Alexis Tsipras le prestidigitateur ou la mise en faillite d'un pays

La sortie de la Grèce va être scrutée de près par les souverainistes de tout bord en ce qu'elle constitue un test de faisabilité d'une sortie de l'euro. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l'ESSEC

Alexis Tsipras est arrivé au pouvoir en Janvier 2015, en promettant aux Grec la fin de l'austérité tout en maintenant la Grèce dans la Zone euro. Il a gagné le referendum de dimanche en réussissant à faire passer le même message. Il apparaît cependant objectivement évident, indépendamment du bien fondé de chacune de ces deux propositions, qu'il n'est pas possible de tenir les deux promesses à la fois.

Tsipras refuse les réformes

A tort ou à raison, l'aide européenne est conditionnée à l'obligation pour la Grèce à dégager un surplus du budget public primaire, signifiant qu'au fil des années l'aide sera remboursée, ne serait-ce que partiellement. Or pour la Grèce, réaliser un surplus primaire nécessite ad minima l'alignement de la TVA sur celle des autres pays européens, une réforme radicale de la fonction publique et un alignement de la durée du travail avant la retraite sur ce qui se pratique en moyenne en Europe. A ce jour, encore une fois à tort ou à raison, Tsipras refuse ces trois réformes donc rend impossible le maintien des plans d'aide européens.

Une Banque Centrale grecque indépendante pourrait financer le déficit public

Sans l'aide européenne, les investisseurs privés boudant la dette grecque, le seul moyen pour la Grèce de financer son déficit public c'est de le monétiser, c'est-à-dire de faire acheter la dette nouvelle par la Banque Centrale. Indépendamment du bien fondé de ce financement, on retombe alors sur une situation d'impossibilité. En effet, il n'est pas possible à la BCE de procéder de la sorte étant donnés sa constitution et ses missions. En revanche, une Banque Centrale grecque indépendante pourrait financer le déficit public en imprimant une monnaie nationale. Techniquement, le maintien de la fonction publique grecque et du système actuel de retraites revient à financer le déficit public qu'il génère par l'émission d'une monnaie nationale.

Un transfert de ressources du reste de la zone euro vers la Grèce?

Enfin, le maintien des dépenses publiques grecques à leur niveau actuel, tel que le veut la forte majorité du peuple grec, signifierait un transfert de ressources du reste de la zone euro vers la Grèce. Il est peu probable que la majorité des citoyens des pays de la zone euro souhaite un tel transfert.
S'il est exact de penser qu'en termes économiques, la gestion de l'affaire grecque semble manquer de professionnalisme, il ne faut pas oublier qu'il s'agit avant tout d'un dossier politique qui a des coûts économiques et non l'inverse. La position souverainiste selon laquelle une sortie précoce de l'euro, suivie d'une dévaluation, aurait permis aux grecs d'éviter une austérité longue et douloureuse n'est pas inexacte. En effet, c'est bien le choix politique du maintien de la Grèce dans l'euro qui a imposé de mener un programme d'austérité dans lequel la dévaluation de la monnaie est remplacée par une dévaluation « interne » prenant la forme d'une baisse des salaires.

L'essentiel de l'ajustement supporté par les travailleurs

La baisse des salaires et la forte montée (temporaire) du chômage fait que l'essentiel de l'ajustement est supporté par les travailleurs et non par les grecs les plus aisés détenteurs d'actifs.
Le referendum grec a le mérite de rappeler que, même si on considère que Tsipras trompe son peuple et le conduit vers la catastrophe, la majorité de son peuple le soutient et a résolument pris la route du défaut sur la dette publique, devenant le premier pays riche à se trouver dans ce cas de figure. Les dirigeants des pays de la Zone euro sont au pied du mur et n'ont d'autres choix que de prendre acte du rejet de l'austérité par les Grecs et de préparer une sortie de la Grèce de la Zone euro alors même que les Grecs veulent et croient qu'ils vont pouvoir rester dans l'euro. Le referendum ayant déjà eu lieu, il semble trop tard pour faire aux Grecs de la pédagogie sur l'aspect irréalisable de leur choix et de leur donner encore un bref moment de réflexion.

Un test de faisabilité d'une sortie de l'euro

La sortie de la Grèce va être scrutée de près par les souverainistes de tout bord en ce qu'elle constitue un test de faisabilité d'une sortie de l'euro et d'un retour aux bonnes vieilles politiques keynésiennes de soutien de la demande. Elle va également être suivie par les pro-européens qui, certains de la catastrophe vers laquelle vogue la Grèce, s'apprêtent tristement à faire le compte des dégâts et à préparer l'aide humanitaire pour ce pays qui s'est démocratiquement auto-déclassé.

