Pourquoi la consommation tient bon en France

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, pourquoi la consommation tient bon en France.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Malmenée par un pouvoir d'achat dégradé, chahutée par la montée du chômage, la consommation chancèle mais ne tombe pas. Comme le montrent les derniers chiffres elle a parfaitement résisté cet été : en déperdition en juillet avec -0,7%, les achats des ménages en biens se sont repris dès le mois suivant (+0,7%), si bien qu'à la sortie du mois d'août l'acquis de croissance ressort à +0,5 point. Cela permet d'écarter le scénario noir d'un décrochage au 3ème trimestre.

Mais est-ce vraiment une surprise ? Les évolutions sur long terme montrent que non. La consommation en France progresse ou, au pire, se fige en période difficile. Et il s'agit bien là d'une exception française, la comparaison avec le reste de la zone euro le prouve. Et la question se pose : pourquoi cette rigidité ?

Première explication, la place prise dans l'économie française par ceux disposant de revenus sécurisés. Je m'explique, ce sont d'abord ceux qui appartiennent à la fonction publique, soit un peu plus de 5,5 millions de personnes.

Ce sont ensuite tous ceux qui travaillent dans les grandes entreprises publiques dans lesquelles l'Etat détient une participation majoritaire : EDF, SNCF, Banque de France, La Poste... près de 800.000 Français sont concernés auxquels il faut rajouter ceux travaillant dans des entreprise dans lesquelles l'Etat a seulement des intérêts.

Le chiffre est alors multiplié par plus de deux. Bilan un emploi sur quatre environ est sécurisé et les revenus afférant avec. Viennent s'ajouter ensuite les 15,5 millions de retraités. Le système de retraite par répartition à cet avantage d'assurer le versement régulier des pensions au-delà des à-coups de la conjoncture.

En bout de course ce sont quasiment 23 millions de personnes qui sont concernées, pour une population totale en âge de percevoir un revenu de plus de 50 millions, soit près d'une sur deux. La rigueur est certes au rendez-vous pour cette population, mais elle reste graduée. Seconde explication. La démographie. Elle est plus dynamique en France que dans le reste de l'Europe.

A quoi il faut ajouter la tendance au fractionnement des structures familiales qui pousse au dédoublement des dépenses Le nombre de ménages progresse en moyenne de 275.000 par an, cela représente près de 1,4 million de foyers en plus sur les 5 dernières années. Mais ce n'est pas tout.

La France se distingue aussi par l'évolution du patrimoine de ses habitants. Fin 1998, le patrimoine net des Français s'élevait à 4.100 milliards d'euros, soit une moyenne de 166.000 euros pour chaque ménage. Fin 2013, il atteint plus de 10.500 milliards, soit 370.000 euros environ, une hausse en liaison avec la flambée immobilière.

Bien sûr, il faut tenir compte de l'inflation mais la valeur réelle de la richesse nette a tout de même progressé de 3,6% par an et le patrimoine des Français correspond aujourd'hui à plus de 8 années de revenu disponible net. De quoi voir venir!

Dernier facteur, la montée des dépenses pré-engagées. Elles représentent désormais plus d'un tiers des dépenses totales des ménages. Or par définition, ces dépenses sont en mode « automatique » et progressent naturellement. La consommation tient bon. Reste à savoir si c'est une bonne nouvelle ou le signe d'un pays qui consomme au-dessus de ses moyens !

>> Plus de vidéo sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaire 1
à écrit le 16/10/2014 à 13:26
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Peut-être parce que les "prix à la consommation" version INSEE ne reflètent pas la réalité et que si la consommation se maintient en volume c'est que les gens ne peuvent faire autrement mais ne consomment pas plus ni autant.

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