Le refus français de l'austérité sévère a-t-il été payant ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, Le refus de l'austérité sévère a-t-il été payant, en France?
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Pour les uns la rigueur française est excessive. Elle a sapé la demande qui ne pouvait être que le seul point d'accroche d'une reprise.

Pour les autres elle est insuffisante et ne nous permet pas de ramener nos charges collectives à un niveau assurant une compétitivité satisfaisante à l'exportation. C'est le propre de toute politique qui opte pour les demi-mesures.

La France pouvait-elle vraiment faire autrement ?

A ceux qui auraient voulu que la France s'inscrive dans le mouvement de purge du Sud et mette en œuvre une politique de dévaluation interne, fiscale et salariale beaucoup plus radicale. Je leur propose simplement de s'attarder sur le simple graphique qui suit : Nos trajectoires de croissance depuis 2008.

  • D'abord celle de l'Allemagne, soit 28% du PIB de la zone euro. Dont on peut dire que la dynamique résiste aux vents contraires, pour deux raisons essentielles : une meilleure capacité à accrocher les vents porteurs extra-européens grâce à sa compétitivité, et une politique budgétaire quasi-neutre, du fait d'une bonne situation au démarrage de la crise.
  • Ensuite, la plongée en enfer du Sud. Ici, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, le Portugal et Chypre. Un bloc qui représente un tiers du PIB eurolandais, plus que l'Allemagne donc.
  • Regardons ensuite la trajectoire des petites économies du Nord (Finlande, Benelux, pays-Baltes, Autriche), soit 17% du PIB de la zone. Une trajectoire prise entre deux feux et n'ayant pas prise sur la dynamique globale.
  • Et regardons enfin la trajectoire de la France, 20% du PIB de la zone. Il est clair que le dosage de rigueur français a permis que le noyau dur franco-allemand (50% de la zone) se maintienne au-dessus de la ligne de flottaison, évitant une dégringolade de toute la zone.

Imaginons un seul instant que la France ait emprunté une autre trajectoire est c'est tout l'édifice de la croissance européenne qui se serait effondré comme un château de carte. La déflation ne serait pas alors une menace rampante, mais bien une réalité dont on ne parviendrait pas à s'extraire.

La stratégie française a sauvé la zone

A ceux qui pensent maintenant que la France aurait dû jouer la relance dans un seul pays. Et qu'elle a sacrifié de façon irréversible son investissement.

  • 1/ La France est un des pays d'Europe qui a le mieux préservé son investissement productif. J'ai représenté ici l'évolution de l'investissement en volume hors logement résidentiel. Contrairement à l'idée reçue, l'économie française a moins que d'autres hypothéqué sa croissance potentielle.
  • 2/ La Fonction stabilisatrice de la France au sein de la zone a eu un coût que l'on perçoit bien dans sa balance commerciale intra-zone. Le décalage a induit une dégradation de 30 milliards de sa balance intra-zone, alors que la France partait déjà d'une situation déficitaire, contrairement à l'Allemagne. Et sans la même capacité de se refaire hors zone contrairement à son voisin Rhénan. Ce décalage a permis la restauration commerciale du Sud. On voit néanmoins qu'il lui était difficile d'être la locomotive de la zone et que cette fonction était naturellement dévolue à l'Allemagne, compte tenu de ses acquis de départ.

Voilà pourquoi, même si cela ne m'enchante pas, je suis bien obligé de me faire le chantre de la demi-mesure et à reprendre à mon compte la rengaine du no alternative.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 22
à écrit le 28/02/2015 à 23:15
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Cette analyse ne tient pas compte d'un autre paramètre : la qualité de la dépense publique. Nous sommes le pays dont la dépense publique est la plus élevée en % du Pib. Pourtant nos services publics sont loins d'être les plus efficaces. Notre pays es...

le 01/03/2015 à 9:25
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Et vous ? Êtes vous plus efficaces ? N'hésitez surtout pas à vous présenter aux prochaines élections pour mettre en oeuvre votre politique.

à écrit le 28/02/2015 à 12:40
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SI IL N Y A PAS DE REPRISSE ECONOMIQUE DANS LES 2ANS QUI VIENNENT? LE PROCHAIN CANDIDAT PRESIDENTIEL DE DROITE COMME DE GAUCHE SERAS OBLIGE DE FAIRE DE L AUSTERITEZ ???

à écrit le 28/02/2015 à 9:56
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le problème de l'absence complète d'austérité française (des budget en hausse supérieures à l'inflation et avec 20 à 30% de dépassement systématique) vient surtout de l'utilisation de ces budget pour accroitre un peu plus la lourdeur administrative a...

