Les enjeux de la voiture du futur pour les constructeurs

Les constructeurs auto font face à trois enjeux, s'agissant de la voiture du futur: l'exploitation d'un véritable "big data" lié à une multiplicité de données géolocalisées, la bataille pour le contrôle de l'écran embarqué, et la constitution d'une offre mobilité, l'achat d'une voiture laissant la place à une demande de service. Par Philippe Boyer, directeur marketing et développement d'Urbis Park

Les voitures sans conducteur et connectées seront les vedettes du Consumer Electronics Show, plus grand salon mondial de la high-tech, qui se tient à Las Vegas du 6 au 9 janvier 2015. Avec cette  voiture du futur, c'est tout un secteur qui est en passe de basculer d'un marché de production à un marché de services. Pour les constructeurs, les enjeux sont énormes : du contrôle de la voiture du futur en passant par la relation clients jusqu'à la définition des nouvelles offres de mobilités.

2015 sera-t-elle l'année de la mise en service de l'automobile sans conducteur et connectée ? Outre que de nombreuses contraintes techniques et sécuritaires restent encore à lever, il n'empêche que Google vient d'annoncer que son véhicule autonome, la Google Car, va être testé sur circuit avant un possible essai en ville courant 2015. En lançant, dès 2010, la conception de son projet de voiture entièrement automatique et connectée, Google a créé le buzz en poussant les autres constructeurs à s'engager sur la route de la voiture connectée. Ce défi technologique cache plusieurs enjeux qui vont bouleverser l'écosystème de l'automobile.

Un "big data" embarqué

Le premier enjeu de l'automobile du futur est lié à la capacité des constructeurs à  exploiter l'énorme masse de données en provenance de leurs clients. La voiture de demain fera le plein de capteurs embarqués qui généreront des milliers de données géolocalisées. Ce « big data embarqué » transformera chaque véhicule en un nouveau canal commercial relationnel direct entre son propriétaire, le constructeur ainsi que tous les opérateurs qui, de près ou de loin, contribuent à la mobilité (sociétés d'autoroutes, pétroliers, gestionnaires de parkings, ...). L'ordinateur de bord, directement relié au web et géolocalisé, sera à l'origine de cette nouvelle relation commerciale via des offres de services personnalisés liés à la voiture, à son conducteur et ... à ses envies. Ces dernières trouvant une réponse immédiate dans la vente de contenus en ligne ; qu'ils soient ludiques, liés à la sécurité ou à des services pratiques (conciergerie personnalisée...). Ces nouveaux services ainsi que les futurs partenariats industriels associés dépendront au final de la capacité des constructeurs à exploiter cette masse de données.

La bataille du contrôle de l'écran embarqué

Le deuxième enjeu pour les constructeurs automobiles porte sur leur positionnement  dans la chaîne de valeur de la voiture connectée. En signant avec les géants du web ou en développant leurs propres plates-formes propriétaires sur le modèle des « stores » Apple ou Android (Renault R-Link, Citroën Multicity Connect, Peugeot Connected Apps ou encore BMW Connected Drive...), les constructeurs ont intégré qu'au centre de la voiture connectée les technologies déjà présentes dans les smartphones auront une place croissante. Ecrans multimédias tactile, réseau 4G, reconnaissance vocale, hub Wi-Fi à bord...bref, la voiture de demain devient un objet connecté à part entière, sauf qu'à la différence d'une tablette ou d'un téléphone, il bouge et émet en permanence des milliers d'informations qui peuvent potentiellement se transformer en de nouvelles sources de revenus grâce aux services et applications proposées.

De la voiture à l'offre mobilité

« Les Français aiment la bagnole », déclarait Georges Pompidou au début des années 1970. Aujourd'hui, les constructeurs doivent faire face à un nouvel enjeu : celui de leur transformation en fournisseurs de mobilités. Avec l'accroissement de la population mondiale vivant dans les villes, les constructeurs d'automobiles ont bien compris que la place, l'usage et le statut de la voiture changeaient. Outre que la composante utilitaire de l'acte d'achat a pris le dessus, les jeunes générations ont un rapport tout autre avec la voiture, cet objet de consommation comme un autre. Il suffit de rappeler qu'en France, le covoitureur type est âgé de 35 ans et que les moins de 30 ans représentent à peine 10 % des clients des constructeurs.

