« Ce gouvernement n'obtient pas de résultats ». Tous les parlementaires de droite le répètent, sans grande surprise. Mais aussi de nombreux socialistes, et notamment les frondeurs qui ne manquent pas de le souligner à chacune de leur intervention. En matière de croissance, d'emploi, nous attendons toujours les résultats, disent-ils. Ce que nombre d'électeurs a priori favorables à la gauche disent aussi dans les sondages, regrettant « l'absence de résultat ».
Réduire les déficits, d'abord
Mais pourquoi ? Il serait logique d'attendre les fruits d'une politique économique visant à doper l'activité et l'embauche, si celle-ci avait mise en œuvre, mais est-ce vraiment le cas? Comme annoncé dès sa pré-candidature, en septembre 2011, la politique économique de François Hollande a d'abord été axée sur la réduction du déficit public. D'où des hausses d'impôts à hauteur d'une trentaine de milliards d'euros, un niveau jamais vu sous la cinquième république. Ces hausses d'impôts visaient à réduire le déficit, l'objectif n'a pas été atteint en raison d'une croissance zéro ou presque.
Et si les finances publiques s'étaient effectivement améliorées ? En quoi ce rétablissement aurait-il été le gage de croissance ? Dans le petit monde des économistes, seuls quelques théoriciens veulent croire que la baisse du déficit favorise à elle seule la croissance. Le fait que la commission de Bruxelles et Berlin aient décidé d'accréditer cette théorie dont les défenseurs reconnaissent eux-mêmes qu'elle repose sur des hypothèses hardies, ne la rend pas vraiment plus crédible.
41 milliards d'euros d'allègements de charges promis aux entreprises, un peu plus de 4 milliards de CICE effectivement versés
Autre axe de l'exécutif, la politique de l'offre. En en novembre 2012, a été pris le tournant de la politique de l'offre, préconisée par le rapport Gallois. Un tournant, mais purement sous forme d'annonce : le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) alors voté par le parlement n'est entré en vigueur, concrètement, qu'au printemps 2014. Comment en attendre des résultats alors que les premiers versements de ce CICE n'ont eu lieu qu'au printemps ? Le gouvernement met en avant les 41 milliards d'euros de prélèvements obligatoires en faveur des entreprises, prévus par le pacte de responsabilité. Mais, à ce stade, seuls 4,5 milliards d'euros de CICE ont été versés aux entreprises (ou déduits de leur facture fiscale). Un rapport presque de un à 10 entre ce qui est prévu et ce qui est effectif...
Une politique de l'offre qui joue à long terme
Et même si des dizaines de milliards avaient été versés... tous les économistes l'admettent, la politique de l'offre visant à améliorer la compétitivité des entreprises -via la baisse indirecte des charges sociales, en l'occurrence- ne peut jouer qu'à moyen terme. Alors que les hausses d'impôt ont un impact direct et immédiat sur le pouvoir d'achat, que ce soit des ménages ou des entreprises, qui réagissent à une ponction fiscale supplémentaire en coupant, par exemple, dans leurs investissements, le renforcement des marges des entreprises ne peut avoir un effet positif que de façon décalée.
Bref, il n'est pas surprenant que le gouvernement n'obtienne pas plus de résultats, notamment sur le front du chômage.
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