La simplification est la clef du progrès

Ou comment lutter contre la complexité technologique, frein à l'entreprise. par Saswato Das, directeur des contenus, SAP Directeur des contenus, SAP

Albert Einstein a consacré, en vain, les deux dernières décennies de sa vie à élaborer une théorie expliquant à la fois la pesanteur et l'électromagnétisme. Il pensait que les théories du moment manquaient de simplicité et d'universalité.

Il disait à ses élèves: « Il faut tout rendre le plus simple possible, mais sans simplifier. »

Einstein était déjà renommé pour son équation E=MC2, qui lie l'énergie à la masse et la vitesse de la lumière. (Cette équation simple et pourtant profonde explique comment le soleil produit de l'énergie. Elle l'a conduit à créer la bombe atomique). Einstein avait aussi repris la description de la pesanteur d'Isaac Newton, la fameuse pomme qui tombe, et l'avait remaniée en une théorie générale sur la relativité. Celle-ci prédisait, entre autre chose, que la pesanteur pourrait changer la trajectoire de la lumière. Un demi-siècle plus tard, le physicien Ecossais James Clerk Maxwell a rassemblé électricité et magnétisme en un seul système. Einstein ensuite espérait  trouver une description simple et élégante expliquant à la fois la pesanteur et l'électromagnétisme.

Einstein a échoué, et encore aujourd'hui, le saint Graal de la physique moderne est d'englober toutes les forces connues dans un seul et un même système - en un mot une belle théorie unique.

 Complexité, fatalité de notre temps?

 L'augmentation de la complexité peut sembler inévitable quand il en vient à la science et à la technologie. Comme mon collègue Paul Taylor l'a mentionné dans son excellent essai, la tyrannie de la complexité, https://www.forbes.com/sites/sap/2014/09/05/the-tyranny-of-complexity/ , le monde de l'informatique aujourd'hui est extrêmement encombré et complexe, du fait d'une croissance exponentielle d'appareils connectés qui doivent fonctionner sur des systèmes existants et d'innombrables versions de logiciels.

Le paysage informatique moderne me rappelle celui d'une grande métropole, comme Lagos, le Caire ou Sao Paolo, chaotique et complexe, où des années de croissance non planifiée ont créé des mégapoles où il est difficile de circuler. Tout comme les autorités urbaines créent  des artères pour délimiter des rues à sens unique et lutter contre les encombrements innombrables, de même, les entreprises informatiques se mobilisent pour gérer la complexité.

 Créer l'ordre au sein du chaos

 En science, le plus souvent, la complexité croit avant qu'un système simple soit mis en place pour l'unifier. D'ailleurs dans bien des cas, c'est la complexité croissante qui a suscité un changement de paradigme. Cent ans avant que Darwin publie L'Origine des Espèces, le botaniste suédois Carl Linnaeus avait commencé son catalogue de taxonomie. Linnaeus avait catégorisé 10,000 espèces de plantes et d'animaux, et favorisait une description statique qu'il attribuait à la volonté divine. A l'époque de Darwin, le nombre d'espèces connues était passé à 100,000 ; c'était en cherchant une explication pour la diversité des formes de vie que Darwin a trouvé la théorie de l'évolution - un changement de paradigme par excellence.

D'autres révolutions ce sont produites à la suite d'une hypercroissance de la complexité. Les astronomes médiévaux utilisaient encore les tables de Claudius Ptolémée, l'astronome grec qui a vécu au premier siècle après Jésus Christ. Ptolémée croyait que la terre était au centre de l'univers et avait établi un modèle complexe qui impliquait des cercles imbriqués (nommés épicycles) pour prédire les orbites des planètes.

