Climat : sortir de l'absurdité des politiques actuelles

Il faut cesser de subventionner à grands frais l'éolien et le solaire, pour un résultat quasiment nul. Investissons massivement dans la recherche et le développement, afin de développer de véritables alternatives. Les gaz de schistes en sont une. Par Bjorn Lomborg, directeur du Copenhaguen Consensus Center
Pour Bjorn Lomborg, directeur du Copenhaguen Consensus Center, les subventions massives à l'énergie solaire ou éolienne n'aboutissent qu'à des résultats quasiment nuls

Tout comme les précédentes conférences de l'ONU sur le climat qui ont ponctué ces deux dernières décennies, le sommet de Lima s'est conclu sur des résultats très mitigés. Pour reprendre les mots d'Albert Einstein : "Le comble de l'absurdité, c'est de refaire indéfiniment la même chose et s'attendre à des résultats différents."

 Les émissions de CO2 ne cessent d'augmenter!

L'approche traditionnelle prônée clairement et résolument face au changement climatique durant ces 20 dernières années consiste à subventionner le déploiement des énergies renouvelables (EnR), dont le solaire et l'éolien - une démarche censée nous conduire vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Aujourd'hui, malgré une succession sans fin de sommets et de bonnes intentions, l'éolien et le solaire ne représentent que 0,4% des besoins énergétiques de la planète, et les émissions de CO2 ne cessent d'augmenter.

Selon le dernier rapport prospectif de l'Agence internationale de l'énergie qui se projette pour la première fois vers 2040, même avec le scénario le plus optimiste fondé sur la réalisation effective des engagements pris par tous les Etats, le solaire et l'éolien ne fourniront que 2.2% des besoins énergétiques de la planète dans 26 ans. Des chiffres qui confirment les propos de Jim Hansen, ancien climatologue de la NASA et conseiller d'Al Gore : l'hypothèse selon laquelle les EnR permettront une sortie rapide des énergies fossiles - aux États-Unis, en Chine, en Inde ou globalement dans le monde, équivaut à croire au Lapin de Pâques ou à la Petite Souris."

 le coût exorbitant des technologies vertes actuelles

Après 20 ans de débats, de grandes promesses et de discours pompeux, notre solution favorite ne se résume aujourd'hui qu'à 0.4% de nos besoins, promettant une hausse minimaliste de 1.8% dans les 24 prochaines années. Il est temps de déterminer une démarche plus pertinente.

Le problème fondamental réside dans les coûts trop élevés des technologies vertes actuelles. Cela vaut autant pour les pays occidentaux - incluant la France - que pour les pays en voie de développement. Aider les pays pauvres en leur fournissant gracieusement des éoliennes et des panneaux solaires leur est certes bénéfique. Néanmoins, des études ont démontré que si nous avions opté pour le gaz, nous aurions quadruplé le nombre de populations qui auraient eu accès à l'électricité pour la même somme.

Convaincre les grandes puissances d'aller à l'encontre de leurs intérêts?

 Comme nous l'avons vu à Lima, le problème posé par l'approche climatique actuelle se situe dans le fait que nous essayons pratiquement de convaincre les grandes puissances mondiales d'aller à l'encontre de leurs intérêts économiques. Le sacrifice de l'Allemagne de plus de 100 milliards d'euros, investis dans le solaire, ne fera finalement reculer le réchauffement climatique que de 37 heures à la fin de ce siècle. Une politique difficilement convaincante.

La Chine a sorti 680 millions d'individus de la pauvreté en utilisant le charbon - une source d'énergie plus abordable bien qu'elle soit polluante - et nous leur demandons actuellement de ralentir ce processus. Et maintenant, nous demandons aux pays en voie de développement de se tourner vers le solaire et l'éolien - des alternatives peu efficientes qui ne bénéficieront qu'à une tranche largement restreinte de populations pauvres.

 Une ALTERNATIVE PROMETTEUSE: investir dans la R&D des énergies vertes

Il n'est pas surprenant que le sommet de Lima se soit achevé sur un bilan mitigé, et si nous persistons dans cette voie, la même chose se reproduira à Paris en décembre.

