Allemagne : le tournant du modèle de croissance

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le tournant du modèle de croissance allemande.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

La baisse des commandes à l'industrie allemande est une raison de plus pour rester prudent sur la performance à attendre de la première économie européenne. Cela fait maintenant deux mois que l'orientation prise n'est pas la bonne et si le compteur devait rester bloquer à ce niveau là, le 1er trimestre se solderait par un recul de 1,8% du volume des commandes.

Le secteur manufacturier connait donc un début d'année poussif. L'analyse du détail des données fait aussi ressortir un élément fort : ce sont les commandes passées par l'étranger, notamment en provenance de la zone euro, qui se tarissent le plus. Un accroc dont les effets sont déjà perceptibles sur la trajectoire prise par les exportations : la progression est devenue plus heurtée, moins dynamique pour descendre à 3% en début d'année. Et cette tendance devrait se renforcer aux cours des prochains mois si l'on en croit les commandes. Le moteur extérieur perd donc de sa puissance.

La demande domestique que va d'abord reposer l'activité industrielle

C'est suffisant pour assurer un fond d'activité mais insuffisant pour impulser une nouvelle dynamique, comme le montre l'évolution  de la production manufacturière qui patine depuis le début de l'année. A fin février l'acquis de croissance est limité à 0,3% seulement.

C'est donc une trajectoire de croissance assez plate qui attend l'industrie allemande. Cela réduit les chances que l'économie allemande fasse aussi bien au 1er trimestre de cette année qu'en T4 2014 : en rythme annualisé, la hausse du PIB passerait ainsi de 2,8 à 2%. Une déception relative car il y a aussi de bonnes nouvelles en provenance de l'Allemagne.

L'Ifo qui donne la température prise auprès des chefs d'entreprise de tous les secteurs (hors finance) est en hausse. Il dépasse 100, la valeur de référence signe qu'une majorité d'entreprises se montre plutôt optimiste. A près de 108 en mars dernier il est au plus haut depuis juillet 2014. Mais une fois n'est pas coutume, c'est plutôt du côté du consommateur qu'il faut s'attarder. Un consommateur qui a pris les commandes de la croissance. Cela passe par le boum du volume des ventes dans le commerce de détail à un niveau inconnu depuis la fin 2006.

La consommation est au rendez-vous

Elle est à la fois soutenue par les créations d'emplois, les hausses de revenus et la baisse des prix.

Et l'horizon est suffisamment dégagé pour que de plus en plus d'Allemands désirent s'engager dans la pierre, d'autant que les taux d'intérêt sont à un plancher.

A la question : au cours des douze prochains mois, pensez-vous acheter un logement ou en faire construire pour y vivre personnellement ou le louer, le solde d'opinion est à un plus haut depuis 2003, il est vrai en partant d'un niveau structurellement très faible. C'est un signe qui ne trompe pas non plus, les prix dans l'immobilier s'élèvent.

Et ils s'élèvent de plus en plus vite : ils ont gagné 25% depuis le dernier point bas de 2009 soit de quasiment 4% en moyenne par an ! Et on se retrouve avec cette situation à front renverser pour l'Allemagne: la consommation et la construction deviennent les deux principaux piliers de la croissance alors que le commerce extérieur se dirige, lui, droit vers une contribution négative. C'est bien pourquoi, il va être difficile à l'Allemagne de faire beaucoup mieux cette année qu'en 2014. A 1,7%, notre prévision de croissance reste coincée  en dessous de la barre symbolique de 2%.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 8
à écrit le 30/04/2015 à 11:52
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Au contraire, la mechanisation, robotisation, l internet va encore detruire des millions d jobs dans les années à venir. Il y aura de moins en moins de production en Allemagne et autres pays de la zone Euro. L allemagne du fait de sa populatio...

à écrit le 24/04/2015 à 22:51
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La forte baisse de l'€ créée par le quantitative easing de la BCE devrait normalement provoquer une forte demande venue de l'extérieur de la zone € (avec 1€ à 1,50$ l'Allemagne arrive encore à être compétitive, avec 1€ à 1$ elle devient imbattable.....

à écrit le 24/04/2015 à 13:31
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Il n'y a pas que le travail et le capital, il y a aussi l'énergie; l'énergie remplace le travail; il faut comparer le cout du travail avec le prix de l'énergie; un écart important est défavorable; il faut tendre vers un optimum en réduisant l'un par ...

à écrit le 24/04/2015 à 10:52
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Les commentateurs font semblant d'être surpris que la croissance stagne. Pourtant l'Europe ajuste les paramètres économiques pour que ce soit le cas, en injectant juste assez d'argent pour que nous ne coulions pas. Il suffirait d'injecter un peut plu...

le 24/04/2015 à 17:36
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Vous prônez la dette et les dépenses inutilent de la fonction public Mais n'oublions pas que les dettes doivent toujours être payée d'une façon ou d'une autre

le 24/04/2015 à 22:54
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Vous oubliez le quantitative easing lancé par Draghi... qui pour le moment malgré son caractère massif n'a guère d'effets spectaculaires.

le 24/04/2015 à 22:55
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Et sans croissance, avec quel argent tu rembourse la dette ?

le 25/04/2015 à 12:51
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Plus aucun pays n'envisage de rembourser sa dette. Tout au plus cherchent-ils à la stabiliser. Cela présente des risques importants, car en cas de remontée des taux d'intérêt le coût du service de la dette va s'envoler, mais c'est ainsi.

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