Comment faciliter le financement des PME

La politique monétaire mise en oeuvre par la Banque centrale européenne est a priori favorable aux entreprises, y compris les PME. Mais tout dépend de l'attitude des établissements financiers, et d'une relance européenne. La politique monétaire ne peut pas tout: Par Didier Kling, président de la Chambre nationale des Conseils-Experts Financiers (CNCEF)

La planète finance s'émeut régulièrement à propos du financement des entreprises et elle a raison. Les observateurs et acteurs privilégiés que nous sommes, dans les professions du droit et du chiffre mais aussi de la gestion de patrimoine ne font que constater, rapports après rapports, que le compte n'y est pas. Ceci n'est évidemment pas uniquement relatif à la France car la crise internationale produit les mêmes effets, partout en Europe.

Un climat des affaires dégradé

Pour ce qui nous concerne, dans l'hexagone, les PME connaissent de sérieuses difficultés pour accéder aux crédits, notamment en phase d'amorçage ou pour se relancer sur les marchés. Un récent baromètre de la CGPME laisse apparaître éclairement que 46 % des dirigeants de PME interrogés estiment que la situation de leur entreprise s'est détériorée. Le climat des affaires s'est particulièrement dégradé dans le commerce et le bâtiment pour, respectivement, 53 % et 65 % des entrepreneurs. En plus de ce constat, ils soulignent non seulement un climat un manque de sensibilité du secteur bancaire à leurs difficultés. L'inquiétude des PME est accentuée par les normes prudentielles qui entravent les banques dans leur capacité de distribution.

La politique de la BCE peut améliorer la capacité d'investissement des entreprises

Depuis le 18 septembre dernier, la Banque Centrale Européenne a lancé un nouveau programme de financement destiné aux PME, représentant 82,6 milliards d'euros en direction de 255 banques. Les établissements financiers des états membres chargés de sa mise en œuvre ont reçu l'instruction de financer l'économie réelle. D'une durée de quatre ans, ce dispositif baptisé a été TLTRO (Targeted Long-Term Refinancing Operations)

La Chambre Nationale des Conseils Experts Financiers que je préside s'est montrée sensible à l'annonce, car particulièrement engagée sur les questions relatives aux financements des entreprises. L'arrivée de nouvelles liquidités favorisées par le programme européen TLTRO doit être l'occasion non seulement de libérer en partie les contraintes financières des entreprises mais aussi d'améliorer leur capacité d'investissement.

 Beaucoup dépend de l'attitude des établissements financiers

Mais cela ne peut se faire au détriment d'une vraie transparence non seulement vis à vis de la BCE et plus largement vis à vis des entreprises dans leur ensemble. Le TLTRO doit mobiliser tous les acteurs qui œuvrent dans ce périmètre. C'est pourquoi la CNCEF - avec la CNCIF - a initié une démarche de consultation des établissements financiers français afin de recueillir leurs intentions sur ce dispositif européen ainsi que les modalités déployées pour sa mise en œuvre.

Les réponses obtenues nous donneront l'occasion de constituer un observatoire. Sa vocation sera d'analyser le processus de distribution de crédits aux PME, notamment d'éventuelles déclinaisons régionales, en lien avec les acteurs existants publics ou privés. Mais aussi de comparer les critères d'attribution entre établissements financiers, c'est à dire les conditions d'éligibilité. Enfin de connaître la volonté des banques de rendre compte de l'utilisation de ces crédits.

L'argument de la faible demande des PME

Pour le moment, la première allocation du système de prêt à long terme annoncée n'a guère intéressé les banques. En effet, lors de la première attribution, sur 300 milliards disponibles, elles n'ont sollicité que 82,6 milliards. Plus d'une centaine dans l'espace communautaire n'ont pas voulu s'engager, craignant d'une part les risques et d'autre part, s'appuyant sur l'argument de la faible demande des PME.

La politique monétaire ne peut pas tout. Il appartient désormais aux pouvoirs publics français et européen d'entraîner des mesures concrètes en faveur de l'économie dans chaque pays. C'est la condition pour que des perspectives se dégagent, que les marchés repartent, pour que les banques investissent et prêtent. Sans vraie relance de la zone euro, la BCE est condamnée à limiter la casse. Elle aura bien du mal à échapper à la déflation. Et nos entreprises avec.

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Commentaire 1
à écrit le 07/10/2014 à 22:33
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Rien que le mot BANQUE, ça PUE !

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