Pour une vraie politique du commerce extérieur

Quand la France se dotera-t-elle d'une vraie politique du commerce extérieur, servie par un ministère digne de ce nom? Par Hervé Guyader, avocat au Barreau de Paris, Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International

La récente démission de Thomas Thévenoud remplacé au bout de neuf jours par Matthias Fekl a permis de constater qu'en deux ans, ce sont rien moins que cinq ministres ou secrétaires d'Etat qui se sont suivis au ministère du Commerce extérieur.
Le caractère rocambolesque de cette cascade de successions autorise le commentateur à déplorer l'absence totale d'implication de notre gouvernement dans les problématiques de commerce extérieur et plus globalement de commerce international. Nous sommes pourtant à l'heure cruciale de négociations déterminantes avec le traité transatlantique permettant de façonner le paysage économique du futur.

Comme un signe adressé à l'électeur de gauche...

Nous avons déjà pu illustrer le fait que ce désintérêt est très conscient voire même organisé comme un signe adressé à l'électorat de gauche, véritable marqueur, de ce que ce commerce mondial est bien la dernière préoccupation de l'exécutif uniquement concentré sur l'emploi et la croissance devenues formules incantatoires dont l'expression devrait suffire, seules, à provoquer ses effets.
Même si le gouvernement Vals II présente quelques aspects d'un certain volontarisme économique semblant réconcilié avec la théorie économique de l'offre plutôt que par celle d'une demande artificielle, il leur demeure absolument impossible de franchir le Rubicon en développant une vraie politique de commerce extérieur.
Servir cette critique à l'encontre des deux années passées serait méconnaître l'histoire de la Ve République qui connut quelques passades de successions rapprochées à ce maroquin, moins grossières toutefois.

 Une balance commerciale au plus bas

Les problématiques du commerce extérieur n'ont-elles aucun intérêt ? Les chiffres de la balance commerciale française au plus bas depuis si longtemps devraient pourtant attirer l'œil du gouvernement et le pousser à s'en préoccuper.
Car, un commerce extérieur actif signifie que la France exporte ses produits hors de ses frontières, qu'elle doit donc produire plus que sa demande intérieure et donc embaucher. Caricaturalement, exporter un bien revient à faire payer les salaires français par nos amis étrangers !
L'analyse séduit d'autant plus que la France se signale par un certain nombre de secteurs économiques à haute valeur ajoutée, très attractifs à l'étranger. Il est possible de citer l'agroalimentaire, l'industrie de l'habillement, du luxe, de l'aéronautique, de la santé...  Pourquoi ne pas développer une réelle politique du commerce extérieur ? La Pologne est, par exemple, en train de travailler à assouplir les processus d'exportation de certains produits agricoles aux Etats-Unis.

Au delà des chambres de commerce? Rien

La France est riche de chambres de commerce très actives, tant sur le territoire national qu'au niveau international. Ces chambres pilotent de formidables écoles de commerce qui sont une vitrine à nulle autre pareille de l'excellence française.
Au-delà ? Rien ! Et ce ne sont pas les ministres (ou secrétaires d'Etat) kleenex qui pourront développer de vraies orientations, seules susceptibles de permettre aux entreprises françaises de participer au combat qu'est la mondialisation. Il est malheureusement vrai que l'internationalisation du commerce se présente bien davantage comme une guerre pour laquelle chaque voisin est un ennemi que comme une paisible journée. Est-ce pour autant une raison de s'en désintéresser et de laisser l'espace occupé par d'autres, moins frileux ?

L'espoir d'un véritable Ministère du commerce extérieur

La France, ce n'est pas cela ! La France, c'est une tradition d'ouvertures, de conquêtes autant intellectuelles que commerciales. Il suffit de prendre l'avion, quelle que soit la destination, pour voir une trace - parfois ancienne - de la France. Reste à formuler un vœu, celui de voir Monsieur Fekl rester en poste quelques semaines, quelques mois et surtout de le voir donner à notre beau pays une vision de ce que doit être le commerce international. Espérons voir enfin naître un véritable Ministère du Commerce Extérieur. Les chantiers ne manquent pas.
En ces époques incantatoires, cela suffira peut-être.

Hervé Guyader
Avocat au Barreau de Paris
Docteur en droit
Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International

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Commentaires 3
à écrit le 16/09/2014 à 17:47
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pilotent de formidables écoles de commerce ?? mais où avez-vous vu cela ????? elles sont parfaitement nulles et expliquent pourquoi notre commerce exterieur est si lamentable !!!

à écrit le 16/09/2014 à 12:27
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Question à l'auteur: Une fois que l'on a dit d'accord sur le principe, de quoi parle t'on concrétement?

à écrit le 16/09/2014 à 12:23
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quand les entrepreneurs parleront anglais, qu'ils auront envie d'aller à l'international, que les grands groupes les emmèneront avec eux à l'export (comme en Allemagne)...

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