conseiller scientifique à la Commission européenne*
Didier Schmitt en appelle la sensibilité de chacun pour enrayer le réchauffement climatique.

L'empathie est la capacité de ressentir 'psychologiquement' la douleur physique ou les émotions d'autrui. Plutôt que d'être vue comme une sorte de faiblesse individuelle, ne pourrait-elle pas devenir notre plus grande force collective ?

 

Le regard anthropocentrique de l'Homme

De récentes avancées scientifiques mettent en évidence les mécanismes neurobiologiques sous-jacents de l'empathie, comme le rôle de l'ocytocine ("hormone du bien-être"), des 'neurones miroir' (qui permettent un ressenti imaginé), ou les zones cérébrales mises en jeu (par imagerie fonctionnelle). Mais cela ne nous amène-t-il pas à avoir un regard trop restrictif, trop anthropocentrique? Certainement, car il n'y a pas de raison de considérer que l'empathie n'est qu'interindividuelle. 

Pourquoi ne pas avoir de l'empathie par exemple pour un ours blanc qui ne trouve plus pitance, ou pour la dévastation des forêts tropicales ? Et a fortiori envers le changement climatique lui-même! Allons plus loin encore, quid de l'empathie pour des situations non pas actuelles, mais à venir; comme pour les générations futures qui souffriront de nos actions et inactions.

 L'empathie doit faire réagir 

C'est en tout cas de tels sentiments qu'il faudrait promouvoir, d'abord chez nous-mêmes, mais surtout chez les décideurs. Car intérioriser la souffrance de notre 'biosphère' - comme un organisme vivant en agonie - ne doit pas se transformer en apitoiement stérile, mais susciter des (ré)actions. Car le propre de l'empathie est bien de faire réagir. Elle est considérée comme la base nécessaire à la construction d'un jugement moral. Mais les choses ne sont pas aussi simples, tout dépend du contexte.

C'est ainsi que des singes qui reçoivent de l'ocytocine augmentent leurs activités de cohésion sociale, comme l'épouillage. Mais au même instant, ils seront plus agressifs envers un congénère d'un autre groupe. On peut aussi avoir une empathie hypersensible réflexe - observée par imagerie cérébrale - et être sujet à une dérive sadique. D'autres situations comme l'autisme, nous montrent les conséquences d'un déficit empathique. Serions-nous donc majoritairement autistes, voire sadiques, envers notre environnement, à en juger par nos actions et inactions ?

 Notre survie est en jeu 

L'empathie n'est sûrement pas propre au genre humain ; elle serait d'ailleurs un aléa évolutif qui, dans sa phase réflexe, procure un avantage compétitif pour la survie, comme d'éveiller la crainte chez les congénères d'un dinosaure agonisant. Et justement alerte il y a, car notre survie pourrait bien être en jeu, à en juger par la dégradation incessante de l'environnement, comme la diminution de la biodiversité, la pollution atmosphérique, ou l'acidification des océans, qui sont autant de risques vitaux pour notre espèce habituée à la stabilité climatique depuis des milliers d'années.

Mais à force de progrès technologique et d'urbanisation nous en avons oublié notre dépendance totale envers cet environnement. C'est pourquoi la phase réflexe d'une 'empathie de situation' n'est pas forcément suivie d'une analyse cognitive, qui débouche sur des actions. 

 Il faut plus d'empathie pour améliorer le climat

Quand des nourrissons entendent un autre bébé pleurer, ils s'y mettent à leur tour. Si ces comportements sont des prémices de l'empathie, nous ferions bien de nous en inspirer, en ayant cette contagion émotionnelle pour la sauvegarde de cette biosphère qui nous a permis d'exister jusque-là. Soignons donc notre autisme environnemental et entrons en résonance sentimentale avec notre biotope.

Les dirigeants et décideurs devraient pouvoir troquer un peu de narcissisme - si utile à la conquête du pouvoir - contre une dose d'empathie - qui n'a pas beaucoup de place pour ces mêmes raisons. Une chose est sûre, il faudrait plus d'empathie pour améliorer le climat… politique. Mais il y a de l'espoir ; nombre de grands leaders et puissants industriels ont changé d'attitude, et même de vie, après avoir vu de leurs propres yeux les désastres du réchauffement au niveau du cercle polaire.

 Retrouver la valeur de la beauté 

Mais nous ne pouvons pas tous aller toucher du doigt ce cataclysme, qui pourrait bien être inexorable. C'est pourquoi un effort particulier doit être mis sur l'éducation - en donnant une place à la responsabilité collective -, et sur la sensibilisation des média - en évitant les débats stériles -, afin d'éveiller "l'empathie écologique" qui sommeille en nous.

