Pourquoi faire baisser l’euro

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, pourquoi faire baisser l’euro.
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi / DR

Lors de déclaration de politique générale, Manuel Valls a mis en accusation la BCE pour sa politique d'euro trop fort. La France et l'Europe se porteraient mieux avec un euro inférieur de 10% à son niveau actuel, soit 1,20 dollar pour 1 euro

A-t-il raison ?

1,20 n'est pas un chiffre tombé du ciel. C'est peu ou prou celui qui égaliserait le prix des biens produits en France avec ceux produits chez nos principaux concurrents, c'est ce qu'on appelle la parité de pouvoir d'achat. C'est le taux qui nous permet de vendre sans comprimer à l'excès nos marges ou sans demander d'ajustement drastique sur les salaires. Sans peser fortement sur la demande donc.

Il y a bien sûr ceux qui contestent l'efficacité des dévaluations, pour le principal argument qu'elles ont pour effet immédiat de renchérir le prix de nos importations. Notamment notre facture énergétique qui serait mécaniquement augmentée de 6,5 milliards. Un coût qui pénaliserait l'ensemble des secteurs et notamment les plus énergétivores. Qui contestent aussi l'efficacité des dévaluations parce qu'elles constituent une facilité qui diffère nos vrais ajustements.

A ces adeptes des vraies solutions, rappelons ce que suppose la stratégie du courage et de la vertu qu'ils appellent de leurs voeux pour supprimer notre écart de prix de 10% avec le monde développé. Cela suppose de :

  • Diminuer de plus de 15 % notre coût du travail relativement à nos partenaires
  • Ou de diminuer de 40 % la charge fiscale sur les entreprises, soit de 140 milliards, 7% du PIB.

Dans le contexte de faible inflation généralisée, un blocage intégral des salaires nécessiterait plus de 5 ans pour créer un écart relatif de coût salarial avec nos principaux partenaires de l'ordre de 15%.

Dans le contexte actuel, diminuer de 140 milliards la pression fiscale nécessiterait de tripler la cible d'économie que s'est fixée le gouvernement. Le ferait-on, le déficit de demande induit,  provoquerait une destruction de plus d'un cinquième de nos capacités productives et un chômage à la grecque ou à l'espagnol.

On peut aimer le courage mais pas le masochisme

Bien sûr, on le sait, une dévaluation ne porte pas ses effets positifs sur l'activité et la compétitivité sans conditions. Et ces conditions on les connaît : la modération salariale et la maîtrise des prix. Or ces deux conditions sont déjà réunies. La dévaluation dans ce contexte, apporte juste cette bouffée d'oxygène qui permet à nos entreprises les plus exportatrices de sauvegarder leurs marges et de ne pas sacrifier leurs investissements de long terme.

Déprécier l'euro, ce n'est pas être adepte de la facilité. C'est juste tenter de pratiquer un policy mix éclairé pour faire passer la pilule amère de la rigueur sans sacrifier le long terme. 

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Commentaires 14
à écrit le 05/05/2014 à 9:06
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Malgré un franc suisse au sommet (tellement fort que les autorités ont dû mettre un plancher à 1,2 CHF pour un EUR depuis plusieurs années), la Confédération voit ses excédents commerciaux voler de record en record. Pourquoi, si la solution de la dév...

à écrit le 04/05/2014 à 11:57
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Grâce à l'Euro fort, ma facture énergétique est diminuée, l'inflation est plus faible, mon pouvoir d'achat augmente et mon épargne est protégée.

à écrit le 04/05/2014 à 8:56
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Dans notre économie mondialisée, le niveau de l'Euro est la conséquence de la situation économique et financière de la zone Euro et non la cause (balance globalement excédentaire – perspectives de baisse des taux en Europe et donc de valorisation du ...

à écrit le 03/05/2014 à 11:41
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Et a qui profite cette "non baisse" ? Ah oui a ceux qui décide de cette baisse ou non. Ça tourne en rond !

à écrit le 02/05/2014 à 0:07
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discussion théorique et très belle au niveau discours. Il reste qu'on ne peut pas "faire" baisser le cours de l'Euro seulement parce qu'on veut bien. On n'est plus chez Colbert, chers amis, même si nos politiciens s'y croient toujours ou du moins veu...

à écrit le 01/05/2014 à 10:58
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Il aura fallu que le Parlement européen arrive à la fin de son mandat pour que soit enfin levé un coin du voile qui a recouvert un des chapitres les moins glorieux de l'histoire de l'Union européenne : comment a agi et a fonctionné la fameuse et fume...

à écrit le 01/05/2014 à 10:41
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On ne peut dévaluer que dans un système de changes fixes : ce débat montre bien que les français pensent toujours avec une guerre de retard. La seule solution : faire comme la Suisse, où la banque centrale est intervenue massivement sur le marché des...

à écrit le 01/05/2014 à 0:04
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Une blague du second degré, pas une équation mathématique, une simple règle de Troie, c'est avec un petit cheval qu'on gagne les grandes batailles et qu'on fait tomber les bastilles. On nous publie: 50% des postes en maths ne sont pas pourvus... le n...

le 02/05/2014 à 7:25
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en fait la situation est intenable a cause de plusieurs facteurs , l'Allemagne tire la BCE pour elle et cette dernière est obnubilée par l'inflation comme ce fut le cas aussi de la BOJ au japon pendant des décennies , enfin le japon a un avantage sur...

à écrit le 30/04/2014 à 23:43
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La réponse a cette vidéo (je ne suis pas expert) tout simplement supprimer et sortir de l'Euro et a mon avis nous ne serons pas les seuls car pour le moment nous sommes vasalisés par les Américains. Pensez que le Dow jones viens de battre son record...

à écrit le 30/04/2014 à 18:03
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L'expert oublie un truc: On repasse aux 40h sans compensation de salaire donc on travaille 40h payés 35( on fume + de clopes et on passe plus de temps à bavarder avec les collègues) et le problème est reglé ..

à écrit le 30/04/2014 à 17:49
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La BCE est aux ordres des USA, c'est la seule manière pour eux de faire de nous une "coquille vide".

le 30/04/2014 à 19:49
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La coquille n'est pas "vide". Au contraire, elle est pleine de fonctionnaires et autres travailleurs de l'economie sociale et solidaire.

le 30/04/2014 à 20:56
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Compte tenu de la "productivité "des categories sociales que vous citez,@Bah n'a pas tord dans la comparaison... (C'est aussi du second degré) Lol!

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