Le mistigri de la dette grecque

La seule solution au problème grec est une réduction de la dette, assumée par l'ensemble des gouvernements de la zone euro. par François Leclerc @fdleclerc

L'accord recherché par le nouveau gouvernement grec repose sur une politique construite sur deux pieds : le combat contre la misère, la substitution aux contraintes de la Troïka d'une nouvelle politique budgétaire, et la réduction de l'endettement public pour le rendre soutenable. Dans les deux cas, à la recherche de points d'appui, celui-ci entend porter le débat dans toute l'Europe en mettant en cause la politique d'austérité et la stratégie de désendettement qui en est à la source.

Une génération de Grecs réduits à la misère

Victoire de Syriza ou pas, les faits sont là. Les projections d'excédent budgétaire primaire sur lesquelles repose la politique des dirigeants européens et du FMI - ces derniers plus circonspects - sont de circonstance : des montants inaccessibles devraient être dégagés pour financer le remboursement des dettes grecques. Selon le tableau d'amortissement, 13 milliards d'euros devraient être trouvés en 2019 et 18 milliards en 2039, ce qui sans fard illustre que le problème de l'insolvabilité de la Grèce a été repoussé à plus tard (réduisant à la misère une génération entière de Grecs ou plus). En assouplissant déjà les modalités de remboursement des prêts des plans de sauvetage, il n'a été fait que s'engager sur une voie qui ne peut être que poursuivie. Les dirigeants européens s'y déclarent d'ailleurs prêts à condition de ne pas procéder à un effacement de la dette, mais cette position dite de principe cache autre chose et ne sera pas tenable, comme on vient de le voir.

Réduction de la dette ou défaut

Présenté comme ayant adopté une ligne qualifiée de « dure », le gouvernement Syriza entend simplement être cohérent. Il promeut une autre politique de relance économique, ouvrant le débat sur la meilleure manière d'y parvenir, et entend réduire le poids de son endettement pour atteindre des niveaux de remboursement vraisemblables. Pour leur part, les dirigeants européens ne font pas preuve de réalisme, se refusant à considérer que, dans les faits, leur seul choix réside entre une réduction négociée de la dette ou un défaut intervenant tôt ou tard sur celle-ci, n'ayant d'ailleurs rien à gagner de la réalisation de cette dernière hypothèse.


Proposant la tenue d'une conférence européenne sur la dette, le gouvernement Syriza réclame pour sa part l'effacement d'un tiers de celle-ci, un moratoire sur le paiement des intérêts et des remboursements conditionnés au taux de croissance du pays. Il souhaite aussi une révision à la baisse des objectifs d'excédent budgétaire primaire et que les investissements publics soient exclus des objectifs de déficit (une revendication partagée par Matteo Renzi, le président italien du conseil). En s'efforçant de trouver une solution ne reposant que sur l'aménagement des maturités et des taux, qu'il préconise, l'Institut Bruegel de Bruxelles a certes calculé qu'il pourrait en résulter une économie de 31,7 milliards d'euros. Mais sa démonstration n'a pas conforté ses intentions, car une telle réduction ne rendrait toujours pas soutenable la dette grecque, si l'on en considère l'incidence sur les échéances de remboursement ainsi que sur les excédents budgétaires correspondants qui devraient être dégagés.

Les gouvernements créanciers peuvent, au mieux, réduire leurs pertes

Au fil des mesures financières qui se sont succédé, la structure de l'endettement grec a été considérablement modifiée. Après la mise en place de deux plans de sauvetage successifs incluant des prêts publics massifs et une décote de 50% des titres de la dette détenus par les créanciers privés, les gouvernements européens se sont retrouvés être les principaux bailleurs de fonds de la Grèce. Ils ont d'abord prêté 52,9 milliard d'euros à la faveur d'opérations bilatérales, une fois empruntés sur le marché, puis apporté 141,9 milliards d'euros via le Fonds européen de stabilité financière (FESF), en accordant à ce dernier leur garantie. Le FMI a également contribué à ce financement sans précédent pour 31,8 milliards d'euros. Pour compléter la liste des créanciers, la BCE et les banques centrales nationales ont acheté sur le second marché pour 25 milliards d'euros de ses titres, et les banques européennes ont par contre vu leur exposition à la dette publique grecque fondre, passant de 62,9 milliards d'euros en 2010 à 3,5 milliards d'euros en 2014 (source OFCE).
Ce mécanisme a aboutit à rendre les États européens et l'Eurosystème redevables de la dette grecque auprès des investisseurs privés, les véritables bénéficiaires de « l'aide » apportée à la Grèce que celle-ci doit rembourser, si l'on remet les choses à l'endroit. Comme elle ne le pourra pas, les gouvernements créanciers ne peuvent qu'au mieux réduire leurs pertes en acceptant de négocier une remise de peine, cette situation qu'acceptent en désespoir de cause les banques lorsqu'elles ont abusivement soutenu leur client.

