Vivent les mariés... grâce au crowdfunding !

On ne fait pas appel au banquier pour financer un mariage. En revanche, il est possible de demander à ses amis. Le crowdfunding peut y aider. par Arvind Ashta, Laurence Attuel-Mendès et Djamchid Assadi, enseignants-chercheurs, Chaire Banque Populaire en Microfinance du Groupe ESC Dijon-Bourgogne

La relance de l'économie est dans tous les esprits. A priori fantaisiste, une manière pourtant très sérieuse d'y pourvoir se trouve dans... le mariage. Et pourrait ainsi s'opérer tant au niveau macro que microéconomique.

En effet, plus il y a de mariages, plus il y a de fêtes. Dans une économie étouffée par le manque de demande, voilà qui est de bon aloi pour la consommation, locale en particulier. Un mariage étant un évènement de proximité, nécessitant des services locaux de restauration et de spectacle, il favorise le développement économique non délocalisé.

Rajeunir la sempiternelle liste de mariage

Or, comme pour tout autre secteur, le mariage a un coût, qui doit être financé par l'épargne ou par autre chose. Ceci constitue une limite micro qui a des conséquences macroéconomiques. Le crowdfunding, qui a permis de collecter des millions d'euros pour des projets de bienfaisance et entrepreneuriaux en France et dans le monde, peut être mobilisé pour ce type de projet personnel.

Cela pourrait résoudre le problème des jeunes couples qui remettent à plus tard leur mariage parce qu'ils n'ont ni argent ni famille qui les soutiendrait financièrement. S'endetter auprès d'une banque semble une solution peu enviable et difficilement réalisable dans un contexte économique tendu.

Grâce au crowdfunding, au contraire, les futurs mariés pourraient demander à leurs familles et amis de les aider à participer à ce grand jour et de leur offrir la possibilité de recevoir autant d'invités qu'ils le désirent. Ces convives 2.0 ne coûteraient plus mais rapporteraient.

Le cercle des donateurs pourrait s'étendre au-delà du premier cercle de la famille et des amis afin de participer au début d'un nouveau cycle de vie des futurs mariés. L'accord serait mutuellement bénéfique. Les jeunes couples recevraient de l'aide et les donateurs trouveraient l'occasion d'être des acteurs de l'événement, rajeunissant la sempiternelle liste de mariage.

Alternative au financement bancaire

Comme souvent maintenant, l'innovation en matière de financement participatif vient des États-Unis, où une plateforme phare s'est déjà frayée une place de choix sur le secteur du mariage : GoFundMe.com, qui a recueilli plus de 310 millions de dollars depuis son démarrage en 2010.

Il n'existe pas encore de site de ce type en France, et aucune plateforme classique ne s'est encore associée à des événements majeurs comme les différents salons du mariage, dont un certain nombre se tient cet automne.

Néanmoins, l'idée d'alternative au financement bancaire dans tous les aspects de la vie continue à faire son chemin. Sans aller jusqu'à proposer que la société finance une fois dans la vie de chaque couple un mariage, doit-on déplorer une dérive mercantile selon laquelle tout se monnaierait, même la célébration de l'amour ? Il faut plus certainement y voir un signe supplémentaire de la paupérisation des populations et d'un durcissement de l'accès au financement. On ne peut dès lors que louer l'action du gouvernement en faveur du crowdfunding, notamment par la publication du décret du 16 septembre dernier.

Arvind Ashta, Laurence Attuel-Mendès et Djamchid Assadi, enseignants-chercheurs, Chaire Banque Populaire en Microfinance du Groupe ESC Dijon-Bourgogne

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