Il faut espérer que la beauté, celle des environnements qui nous sont proches, (re)devienne une valeur et une attitude, et entraîne un réel changement de paradigme, vis-à-vis du l'avenir. Soyons responsable tous ensemble et ayons de "l'empathie prospective" pour (sauver) notre planète.

 

*Didier Schmitt est conseiller scientifique et coordinateur de la prospective auprès de la conseillère scientifique principale et dans le bureau des conseillers de politique européenne auprès du Président de la Commission européenne.

Les opinions exprimées dans le présent article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position de la Commission européenne.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 16
à écrit le 13/04/2014 à 22:43
Signaler
Quand je lis les commentaires face a un simple texte, positif, qu il soit ecrit par un dirigeant ou un enfant, ça me fait peur!,, vous n avez aucun jugement interessant, vous ne savez que critiquer et chercher la petite bête, c est pour ça qu on avan...

à écrit le 06/04/2014 à 12:10
Signaler
Il a l'air d'un angelot le sieur Schmitt, il parle comme un livre ouvert à la bonne page ! Encore monsieur, Encore !

à écrit le 02/04/2014 à 15:21
Signaler
Encore une fois à coté de la plaque .Le seul l'unique probleme est éludé .C'est la demographie humaine pour ne pas dire plus, la proliferation de l'espece humaine .En 1970 ,3 milliards d'individus ,aucun probleme d'aucune sorte .2014 ,des problemes p...

à écrit le 02/04/2014 à 15:21
Signaler
Encore une fois à coté de la plaque .Le seul l'unique probleme est éludé .C'est la demographie humaine pour ne pas dire plus, la proliferation de l'espece humaine .En 1970 ,3 milliards d'individus ,aucun probleme d'aucune sorte .2014 ,des problemes p...

à écrit le 02/04/2014 à 13:29
Signaler
"pour sauver la planette.....' ,deja, avant tout , la planette nous survivra;c'est plutot sauvons nous!,

à écrit le 02/04/2014 à 12:55
Signaler
ça fait 60 ans que la règle , affichée partout , de la politique aux médias en passant par le cinéma ...que la règle est d'être immoral , asocial , cupide , intéressé. Vous voulez faire marche arrière , maintenant ? Trop tard...les esprits sont mai...

le 02/04/2014 à 14:53
Signaler
Une ile deserte fichtre !Est elle surrélevée car le niveau de la mer va monter ,et c'est bien les iles du pacifique qui se plaignent le plus ...........

le 03/04/2014 à 20:03
Signaler
Vous êtes sûr ? J'ai construit mon cabanon au niveau de la hauteur des vagues ... L'ile n'est pas vraiment déserte ...j'y ai introduit des lapins. D'après mes calculs , j'exporterai du lapin vers la France dans 2 ans. C'est Manon des Sources qui m...

à écrit le 02/04/2014 à 10:52
Signaler
L'homme a peur, se rétracte, se durcit... il refoule sa sensibilité et devient mauvais. Triste réalité.

à écrit le 02/04/2014 à 10:13
Signaler
Je complèterai en parlant aussi d'absence de vision à long terme et d'irresponsabilité suicidaire, en lien avec le mercantilisme et la financiarisation de la société, soigneusement entretenus par les médias, les banques et l'élite politico-economique...

à écrit le 02/04/2014 à 5:19
Signaler
L'empathie ne se décide pas. Le problème n'est pas le manque d'empathie, c'est l'omniprésence de l'égo dans notre civilisation. L'omniprésence de l'avidité individuelle, de la peur de n'être rien, de manquer de. De là, la société de surconsommation...

à écrit le 01/04/2014 à 22:02
Signaler
Que de conseils ! citons: "Didier Schmitt est CONSEILLER scientifique et coordinateur de la prospective auprès de la CONSEILLERE scientifique principale et dans le bureau des CONSEILLERS de politique européenne". Comme dit le proverbe, les conseiller...

à écrit le 01/04/2014 à 19:42
Signaler
empathie immense pour l'homme révélé , pour les autres le moyen-âge ou sont Fleshmann & Pons? au boulot!!!

à écrit le 01/04/2014 à 14:40
Signaler
La commission européenne qui vient défendre la planète alors qu'elle ne voit que le fric... On dirait de l' "écologie"...

à écrit le 01/04/2014 à 14:21
Signaler
Hier encore on nous demandait à nous parents si la sensibilisation à l’écologie était une priorité pour nos enfants!!!!!! Et hier encore, j'ai cru rêvé!!! Car parler de sensibilisation ou d’empathie c'est du pareil au même ce sont de belles idées qui...

le 02/04/2014 à 15:01
Signaler
@bouaf !Et boaf tu crois que t'as inventé le fil à couper le beurre ! La majorité des gens vivent en ville et les 3/4 ne savent meme pas ce que veut dire composter !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.