 Un défaut de tous les gouvernements sur une partie de leur dette?

Mais ils ne veulent pas s'y résoudre et cherchent comme toujours la solution par défaut qui consiste à gagner du temps, une routine devenant lassante.
Pourtant, afin de refiler le mistigri au marché; où il provient, la meilleure solution ne serait-elle pas que les gouvernements fassent collectivement défaut sur leur propre dette pour un montant correspondant à la décote négociée de la dette grecque ? Cela leur éviterait de dresser comme un épouvantail peu crédible la menace que les contribuables en fassent les frais, car le pacte fiscal volerait en conséquence en éclats si cela devait arriver.

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Commentaires 32
à écrit le 11/02/2015 à 5:32
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Formidable programme mais même l'annulation totale de la dette ne suffira pas à rendre l'économie grecque compétitive dans la zone euro et cela d'autant plus qu'après cela personne ne leur prêtera un sou pendant longtemps. Il faut aller au bout de ce...

à écrit le 02/02/2015 à 15:34
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On pourrait aussi se mettre en slip pour qu'ils puissent continuer à frauder leur fisc sous le soleil...

à écrit le 02/02/2015 à 15:23
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cela fait trois ans que je dis qu'ils - les grecs ne remboursement RIEN - le probleme c'est qu'en plus on leur a laisse développer leur endettement....la grece n'a jamais remboursé ses emrpunts mais surtout elle n'a rien fait sur ses dépenses et surt...

à écrit le 02/02/2015 à 15:16
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Il oublie juste de dire, que la Grève n'a pas de registre foncier, que le tiers des impôts n'est pas prélevé que l'église orthodoxe n'a jamais payé un sous d'impôts, que les armateurs sont exemptés d'impôts et que le système est corrompu, alors suppr...

le 02/02/2015 à 15:22
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Je ne comprend pas pourquoi il y a des gens qui font armateurs en gréce.... Quel intérêt ???

à écrit le 02/02/2015 à 14:18
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ces milliards d'euros prêtés directement à la Grèce, et que devront sans doute rembourser les contribuables: au fait, qui les a prêtés ? les banques ? le gouvernement ? Et, accessoirement, nos dirigeants, qui peinent à trouver des milliards pour not...

à écrit le 02/02/2015 à 13:29
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la grèce doit rembourser et assainir son économie et les fraudes ------------!!!!!!!!!!!!!!!!!:: elle peut aussi vendre des iles? Les pays plus sérieux n'ont pas à payer ses malversations-!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

le 02/02/2015 à 15:29
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L'Allemagne (pays "plus sérieux") a fait défaut 3 fois au cours du XXème siècle (la dernière c'était dans les années 90...) et n'a pas remboursé sont prêt contracté auprès des grecs dans les année 40 (je ne parle pas ici des accords concernant les dé...

à écrit le 02/02/2015 à 12:58
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La Grèce n'est qu'un révélateur. Ce petit pays (11M) a cru à ce qu'on lui promettait... Des estimations montrent que l'année de leur entrée dans l'U.E. chaque grec a "reçu" 3000EUR... Par ailleurs leur passé ressemble beaucoup aux moeurs ultimes du c...

le 02/02/2015 à 15:24
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Ah, parce que vous avez cru que la dette était pour que les grecs consomme encore?? Non, c'est pour leur système bancaire, celui qui a les emprunts d'Etat grec. Par ailleurs Sarkozy n'a pas donné un centime à nos banques, donc merci de revenir dan...

le 02/02/2015 à 21:53
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Fichtre ! C'est clair...Comme du jus de chique, j'ai rien compris, mais, j'vas m'soigner. DSK

à écrit le 02/02/2015 à 12:10
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"Une génération de Grecs réduits à la misère" Les grecs ne sont pas dans la misère. Certains qui leur ont prêter vivent comme eux. Faut arrêter ce pathos. C'est très facile de braquer une banque, et lorsque le fric à été claqué de couiner qu'o...