Heureusement, il existe une alternative bien plus prometteuse qui n'implique pas de mesures directes allant à contresens de la bonne marche économique des états : l'augmentation massive des investissements dans la R&D des énergies vertes. Si nous parvenons à innover pour ramener leurs coûts en-dessous des prix des énergies fossiles, tout le monde passera aux énergies vertes - y compris la Chine et l'Inde.

Des analyses économiques ont montré que si nous concentrons nos ressources sur la R&D des énergies vertes, elles généreraient un bénéfice climatique et social de 11 euros pour chaque euro dépensé. A titre de comparaison, la moyenne de plusieurs modèles macroéconomiques a montré que la politique climatique de l'UE engendrera entre 2020 et 2100 un coût annuel de 200 milliards d'euros, pour épargner seulement 7 milliards d'euros par an sur le coût du réchauffement climatique - soit un bénéfice de 3 centimes d'euro pour chaque euro dépensé.

Des subventions actuellement contre-productives

Les lobbyistes prônant les technologies vertes actuelles fondent leur argumentation sur le fait que leur subventionnement va initier cette innovation, en créant une demande de plus en plus massive des EnR qui impulsera l'innovation verte. C'est malheureusment loin d'être le cas.

A l'issu d'une étude sur les impacts de l'Energiewende - la grande aventure verte de l'Allemagne, une commission parlementaire allemande a conclu sans ambiguïté que les subventions aux EnR ne suscitent pas l'innovation. Tout simplement parce qu'il est plus sécurisant pour les entreprises de s'en tenir à ces alternatives - largement subventionnées, plutôt que d'améliorer des technologies existantes ou de développer de nouvelles alternatives viables aux énergies fossiles. Ces subventions constituent une mesure incitative erronnée. Cette commission affirme dans la conclusion de son rapport "ne pas avoir trouvé d'impacts positifs générés par ces subventions en matière d'innovation verte."

Les gaz de schiste permettent aux Américains de réduire les émissions de carbone

Le développement de l'informatique initié dans les années 50 illustre parfaitement la manière dont les progrès se réalisent. Nous n'avons pas développé les ordinateurs en subventionnant et en produisant massivement des tubes électroniques. Idem dans les années 60, nous n'avons pas instauré des subventions massives afin que tous les occidentaux puissent avoir un ordinateur énorme dans leur cave. Et nous n'avons pas non plus instauré des taxations sur les autres alternatives, comme les machines à écrire. Nous devons le développement de l'informatique uniquement à des investissements massifs dans la R&D, induits par la course à l'espace. Des financements qui ont donné naissance aux transistors, aux circuits intégrés, aux disques durs et toutes autres innovations qui ont permis aux entreprises comme IBM et Apple de produire des ordinateurs attractifs pour le consommateur.

 Nous savons à quel point l'innovation peut réduire les émissions de GES. La révolution du gaz de schiste a permis au gouvernement américain d'investir 10 milliards de dollars dans la R&D durant ces trente dernières années. La fracturation hydraulique (ou fracking) a fait significativement baisser les prix du gaz, fournissant ainsi une alternative au charbon, plus abordable et moins polluante - qui a permis aux américains de réduire leur émissions de carbone d'environ 300 millions de tonnes en 2012. Une réduction trois fois supérieure à celle générée annuellement par les installations solaires et l'éoliennes de l'UE. Alors que l'UE débourse chaque année plus de 30 milliards d'euros en subventions, les États-Unis produisent 227 milliards d'euros par an grâce au gaz de schiste.

Au lieu de miser sur le choix hypothétique de la planète de poursuivre une politique qui va à l'encontre des intérêts économiques de tout un chacun, les prochains sommets sur le climat devraient se focaliser sur l'augmentation massive des financements de la R&D de manière à permettre le développement de nouvelles générations d'énergies vertes plus abordables. Innover pour faire baisser les prix de l'énergie verte en-dessous des énergies fossiles constituerait un véritable début dans la lutte contre le réchauffement climatique.

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