En développant de nouveaux partenariats avec des opérateurs d'autopartage, de covoiturage ou des fournisseurs de bornes de recharges électriques, les constructeurs se sont engagés sur la voie nouvelle qui consiste à vendre de la mobilité plutôt qu'un véhicule (MU by Peugeot, Citroën Multicity...). Ce changement de modèle est le résultat d'un constat : à côté des réseaux de transports publics collectifs (métros, tramways, bus...), les citadins peuvent opter pour de nouveaux modes de transports plus souples et plus économiques (covoiturage, autopartage, vélos en libre-service...). Ce sont ces nouveaux modes de déplacement fondés sur une mise à disposition plutôt que sur la possession qui feront progressivement basculer l'automobile d'un marché de production à un marché de services de mobilités.

Philippe BOYER est directeur marketing et développement d'URBIS PARK, opérateur national de stationnement

 Source : CCFA, Comité des Constructeurs Français d'Automobiles

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 12
à écrit le 06/01/2015 à 15:11
Signaler
L'enjeux de la voiture du futur, c'est l'absence de voiture. Et comme cette industrie draine des millions d'emplois (usines, sous traitants), de side business (pétrole, garages) et de capitaux. Plutôt que de révolutionner son modèle en proposant de c...

à écrit le 06/01/2015 à 14:39
Signaler
le traitement de la donnée n'est pas un problème, car il reviendra naturellement aux acteurs capables de la traiter. A terme une consommation à l'usage risque de tuer nos constructeurs nationaux. On souscrira un service mobilité plus qu'on n'achètera...

à écrit le 06/01/2015 à 9:07
Signaler
Ds 5 ans, plus besoin de voitures pour se déplacer , ds 5 ans seulement ...

à écrit le 06/01/2015 à 8:51
Signaler
Bonjour à tous, Et personne n'y voit là encore un moyen du plus de suivre les utilisateurs en permanence, pour ne pas dire les "traquer" ???? Encore un moyen imaginé et développé pour nous fliquer encore plus !! Big Brother is watching you !! Bon...

à écrit le 05/01/2015 à 16:12
Signaler
Google, c'est bien la boite qui nous promettait des lunettes de star wars pour il y a 2 ans et qui maintenant ne veut plus les commercialiser? Certes une partie de l'usage des autos se tourne vers le car sharing, comme les flottes professionnelles so...

à écrit le 05/01/2015 à 15:43
Signaler
La voiture du futur en France c'est deux roues et un guidon et ça va se nommer "vélo" comme en chine sous Mao

à écrit le 05/01/2015 à 15:36
Signaler
Il y a les industriels qui rêvent de gagner de plus en plus d'argent en contrôlant le système d'un bout à l'autre. Et il y a les consommateurs qui essaient d'économiser en exerçant le maximum de contrôle sur leurs achats. Les premiers ont l'oreill...

à écrit le 05/01/2015 à 15:29
Signaler
On la paie avec quoi cette voiture du futur parce que si je n'ai pas davantage de pouvoir d'achat, je garde mon R8 !!!

à écrit le 05/01/2015 à 13:51
Signaler
Quid de l'aspect financier de la possession d'une voiture? Si les moins de 30 ans n'achètent que très peu de voitures, et surtout des voitures neuves, c'est tout simplement parce qu'ils n'ont pas l'argent.

le 06/01/2015 à 10:31
Signaler
La rupture sociétale se trouve justement dans le fait que l'on empêche le client de devenir propriétaire. Notre vie future sera totalement soumise à la location et l'abonnement, et au bon vouloir des prestataires de service qui vivront sur une rente ...

à écrit le 05/01/2015 à 13:17
Signaler
L'enjeu va bien au-delà ... Qui sera responsable en cas d'accident? Le constructeur automobile? Le fabricant de la tablette permettant la programmation du trajet ? Celui qui aura programmé le trajet? Le fabricant du logiciel (Google ou autre)? Le pa...

à écrit le 05/01/2015 à 12:08
Signaler
La bataille / la guerre pour s' assurer du " leadership " de la voiture de demain est déjà commencée . C'est une partie à TROIS ( pour le moment ! ) entre les géants de l'internet , les constructeurs et les équipementiers ....EXCELLENT...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.