à écrit le 27/02/2015 à 17:03
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Bof c'est l'avenir qui est intéressant, alors que les autres pays repartent peu à peu que va-t-il se passer en France?On traîne les boulets que les autres n'ont plus.

à écrit le 27/02/2015 à 16:48
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l'austérité excessive nous aurait mis en déflation !!!! avec tous ses risques et des rentrées fiscales encore plus basses pour Bercy ! donc ce ne sera jamais la bonne solution !!!! une des solutions serait que les multi nationales paient vraiment ...

à écrit le 27/02/2015 à 14:50
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il n'y a AUCUNE austerite en france, merci d'eviter les propagandes deplacees!!! la depense publique a augmente en 2013 de 1.9%, bonjour l'austerite!!!!!!! mon voisin est en austerite severe ' a la francaise', il voulait une lamborghini aventador, m...

le 28/02/2015 à 8:52
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Vous avez raison: il n'y a pas d'austérité en France: les robinets sont ouverts. La clé est de voter un budget à l'équilibre et de s'y tenir, ce qui n'a pas été réalisé depuis 40 ans. Cet article est de la propagande. Cordialement

le 28/02/2015 à 23:20
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Ce qui est le plus inquiétant me semble t il, c'est qu'avec un tel niveau de dépense publique, nous devrions avoir le meilleur service public. Ça n'est objectivement pas le cas. Si les Français veulent vivre dans une économie socialiste, c'est leu...

à écrit le 27/02/2015 à 14:32
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Oui on a su préserver notre chômage à cinq millions selon le calcul fait actuellement et g

à écrit le 27/02/2015 à 13:41
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Vous confondez réformes de fond et soutien économique Depuis 40 ans on nous raconte ces histoires keynésiennes La verite est que nos politiciens sont faible et sans courage et ne veulent pas toucher au monstre bureaucratique qui ne sert que les el...

le 27/02/2015 à 17:00
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En France on crée des emplois publics, on paie des pensions fastueuses à des politicards qui ne TRAVAILLENT pas, on a un mille-feuilles administratif pléthorique. Chaque fois qu'il y a un problème, on fait une nouvelle loi qui corrige elle-même une l...

le 28/02/2015 à 16:21
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Nos politiciens ne sont pas faibles. Simplement ils essayent de ne pas trop s'éloigner des idées des français qui ont voté. Les deux dernières fois qu'un candidat a essayé de parler de la dette et de la production en France, il n'a pas franchi la bar...

à écrit le 27/02/2015 à 12:54
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Le raisonnement est complètement erroné, le 6 ministres des finances de la République n'a aucun contrôle des finances, les impôts sont parmi les plus élevés du monde. Aucun des critères de Maastricht n'est rempli, la dette de l'état arrive bientôt à ...

le 28/02/2015 à 16:13
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Les dépenses de l'état augmentent peu. Notre particularité c'est la sécurité sociale mais en même temps comme on le voit elle sert de stabilisateur (l'argent est en grande partie recyclé en demande intérieure). Le déficit récurrent depuis 40 ans devi...

le 28/02/2015 à 23:24
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La sécurité sociale une spécificité française ? Vous voulez rire ? Elle existe dans beaucoup d'autres pays et c'est loin d'être une idée française.

à écrit le 27/02/2015 à 11:43
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Une politique économique qui nous a évité la misère comme au Sud, des déficits commerciaux et budgétaires qui pourtant se résorbent graduellement, des interventions armées réussies qui ont changé l'image de la France dans le monde alors que toute l'E...

le 01/03/2015 à 8:27
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Vous avez du mal voir les graphiques... Le déficit commercial s'aggrave et le déficit budgetaire est stable à un niveau particulièrement négatif -4,3 %. Changez vos lunettes !

à écrit le 27/02/2015 à 11:31
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Analyse intelligente et tellement évidente pour qui considère le sujet sans préjugé !!! Malheureusement l'information grand public est tellement biaise par le politique et la commercialisation des fantasmes qui va avec, que l'on ne peut jamais avoir ...

le 27/02/2015 à 12:06
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Enfin, un commentaire constructif, un grand merci

le 27/02/2015 à 16:04
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les 2 commentaires sont à prendre au deuxième degré bien sur !

le 28/02/2015 à 23:31
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Traiter le sujet de la dépense publique sans même parler de la qualité de cette dépense me semble complètement ahurissant. Si les services publics français étaient efficaces et irréprochables peut être même que les Français accepteraient de payer pl...

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