Au 15ème siècle, le modèle de Ptolémée était encore d'actualité, mais grâce à des ajustements minutieux adaptés aux observations astronomiques. Les mathématiques issues de ce système étaient extrêmement complexes. C'était afin de trouver un système plus simple que Copernic a découvert le modèle héliocentrique du système solaire. Galilée et Johannes Kepler ont ensuite amélioré l'axiome copernicien et c'est Isaac Newton qui a finalement donné à  l'astronomie de la Renaissance la base nécessaire avec sa théorie de la gravitation. Enfin, quand la planète Neptune a été découverte à travers un télescope basé sur la mécanique newtonienne, ce fut un véritable triomphe pour la science.

 Technologie: simplifier pour réussir

 C'est aussi une augmentation de la complexité qui a forcé la technologie à évoluer. Après l'invention de la locomotive à vapeur au 19ème, les chemins de fer autour du monde se sont multipliés de façon remarquable. Au début, il n'y avait pas de standardisation de la taille des rails. Mais, rapidement, la nécessité de construire des réseaux ferroviaires à longue distance (en particulier, dans l'Ouest américain) a conduit à l'adoption de ladite 'voie large' comme norme. De même, que l'harmonisation des fuseaux horaires dans l'Est américain est la conséquence directe du développement des voies ferroviaires : un meilleur système horaire standardisé aux Etats-Unis était né.

 La standardisation, premier outil de simplification

La standardisation est souvent le premier outil de simplification et est un génèrateur de croissance. Au cours des dernières années, la popularité de la plate-forme Androïd et la norme imposée par la technologie GSM ont ensemble simplifié le fonctionnement des smartphones, au grand bénéfice des utilisateurs du monde entier. Aujourd'hui, l'informatique connait une certaine standardisation, mais la complexité subsiste. Il y a encore beaucoup de chemin à faire. Chez SAP, nous sommes conscients de la nécessité de simplification.

Comme le souligne Bill McDermott, PDG de SAP, 'running simple' est plus qu'un slogan, c'est un «principe d'organisation qui doit galvaniser les PDG et leurs équipes en éliminant les complications superflues et replaçant la croissance au cœur de leurs priorités.»

Même si, encore aujourd'hui, une grande théorie unificatrice n'a toujours pas été trouvée, la quête d'Einstein doit être présente dans l'esprit de tous nos décideurs car la simplification est la clef du succès.

(Traduit de l'anglais par Vivian Panah-Izadi)

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Commentaires 7
à écrit le 23/01/2015 à 23:07
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rendre les choses incompréhensibles, ajouter du "bruit", compliquer, c'est aussi une voie d'avenir, le réel n'a pas qu'une seule jambe

à écrit le 23/01/2015 à 14:58
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LA theorie unificatrice ET simplificatrice existe et elle est assez fascinante..si vous voulez faire sa connaissance tapez theorie synergetique R L Vallée,dans votre moteur de recherche favorie...bonne lecture

à écrit le 23/01/2015 à 8:23
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Utiliser l'histoire des sciences pour justifier ce qui est une construction purement économique laisse légèrement à désirer. Ce d'autant qu'il me semble que vous commettez plusieurs erreurs factuelles (Maxwell par exemple). D'autre part, le seul pri...

à écrit le 22/01/2015 à 21:59
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Toutes les entreprises qui sont passées à SAP pourront vous dire que SAP est une solution trés simple ..... pour couler rapidement.

à écrit le 22/01/2015 à 15:50
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c'est pas un peu gros de s'afficher dans la lignée de génies du passé (en faisant un gros mix de théories que l'auteur a plus l'air d'énoncer que de maitriser) pour parler finalement de logiciels de burocr...pardon de management.

à écrit le 22/01/2015 à 14:05
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Visiblement les technocrates ont un avis tout a fait contraire dans la construction de l'UE de Bruxelles car cela leur permet d'avoir du pouvoir sur des gens plus simples!

à écrit le 22/01/2015 à 13:59
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Eeet... vous pensez donc que SAP est complexe..?? Pour avoir démonté le module appro-achats, je vous prie de croire que la mise à plat est d'une facilité déconcertante... C'eeest une pub ou une contre-pub pour SAP..?? Traduit du français en langage...

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