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Commentaires 35
à écrit le 09/07/2015 à 12:21
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L'auto-déclassement évoqué en fin d'article ne date pas du référendum de dimanche mais bien du maquillage des comptes des dirigeants avant l'entrée de la Grèce dans l'UE et la zone euro.

à écrit le 08/07/2015 à 9:17
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Restons sereins. Les perdants seront les créanciers, pas les grecques. Les riches grecques perdront un peu, mais ils doivent s'être constitués des avoirs à l'étranger. Les pauvres grecques ne seront pas plus pauvre. L'administration grecque y perdra,...

à écrit le 08/07/2015 à 8:35
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Seuls les faits font réfléchir ; la politique, c'est l'art du flou. La démocratie grecque était basée sur l'esclavage , les citoyens, eux, palabraient au parthenon. Nous ne voulons plus être les esclaves des mensonges grecs. D'ailleurs depuis que...

à écrit le 08/07/2015 à 8:13
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Je dirai plutot fin tacticien et il n'a pas fini de leur poser des problèmes. Attendons la suite.

à écrit le 08/07/2015 à 7:14
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Laisser entendre que la dévaluation interne équivaut à une dévaluation monétaire est une arnaque! Dans le cas de la dévaluation interne, les baisse de revenu ne concerne que les pauvres car la demande en cadre est toujours forte et la hausse de sa...

à écrit le 08/07/2015 à 5:59
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Tres bon article qui me semble tres realiste A mon avis depuis son election tsipras a décider de quitter l'Europe Il a menti lors de son référendum les autres pays (quand même 18 démocratie ) ne veulent pas payer les promesses démagogique de ce g...

à écrit le 08/07/2015 à 0:51
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Comme d'habitude les banques ont prêté alors qu'elles savaient que cette dette ne pouvait pas être remboursée. Comme d'habitude la dette privée se transforme en dette public et c'est comme d'habitude le contribuable qui paye. Les magouilles de Gol...

à écrit le 07/07/2015 à 23:56
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Avec tous ces lecteurs qui commente les articles de la Tribune qui est censé être un journal économique et pas politique , je constate que 1 + 1 = 0 si on est de droite et 3 si on est de gauche.Dans ces conditions les supermarchés vont rester vides ...

à écrit le 07/07/2015 à 23:40
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Il faut redescendre sur terre et quitter l'idéologie : équilibrer un budget n'est ni de droite ni de gauche. La droite n'a pas le monopole de la rigueur budgétaire ni des connaissances en algèbre (voir notre dernier président) et la gauche peut prati...

à écrit le 07/07/2015 à 22:57
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C'est quand même fou le nombre de gens qui croient encore que c'est la dérégulation, le soit-disant marché, les 60 heures par semaines et j'en passe des pires qui sont la bonne voie pour faire progresser le vaste monde. Des décennies de recul environ...

le 07/07/2015 à 23:27
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Merci, je commençais à désespérer :)

à écrit le 07/07/2015 à 22:00
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La Grèce a un excédent primaire et une balance commerciale équilibrée. Si l'on applique à sa dette le taux zéro qui prévaut dans le reste du monde, la Grèce pourra poursuivre son redressement et un jour incertain rembourser sa dette. Sans aucun recou...

le 07/07/2015 à 23:32
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Son excédent primaire est de la bidouille :elle est en déficit chronique .Sa balance commerciale n'est pas équilibrée car elle n'exporte rien et les importations sont payés par les liquidités de la BCE c'est a dire nos impôts.Si elle était en excéden...

à écrit le 07/07/2015 à 19:50
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Grèce : vers un immense scandale 2209 vues 07 juillet 2015 5 commentaires Mensonges & Manipulation Réseau International Grèce : vers un immense scandale Athènes, dimanche 5 juillet 2015, à 22h30 – On s’oriente vers un immense scandale en Grèce,...

à écrit le 07/07/2015 à 19:43
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L'indépendance économique oui mais quand on a la décence de ne pas faire les poches de ses voisins. Je me fais plumer en France pour que les improductifs puissent avoir le même niveau de vie que moi et maintenant il faut que je passe a la casserole p...

le 07/07/2015 à 20:02
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Les improductifs ??? c'est à dire les banquiers, les financiers speculateurs, les patrons "createurs de richesse" du Cac 40, les "petits proprietaires immobiliers" marchands de sommeil, les professionnels de sante qui facturent des actes fictifs....l...