à écrit le 02/02/2015 à 12:07
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On n'as pas prêter au grec, on a acheter leur dette sur les marchés. Faisant passé d'un modèle ou les pertes auraient été supporté par ceux qui ont prêter inconsciemment a celui ou les perte sont supporté par le peuple. C'est plus les gvt qui sont en...

le 02/02/2015 à 12:12
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"ce serait les millard des fond de pension et autre qui aurait disparu (de l'argent fictif) et non celui des contribuable européen." Non, ce n'est pas de l'argent fictif. Faut arrêter avec ce délire. Par ailleurs les grec ont déjà eut 70% de rédu...

le 02/02/2015 à 21:58
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Bon ! L'aurtaugrafre n'est pas le fort de gleg... Ni la clarté de pensée, ce qui n'arrange rien. DSK

à écrit le 02/02/2015 à 11:56
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europe fille de zeus vaut bien quelque milliards..!! l'entre de la grece n'etait pas une entrée dans l'union economique européenne mais une entré dans l'ideologie identitaire européenne . "nous et eux" voila ce que les gents ont du mal a comprend...

le 02/02/2015 à 12:29
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quand ont melange magie et utopie avec l'economie et la finance.. cela ne peut que mal finir.

le 02/02/2015 à 12:42
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Pas que. La Grèce a aussi une importance géostratégique (à l'aune de l'Europe du Sud) non négligeable. Bien plus importante que celle de l'Irlande; voire du Luxembourg... lesquels pays minent l'U.E. d'une autre manière.

à écrit le 02/02/2015 à 11:41
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Il n'y a pas que les allemands qui ont beaucoup aidé les grecs. Les français ont versé entre 40 et 60 milliards selon la façon dont on compte. C'est énorme !... et ça explique l'attitude ambiguë du gouvernement français sur la question...

à écrit le 02/02/2015 à 11:31
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Effacer la dette c est facile a dire. Les autres europeens vont payer pour les gentils grecs pendant que leur élite crapuleuse qui a dévalisé le pays depuis 15 ans se frotte les mains et continue à danser le sirtaki sur leurs relevés de c...

le 02/02/2015 à 15:21
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"Une liste avec 2000 noms de Grecs qui ont transferé leur argent en Suisse est connue depuis plus de 3 ans. Rien , absolement rien n´a été entrepris par les gouvernements précédents pour rapatrier ces fonds." S'ils sont parti, ils sont partis. Rie...

à écrit le 02/02/2015 à 11:29
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Si les Grecs et bientôt les Espagnols ne paient pas leurs dettes, les Allemands sortiront de l'Euro et reprendront leurs Deutsch Mark. Les Allemands ne voudront plus travailler et payer pour les feignasses et traîne-savate du Sud

le 02/02/2015 à 12:10
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Que l'Euro disparaisse et les Allemands se retrouveront avec une monnaie surévaluée qui leur causera d'énormes difficultés. Voyez ce qui se passe en Suisse avec la réévaluation du Franc Suisse. Augmentation du prix des produits exportés, perte de com...

le 02/02/2015 à 13:48
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durée annuelle "de travail" chiffres théorique il doit y avoir une anomalie quelque part!! j'en serais pas surpris alors qui travaille le plus pendant les hres de travail certainement le pays montré en exemple-----------!!!!

le 02/02/2015 à 15:18
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"Alors qui travaille le moins, le pays toujours montré en exemple......" Grand succé de la gauche : non seulement on finis dans la misère, mais on travaille à mort ! AH HA HA HA HA !!! Je suis bien content d'être un libéral, moi, tiens... "...

à écrit le 02/02/2015 à 11:13
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non c'est a l'allemagne de payer se dettes les magouilles cela sufit l y a des dettes que certain pays n'ont toujours pas regle tout remettre a plat mais pour tous

à écrit le 02/02/2015 à 11:08
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La situation dont je parle est le principe de libre échange mondialisé à l'origine de l'endettement général prévu par Maurice Allais, libre échange donnant le choix aux consommateurs de préférer des produits importés de pays à très bas salaires et sa...

le 02/02/2015 à 15:19
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"libre échange mondialisé" Ca existe depuis des siècles. Notre ruine viens du socialisme, pas des autres.

à écrit le 02/02/2015 à 11:04
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Tapez Theodore Levantakis sur google et vous aurez une idée de la cause de la sitation grecque à laquelle le nouveau gouvernement devrait s'attaquer, et qui est aussi celle de la France et même de toute l'Europe, dont la dette globale a augmenté de 2...

à écrit le 02/02/2015 à 10:52
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Mais bien sur la prime aux voleurs !Ou sont passés les milliards prétés !Disparus ,envolés ,on s'en serrait douté ........En attendant la Grece doit 40 milliards à la France donc à tous les français .Ca fait 650 € par personne ,1300 € pour un couple ...

le 02/02/2015 à 12:00
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Ou sont passés les milliards prêtés? Entre 2007 et 2010 sur les 200M€ prêtés à la Grèce 80% sont retournés dans la poche des créanciers privés soit en grande partie les banques Allemandes et françaises. Une toute petite partie a servi au peuple grec....

le 02/02/2015 à 12:21
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quand je pense qu'il y a des gens qui croient encore que l'on a prêté de l'argent aux grecs, mais le fait ait que les grecs n'en n'ont pas vu un kopek, au contraire , ils sont obligés de payer un intérêt en plus pour ça. tout ce soit disant argent ...

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