Chute du baril : le contre-choc providentiel

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le contre-choc pétrolier providentiel
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Cela fait maintenant six mois que le prix du pétrole dégringole : encore à 115 dollars le baril mi-juin, le cours du Brent est descendu par paliers jusqu'à casser le plancher des 70 fin novembre : c'est 45 dollars de moins, une chute de près de 40%. C'est donc un véritable contre-choc pétrolier qui s'est produit.

Une baisse qui tombe à pic parce qu'au moment où la France se traîne et éprouve les pires difficultés à franchir 1% de croissance en rythme annualisé, la chute du pétrole vient bousculer les anticipations. Celle des entreprises d'abord grâce à des marges moins étranglées.

Une bouffée d'oxygène

Dans un pays où elles sont structurellement basses par rapport à ses voisins et tombées à un niveau plancher, c'est une bénédiction. Une bouffée d'oxygène salutaire, très profitable pour les sociétés des transports et les industriels. D'ailleurs, d'après les estimations de Coe-Rexecode, cela revient à alléger les coûts de 2 milliards d'euros pour l'ensemble de l'industrie (hors raffineries). C'est un montant supérieur à celui qu'elle percevra au titre du Crédit d'impôt pour l'emploi et la compétitivité (le Cice) sur 2014.

Alors bien entendu, cette manne n'est pas uniformément répartie. Surtout, les clients veilleront à ce qu'une partie leur soit répercutée sous forme de baisses de prix.

Mais globalement, l'étau de la trésorerie se desserre pour nombre d'entreprises. Pour les ménages, la chute du pétrole tombe également à pic. Elle allège mécaniquement la facture « essence et chauffage » : additionnés, les postes essence (un peu plus de 37 milliards d'euros), fioul (8,6) et autres produits liés comme les lubrifiants représentent une enveloppe de plus de 49 milliards d'euros.

Alors bien sûr, il ne faut pas surestimer l'impact de la baisse du cours du brut sur des tarifs pour l'essentiel constitué de taxes. Mais, une baisse de 10% des prix en année pleine est une hypothèse à retenir. C'est par conséquent, un coup de pouce de près de 5 milliards d'euros pour les ménages. Au moment où le pouvoir d'achat est attaqué de tous les côtés, c'est évidemment une nouvelle qui tombe à pic.

Mieux encore : ce reflux des prix intervient au moment même où les ménages remplissent leur cuves. Et il ne s'agit là que des effets directs. Un exemple : le prix du gaz naturel est largement indexé sur le prix du pétrole. Ce qui vaut pour la France, vaut aussi pour l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne.

Un effet multiplicateur pour l'Europe

Au moment où le dollar remonte, où la BCE est offensive pour permettre à la zone euro de raccrocher la locomotive américaine, mais où les budgets publics restent corsetés, cela tombe à pic pour redémarrer le moteur de la demande domestique qui, en panne depuis des années, plombe les anticipations de croissance. Un coup de starter nécessaire au moment même où la BCE veut impulser une reprise du crédit aux entreprises pour faire sortir le PIB de ce tunnel où il reste coincé. Une baisse du pétrole qui tombe à pic aussi pour recentrer la stratégie allemande vers la zone euro maintenant que la Russie est au bord du précipice avec des recettes pétrolières en chute libre.

Alors certes, les motifs de cette baisse intentionnelle des cours du pétrole de la part des États-Unis et de l'Arabie Saoudite, sont d'abord politiques, avec la Russie et l'Etat islamique en ligne de mire. Mais ce ne sera pas la première fois que la croissance occidentale fera son lit dans les désordres de l'histoire, comme le montre la chronique des précédents contre-chocs pétrolier.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 9
à écrit le 18/12/2014 à 5:24
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Oui le bonheur des uns fait le malheur des autres,surtout en Afrique centrale où les économies sont tributaires à près de 70% de l'or noir. Ah que décidément les plus forts dictent leur loi

à écrit le 17/12/2014 à 12:02
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Le problème c'est que l'on peut en acheter plus mais que l'on en a pas besoin!

à écrit le 17/12/2014 à 11:49
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45$ de moins entre juin et Novembre 0,40€ de plus sur le prix du KWh de Gaz Cherchez l'erreur C'est vrai, on est en hiver. Donc on consomme plus et GDF augmente ses prix et ses marges

à écrit le 17/12/2014 à 11:08
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Depuis ma jeunesse on me dit que la diminution des réserves mondiales de pétrole engendrera une augmentation continue du coût du pétrole. Certain expert avance une hausse des prix incontrôlés vers 2030 car produit rare égale produit de luxe. Alors po...

le 17/12/2014 à 22:42
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Non l'histoire du peak oil est de la foutaise. ça se confirme aujourd'hui et demain plus encore ; les températures s'élèvent, les panneaux solaires s'installent, les matériaux réduisent les pertes calorifiques et surtout la calotte glaciaire fond et ...

à écrit le 16/12/2014 à 20:44
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ça va durer combien de temps cette blague ? Quand l'OPEP aura perdu des centaines de milliards via les bourses ? Quand les parapétroliers américains surendettées dans les gaz de schistes auront fait faillite et les hedge-funds avec? Cette affaire ...

à écrit le 16/12/2014 à 16:46
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La France exsangue par les dépenses de son administration dispendieuse ne peut pas profiter de cette période. Snif snif ! Nos politiciens doivent retourner à l'école pour apprendre à compter et savoir que Recettes = Dépenses sinon c'est la catastrop...

le 16/12/2014 à 18:08
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Peu importe les sujet on trouve toujours le poujadiste primaire pour railler les fonctionnaires de façon primaire riidicule et surtout fausse

à écrit le 16/12/2014 à 14:27
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Les effets bénéfiques du Krach pétrolier seront tardifs et peu importants comparativement aux effets massifs et immédiats sur les bourses et sur les fonds de pensions. Par ailleurs le krach pétroleo-immobilier des monarchies du Golf semble déjà avoir...

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