à écrit le 07/07/2015 à 19:40
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Tsipras qui gouverne la grèce depuis quelques mois serait donc responsable de la faillte de la grèce... Voila qui en dit long sur la crédibilité des 2 auteurs de cet article à charge.

le 07/07/2015 à 20:50
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@Kiceca, il faudrait peut être s'informer avant de parler, le gouvernement d'avant tisseras avait réussi à un peu remonter la pente, à tel point que le PIB grec allait dépasser celui de la France, le chômage diminuer quand nous sommes incapable de le...

le 07/07/2015 à 21:07
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Désolé mais oui, Tsipras est responsanble du fait que la Grèce se retrouve une nouvelle fois dos au mur. Le gouvernement Samaras avait réussi à rétablir un excédent primaire et le pays avait retrouvé un souffle de croissance. Depuis son arrivée Tsipr...

le 08/07/2015 à 6:41
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Les grecs n'auraient jamais pu et ne pourront jamais remboursé cette dette. Vous pensez que les personnes concernées par la rigueur auraient tenu pendant des décénies? Attendez, quand vous serez concerné par une vraie rigueur votre réaction sera diff...

à écrit le 07/07/2015 à 19:37
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Ces deux comiques là devraient venir à C dans l'Air, ils feraient bien dans le paysage avec Dessertine, autre économiste convenu.. Ils ne feraient guère le poids dans un débat avec Lordon..!

le 07/07/2015 à 23:45
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Economistes de gauche c'est un pléonasme. De nos jours ils ne savent plus que dépenser et pas économiser, on devrait les appeler des Dépensiers.

à écrit le 07/07/2015 à 19:36
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Bonne analyse, mais Tsipras leur a promis le beurre, l'argent du beurre et la crémière :- ) Comme dans n'importe quel pays, si on demande aux gens s'ils veulent payer des impôts, vous êtes certains de la réponse majoritaire (NON). C'est un peu la vag...

à écrit le 07/07/2015 à 19:32
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L’Union européenne est le terrain de suprématie des lobbies des firmes transnationales. Tout y est fait pour leur plaire. D’ailleurs, le président de la Commission actuelle est le chantre de l’optimisation fiscale de ces firmes transnationales. Le ch...

à écrit le 07/07/2015 à 19:11
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Sans apprécier Tsipras, il y a bien longtemps que les autres partis ont ruiné leur pays ainsi que les grecs eux même.

à écrit le 07/07/2015 à 19:08
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Cet article doit chagriner M. Romaric GODIN, toujours si prompt à prendre la défense du pouvoir politique grec actuel...

à écrit le 07/07/2015 à 18:11
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Balivernes et Mensonges: Deux exemples sur votre incurie Durée du travail dans l'OCDE La durée annuelle du travail dans les pays de l'OCDE est de 1378 heures aux Pays-Bas. La France était sixième avec 1554 heures, en particulier derrière la Belgiq...

le 07/07/2015 à 18:49
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Le type qui attend le touriste à l'ombre à coté de son âne au soleil pour vendre une balade, çà compte en heures travaillées ?

le 07/07/2015 à 20:25
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@ Democratix, ça compte autant qu'une hotesse d'accueil qui attend le visiteur dans le hall d'entrée climatisé d'une entreprise. Ce qui compte pour le type et son âne, c'est combien de balades vont-il vendrent dans la journée.

le 07/07/2015 à 21:17
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@pepito: je pense que tu es resté sur de vieux clichés, Je peux t'affirmer qu'au Canada, tu voudrais pas être hôtesse d'accueil parce qu'elles ne font pas que des ronds de jambe dans le hall d'entrée. Elles sont plutôt polyvalentes, bilingues, etc., ...

à écrit le 07/07/2015 à 18:08
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L'ancien communisme (pauvreté, camp de concentration, barbelé, rationnement et arrestation) était passé de mode mais avec Tsipras, c'est la faillite 4G+. Les grecs ont temps d'avance sur les français mais avec notre personnel politique jamais assez ...

le 07/07/2015 à 19:30
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Et vive le néo libéralisme . Non à la démocratie reelle incompatible avec la liberté économique !

à écrit le 07/07/2015 à 18:00
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Ca se passe bien à la Cafet' avec Romaric Gaudin ?

à écrit le 07/07/2015 à 17:29
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Baratin de profs d'une école de commerce mondialiste déphasés du monde réel.

le 07/07/2015 à 19:19
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Je n'aurais pas trouvé mieux. C'est un tissu de mensonges qui me donne envie de vomir.

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