Influence au Parlement européen, et les nominés sont…

Sur l'échiquier bruxellois, la France peine à imposer ses pions. Contrairement à l'Allemagne, l'Italie... ou même la Pologne. Par Charles de Marcilly, Fondation Robert Schuman,

Le mois qui suit les élections européennes est traditionnellement celui du « mercato » institutionnel. Qui dirigera les groupes politiques, les commissions, qui obtiendra les postes clefs ? 

Le résultat des tractations et des négociations sont le fruit d'un compromis à plusieurs niveaux : poids des délégations dans les groupes politiques, capacité de négociation de ces groupes, profils des députés, souhait des élus pour des postes et des commissions convoitées, ou nationalités. A cet échiquier aux règles multiples, souvent tacites, la délégation française n'a pas réussi à tirer son épingle du jeu.


Les Français sous-représentés

La conférence des présidents des groupes politiques comptait deux Français sous la législature précédente dont Joseph Daul pour le Parti Populaire Européen  et Daniel Cohn-Bendit en tant que co-président des Verts.  Aucun représentant français n'y siège depuis le 1er juillet et si les Vice-présidences françaises des groupes PPE, S&D, ADLE, Verts, GUE/NGL (extrême gauche) sont méritoires, elles ne sont pas comparables aux trois présidences de groupe détenues par des Allemands (PPE, Verts, GUE/NGL) ainsi que la présidence du Parlement de nouveau attribuée à Martin Schulz.

Le poids de la délégation au sein du groupe est l'élément principal de distinction mais également la personnalité, le parcours personnel, les rapports rédigés et la reconnaissance des pairs pour obtenir les postes d'influence.

Le parcours politique des nouveaux présidents des deux principaux partis, Manfred Weber pour le PPE et Gianni Pitella pour le groupe S&D, illustre cette volonté d'ancrage au sein du Parlement pour atteindre les postes les plus convoités. Présidents de groupes,  coordinateurs, présidents de commissions ou chefs de délégation : leurs parcours démontrent leurs compétences techniques et leurs sens du compromis.

 

Des stratégies nationales

Après les groupes politiques, les présidences de commissions parlementaires sont la pierre angulaire du travail législatif. Pour deux ans et demi, les Allemands obtiennent cinq présidences parlementaires, les Polonais quatre, les Italiens et les Britanniques trois, alors que les Espagnols et les Français en obtiennent deux.

L'Allemagne est le pays le plus représenté avec 96 élus. Les députés allemands forment la première délégation au sein du PPE et des Verts et la seconde chez les S&D. Assez logiquement, ils obtiennent le plus grand nombre de commissions parlementaires et de présidences de groupe mais c'est l'investissement personnel et la logique d'intégration dans le travail parlementaire qui en font la première force. A titre illustratif, 12 Allemands sont coordinateurs ou vice-coordinateurs au sein du groupe PPE contre 3 Français.

 

Le poids polonais 

Les Britanniques, traditionnellement, se concentrent sur les domaines identifiés comme essentiels au Royaume-Uni quel que soit le parti politique. Dans cette perspective, la présidence du socialiste Claude Moraes à la commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE) ou celle de Vicky Ford (ECR) pour le marché intérieur et la protection du consommateur (IMCO) s'inscrivent très clairement dans une stratégie qui dépasse les clivages politiques.  

Seconde délégation après les Allemands, les Polonais jouent habilement de leur poids au PPE. Au sein du groupe créé par les conservateurs britanniques (ECR, 70 députés, 3ème force du Parlement), ils ont obtenu la présidence de la sous-commission défense, l'un des domaines politiques prioritaires pour la Pologne. La délégation polonaise sort clairement parmi les grands bénéficiaires de la nouvelle configuration parlementaire qui marque le succès de leur campagne pour les postes à responsabilité. Cela avait déjà été le cas lors du précédent mandat : Jerzy Buzek avait été élu à la présidence du Parlement européen. S'ils ont bénéficié dans un premier temps du statut du pays le plus important de l'élargissement de 2004, l'effet de surprise ne joue plus et c'est une véritable stratégie collective qui est à l'œuvre.

 

Des cartes redistribuées en 2016

L'Italie « surfe » sur la victoire de Matteo Renzi aux dernières élections europénnes  avec la première délégation du groupe socialiste dont elle obtient la présidence, ou celle de Roberto Gualtieri à la tête des Affaires économiques et monétaires (ECON). Elle pèse moins chez le PPE compte tenu des tensions internes à la délégation encore que Antonio Tajanj soit le 1er vice-président Les Italiens n'ont par exemple aucun poste de coordinateur PPE alors qu'ils en sont la quatrième délégation.

La France obtient la présidence des commissions du budget et de la pêche. C'est deux de moins que lors de la précédente législature. Troisième délégation PPE, seconde chez les libéraux et les verts mais en perdant des élus, et sixième chez les socialistes, la France sort affaiblie du score du Front national qui n'a pas réussi à former un groupe. Avec 74 eurodéputés, la France se retrouve en termes d'influence interne au même niveau que la délégation espagnole et loin derrière les Polonais qui ont pourtant un tiers de députés en moins.

Les cartes seront redistribuées à mi-mandat, fin 2016. Cela s'anticipe et se prépare dés maintenant. A la rentrée de septembre, un second « round », se jouera pour l'obtention des rapports qui compteront.  Il s'agira de répondre présent pour peser sur les orientations politiques de ce nouveau Parlement. 

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Commentaire 1
à écrit le 23/07/2014 à 23:41
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Le peuple français a dit non à cette Europe en 2005 et en 2014,on en a ras le bol de ce jeu de dupe,la France doit faire un référendum,on ne supporte plus cette bureaucratie,attention à la troisième secousse elle va être devastatrice

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